Avec un petit goût d’inespéré, le Stade de Reims disputera le 24 mai prochain la finale de la Coupe de France face au Paris Saint-Germain. En situation critique il y a encore huit jours, le club champenois a opéré un spectaculaire rétablissement, d’abord en dominant l’OM en L1 (3-1), son premier succès depuis novembre, puis en sortant vainqueur (2-1) d’une demi-finale accrochée face aux valeureux Cannois (National 2), mercredi soir. Voilà qui redonne un sacré peps à l’affiche de cet après-midi face à l’une des sensations de ce premier trimestre, ce Racing Club de Strasbourg en pleine mutation que personne n’aurait imaginé à la lutte pour les places européennes à sept journées du terme.
Jean-Pierre Caillot l’a confirmé, il tiendra sa promesse : le président rémois se rendra au Stade de France à bicyclette dans moins de deux mois, et non dans l’un des camions de sa compagnie de transport. Durant les 160 kilomètres de trajet entre Marne et Seine-Saint-Denis, l’emblématique dirigeant aura le temps de méditer sur cette drôle de saison, lui qui se trouve à la fois au centre de la tornade des droits TV – il est le patron du collège des clubs de L1 à la LFP – et de celle de sa propre équipe, très loin d’avoir encore assuré son maintien. Seule éclaircie, ce parcours en Coupe et cette première qualification pour une finale depuis 1977.
« J’ai pensé à tous les Rémois, a-t-il confié, très ému après la victoire à Cannes. J’ai pensé à ce rêve et à ceux qui ne sont plus là aujourd’hui. C’est une fierté que notre club, qui a vécu des moments difficiles, se retrouve au Stade de France. » Seule institution du foot français avec l’OM à avoir disputé deux finales de Coupe d’Europe des clubs champions (1956 et 1959), le Stade de Reims a dû se séparer en plein hiver de son entraîneur, Luka Elsner. Le jeu et les ambitions étaient bouchonnés, le fidèle Samba Diawara est arrivé à la rescousse.
« L’équilibre est encore fragile », reconnaît le Malien. Si sa formule envoyant le fameux « bus » défensif au musée des antiquités a fait florès (« Contre Paris, on va peut-être devoir poser un tramway »), le technicien attend une fin de championnat plus sereine, et cela passe par un bon résultat face à des Alsaciens qu’il tient en haute estime : « C’est une équipe jeune, insouciante, en totale confiance, on sent qu’ils s’amusent. Mais on va tout faire pour qu’ils ne s’amusent pas contre nous. »
Il y a eu Lens en 2023, Brest en 2024… et si Strasbourg, avec ses neuf victoires sur les douze derniers matchs, était la révélation 2025 du championnat de France ? Il y a six mois, cela avait tout de la très grosse cote. Après le rachat la saison précédente par le consortium américain BlueCo, propriétaire de Chelsea, la greffe avait du mal à prendre.
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Fier et populaire, le champion de France 1979 est l’un des clubs les plus régionalistes du foot hexagonal, et ses supporters les plus opposés au concept de multipropriété protestent encore contre les nouveaux patrons – même si le président reste le très apprécié Marc Keller – en boycottant les encouragements lors du premier quart d’heure de chaque match. Pour le reste, ils ne peuvent qu’admirer le jeu pratiqué depuis le début de l’année, peut-être le plus enthousiasmant du lot après le PSG, par cette bande de jeunes (22 ans de moyenne d’âge, majoritairement étrangers avec très peu d’expérience de la L1) cornaquée par un inconnu débarqué d’Angleterre l’été dernier, Liam Rosenior (40 ans).
Pour sa première expérience à l’étranger, et malgré la barrière de la langue, l’ancien défenseur et coach de Hull City a mis les rieurs de son côté, les sporadiques baisses de régime de ses « rookies » étant largement compensées par des coups d’éclat comme les victoires sur Marseille, Lille ou plus récemment Lyon (4-2) après une bombance offensive. « Je suis très content de l’évolution du groupe », souffle celui dont la défense n’a encaissé que huit buts depuis décembre, record sur la période.
Sachant que la septième place sera sans doute européenne, et sans éliminer l’hypothèse d’un sprint final triomphal, Strasbourg n’a jamais été aussi près de revoir les compétitions continentales depuis l’été 2019. De quoi calmer définitivement les derniers grognons en tribunes.
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