
Rugby, tennis, aviron, théâtre… Les futurs pensionnaires de l’Académie Saint-Louis de Chalès, en Sologne, n’auront rien à envier à leurs camarades des prestigieux internats britanniques. Ce collège privé hors contrat pour garçons, qui ouvrira ses portes en septembre prochain, a pris place dans un imposant château de brique niché au cœur d’un domaine de 175 hectares avec étang, terrains de sport et amphithéâtre. Des équipements au service d’une éducation intégrale, mêlant exigence académique, pratique artistique et sportive, et formation humaine et spirituelle, dans l’esprit des boarding schools anglo-saxonnes. « Le rythme des journées alterne cours le matin et activités sportives ou artistiques l’après-midi, à raison de huit à douze heures hebdomadaires. Le sport et l’art, comme le théâtre, permettent aux élèves de se révéler autrement, de prendre confiance en eux, ce qui influence positivement les autres aspects de leur vie scolaire », explique Jean-Cyrille Péroteau, directeur de l’établissement.
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Une démarche spirituelle assumée
Cette ambition éducative passe aussi par le mode de vie à l’internat, pensé comme un lieu de croissance à part entière. Ici, la vie quotidienne s’articulera autour des « capitaineries », inspirées des houses britanniques. Le principe : répartis en maisonnées, les élèves apprennent à vivre ensemble, à s’entraider, à prendre des responsabilités. Leur formation s’inscrit également dans une démarche spirituelle assumée. « Le projet éducatif de l’école s’inspire des enseignements de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église, et vise à inculquer le respect d’autrui et l’entraide. L’établissement intègre une heure de catéchisme hebdomadaire dans l’emploi du temps des élèves et propose une messe hebdomadaire », poursuit Jean-Cyrille Péroteau, avant de préciser que « l’internat est bien sûr accessible à tous, dès lors que la dimension catholique qui est clairement affichée est acceptée ». Les frais de scolarité s’échelonnent de 4 500 à 14 500 euros par an, en fonction du quotient familial.
Ce projet n’a pas tardé à faire réagir la gauche locale. Le 3 mars dernier, un collectif composé des antennes départementales de La France insoumise, du Parti socialiste, d’Europe Écologie – Les Verts, du Planning familial, de la CGT et de la Ligue des droits de l’homme a publié un communiqué intitulé : « L’extrême droite veut ouvrir une école en Sologne. » Ils reprochent notamment à l’établissement d’être « réservé aux seuls garçons » et dénoncent un projet « fondé sur des valeurs traditionalistes, et donc intégristes ». Mais ce qui cristallise le plus de critiques, c’est la participation financière de Pierre-Édouard Stérin à ce projet, accusé par les signataires d’œuvrer à « la prise du pouvoir, en France, par l’extrême droite et ses alliés ». Le communiqué appelle ni plus ni moins le préfet et les autorités de l’Éducation nationale à empêcher l’ouverture de l’établissement au nom de la « protection de la jeunesse ».
L’établissement semble répondre à une demande bien réelle
Face à ces accusations, la direction tient à préciser que l’Académie Saint-Louis jouit d’une totale autonomie pédagogique. « Monsieur Stérin a généreusement participé au financement de ce projet et nous lui en sommes très reconnaissants, mais il n’en est ni l’initiateur ni le gestionnaire quotidien, ce rôle étant dévolu à la communauté éducative. Nous cherchons d’autres sources de financement et si d’autres personnes veulent nous aider, elles sont les bienvenues ! » défend Jean-Cyrille Péroteau.
Un cadre non mixte
Chef d’établissement et consultant en organisation scolaire à l’échelle européenne pendant une vingtaine d’années, il assume le choix de la non-mixité. « Des études en sociologie et en pédopsychiatrie montrent que la non-mixité favorise la concentration et crée un environnement plus serein pour les élèves. Mon expérience m’a permis d’observer que cette séparation permet une plus grande liberté dans les choix d’orientation de l’adolescent. Dans un cadre non mixte, les garçons ont tendance à s’orienter plus vers les arts et les lettres, tandis que les structures mixtes entretiennent des visions assez stéréotypées. Paradoxalement, la non-mixité contribue à déconstruire certains stéréotypes ! »
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Pendant que certains s’indignent, l’établissement, lui, semble répondre à une attente bien réelle, enregistrant chaque semaine de nouvelles demandes d’inscription. Lors de la dernière journée portes ouvertes, le 15 février, les visiteurs étaient nombreux à venir découvrir les lieux. Parmi eux, une mère de famille venue inscrire son fils de 10 ans en classe de 6e témoigne : « Nous ne sommes pas convaincus par les établissements autour de chez nous, et le projet éducatif de l’académie nous a séduits. Ce qui nous a plu, c’est le cadre clair et structurant : pas de téléphone portable, pas de tablette, une discipline bienveillante. Et le fait que les élèves puissent développer leurs talents, notamment à travers le sport et le théâtre, est un excellent moyen de s’épanouir – bien loin des journées passées enfermés entre quatre murs, comme dans bien des écoles classiques. Notre fils, d’abord réticent, a changé d’avis dès la visite. Il a eu un vrai coup de cœur. » Une autre journée portes ouvertes est prévue le 12 avril. L’académie poursuit en parallèle ses ambitions de développement : d’ici 2030, ses fondateurs espèrent ouvrir six établissements pour garçons et pour filles dans toute la France. À terme, ils visent l’implantation d’une académie par région.
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