Émotion de retrouver Marianne Jean-Baptiste devant la caméra du britannique Mike Leigh, âgé de 82 ans, longtemps après Secrets et mensonges (1996), récompensé par la Palme d’or à Cannes. L’actrice est transfigurée en quinquagénaire asociale, qui fait subir sa mauvaise humeur à son entourage. De quoi la pousser dans ses retranchements, la faire passer en une seconde du rire aux larmes, la laisser apparaître le visage grimaçant de douleur. Une sacrée performance qui lui a valu de remporter plusieurs prix d’interprétation au Royaume-Uni et aux États-Unis cette saison. Stéphanie Belpêche
De Mike Leigh, avec Marianne Jean-Baptiste, Michele Austin. 1 h 37.
Ozi, la voix de la forêt
Destiné aux enfants à partir de 6 ans, ce film d’animation sensibilise aux dangers qui planent sur la forêt tropicale dont le territoire est convoité. Tout en incitant à la préservation des espèces animales sauvages, pour certaines en voie de disparition, et de leur habitat naturel. À travers le récit initiatique d’une jeune femelle orang-outan bien décidée à retrouver ses parents dont elle a été séparée quand un terrible incendie s’est déclaré dans la jungle. Aussi édifiant que divertissant. Stéphanie Belpêche
De Tim Harper. 1 h 27.
À écouter
Haendel jaillissant et flamboyant
Le Collegium 1704 est constamment juste dans ses interprétations et ses programmes. Est-ce parce qu’il est « historiquement informé », comme on dit de ceux qui interprètent les morceaux baroques sur des instruments d’époque et en voulant coller aux intentions des compositeurs ? Le résultat est précis et les émotions, trois siècles après, sont intactes, comme dans cet album, qui regroupe les Musiques pour les feux d’artifice royaux et la Musique sur l’eau de Haendel. S’enflammant ou bien s’épanchant, l’ensemble de Vaclav Luks lie ou délie avec délectation. Georges Grange
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Water & Fire, Vaclav Luks, Collegium 1704, Note 1 Music.
À voir
Suzanne Valadon
Ruez-vous sur la rétrospective consacrée par le Centre Pompidou à Suzanne Valadon (1865-1938), d’abord modèle (pour Puvis de Chavannes, Auguste Renoir, Toulouse-Lautrec), puis artiste peintre qui a rencontré le succès grâce à l’audace avec laquelle elle immortalisait sur la toile femmes et hommes dans le plus simple appareil ! Ses odalisques traduisent l’influence d’Henri Matisse sur ses compositions colorées, où le tissu est omniprésent (Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923). Un ensemble d’environ 200 œuvres, peintures, dessins et documents d’archives, pour cerner le processus de création. Stéphanie Belpêche
Jusqu’au 26 mai. centrepompidou.fr
Pour sortir
Le Repas des fauves
Deux soldats allemands sont tués sous les fenêtres d’un appartement parisien, en 1942. Le dîner est plombé : en représailles, un officier de la Gestapo réclame deux otages, mais laisse aux convives la terrible liberté de les désigner eux-mêmes… On rit des hypocrisies qui se délitent, on frémit de la lâcheté qui les déchire : du pire d’entre eux (Thierry Frémont, parfait salaud), à la moins compromise (Stéphanie Hédin, très juste), des acteurs formidables font de ce huis clos féroce un petit festin. La pièce à l’humour corrosif, succès pour sa reprise la saison dernière au théâtre Hébertot, est désormais en tournée ! Humbert Angleys
De Vahe Katcha, 1 h 45. En tournée jusqu’au 25 mai : Béziers, Moulins, Saint-Malo, toutes les dates sur tpa.fr

À lire
L’amour est une folie
Alda Merini demeure confidentielle en France. Pourtant, elle fut une des plus grandes voix transalpines du XXe siècle, à l’instar de Pasolini qui l’admirait. Toute sa vie elle fut rongée par ses « ombres de l’esprit », nom qu’elle donne à sa bipolarité. Mais elle refusa que la maladie la prive de l’amour, de l’amitié et de la vie et elle s’en ouvrit à ses amis dans ce recueil bouleversant : « et pourtant nous jouons comme des enfants/dans les profondeurs de notre nuit/pour oublier les douleurs éphémères,/les douleurs déchirantes. » G. G.
Confusion des étoiles, Alda Merini. Seghers, 208 pages, 17 euros.
De toile et de plume
C’est après une rupture amicale avec Rodin que Rainer Maria Rilke découvre la peinture de Cézanne. L’immense peintre qui annonça l’art moderne vient alors de mourir. L’auteur des Lettres à un jeune poète écrit à sa femme Clara, dans ces nombreuses lettres, toute son admiration. Plus encore, il confie combien la peinture de l’artiste de la Sainte-Victoire, « d’une conscience infiniment sensible », dépassant de très loin celles de ses contemporains, lui renvoie un miroir sur sa propre œuvre. « Travailler sans le souci de personne et devenir fort », la devise du peintre, devient son mantra. Intime et lumineux. G. G.
Lettres sur Cézanne, Rainer Maria Rilke, Libretto, 134 pages, 8,20 euros.
Instinct de survie
Une romancière devient la proie d’une chasse à l’homme dans ce thriller intense : son ADN est retrouvé sur des scènes de crimes d’enfants à travers l’Europe. Traquée par un enquêteur d’Europol et un ancien de la CIA, elle révèle un passé d’activiste ambigu. René Manzor livre un récit rythmé, riche en suspense psychologique et en retournements. Le style, visuel et percutant, accroche, jusqu’à la dernière page. Un jeu de piste brillant pour les amateurs de traques implacables. Sébastien Le Belzic
L’Ombre des innocents, René Manzor, Calmann-Lévy Noir, 400 pages, 21,50 euros.
Thriller glacial
Johana Gustawsson tisse un polar envoûtant où une disparition à Falkenberg ravive une affaire liée à un asile oublié. Emily Roy, profileuse redoutable, et Alexis Castells, écrivaine obstinée, sondent un passé lourd de silences. L’écriture, tranchante et émouvante, s’allie à une ambiance nordique glaciale pour captiver dès l’ouverture. Quelques flashbacks peuvent surprendre, mais le dénouement, étonnant, récompense les amateurs de polars nordiques. Un suspense psychologique complexe pour les fans d’enquêtes profondes. Sébastien Le Belzic
Les Morsures du silence, Johana Gustawsson, Calmann-Lévy Noir, 320 pages, 20,90 euros.
Le mot rare
Apodictique : évident en droit et en fait, dont l’évidence saute aux yeux
Il y a des faits qui tombent sous le sens, des raisonnements qui ne souffrent pas de contestation, des principes qui semblent inscrits dans notre ADN. On pourra alors parler de faits, raisonnements et principes apodictiques. Las, le relativisme de certains pourraient rendre désuet cet adjectif emprunté à Aristote. Pourtant, les faits sont têtus : oui, certains événements devraient apodictiquement nous réjouir ou nous indigner sans réserve. G. G.
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