
« On va m’insulter, mais je maîtrise parfaitement la situation. » Petit sourire en coin, Emiliano Martinez, dit « Dibu », ne se fait aucune illusion sur l’accueil que lui réservera le Parc des Princes mercredi pour le quart de finale aller de la Ligue des champions (21 heures sur Canal+). À 32 ans, le gardien d’Aston Villa, actuel 6e de Premier League, est sans doute le personnage le plus clivant de la planète foot (après Cristiano Ronaldo, OK).
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C’est assez simple : si vous êtes supporteur de l’Argentine ou du club de Birmingham, vous avez de grandes chances de l’adorer ; pour le reste du monde, c’est bien plus compliqué, surtout avec un passeport français. On a encore tous en tête (désolé) la finale de la Coupe du monde 2022, la parade décisive face à Kolo Muani dans le temps additionnel, le tir au but de Coman repoussé, celui de Tchouaméni raté, la petite danse des épaules puis la célébration outrancière qui a suivi quand le n° 23 a transformé le trophée planétaire en phallus de démonstration devant des milliards de téléspectateurs et des officiels qataris momifiés.
« Une chose stupide, la seule dont je ne suis pas fier », avouera-t-il… avant de récidiver deux ans plus tard après la conquête de la Copa America. « Je ne dépasse jamais les limites », promet le natif de Mar del Plata, le gant sur le cœur.
Espiègle et brut de décoffrage selon ses amis, on se souvient aussi l’avoir vu dorloter une poupée à l’effigie de Kylian Mbappé (qui l’avait pourtant trompé quatre fois lors de la finale au Qatar !) lors des célébrations de la Coupe du monde à Buenos Aires. À quelques mois près, les retrouvailles auraient pu être savoureuses, mais l’attaquant français est parti au Real Madrid et « Dibu » va se coltiner les Dembélé, Doué, Barcola et autre Kvaratskhelia. Pas sûr qu’il gagne au change, pas sûr non plus que quoi que ce soit l’atteigne.
Depuis son arrivée chez les « Villans » en plein Covid, l’ancien portier multiprêté d’Arsenal – dans six clubs différents ! – à la carrière languissante est devenu un cador, couronné à deux reprises du prix Yachine, qui récompense le meilleur gardien de la saison (2023, 2024). Face à Lille l’an passé, il avait sorti sa spéciale – provocations, chambrages, arrêts de classe, parfois les trois en même temps – pour qualifier les siens en demi-finale de la Ligue Europa Conférence.
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« Jamais on ne m’avait autant insulté de toute ma vie, je les ai fait taire », lâchera-t-il. « Son attitude n’est pas celle d’un sportif de très haut niveau, où il faut rester calme et élégant », rétorquera le président lillois Olivier Létang. « Dibu » (référence à un personnage de télénovela argentine, ceci explique peut-être cela) assure pourtant « beaucoup aimer la France et les Français », et son coéquipier tricolore Lucas Digne voit en lui « un bon gars quand on le connaît ». On a hâte de faire sa connaissance.
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