« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » Cette phrase, prononcée en 2015 par l’ancien président de la Commission Jean-Claude Juncker, trouve un écho particulier à l’occasion du jugement rendu contre Marine Le Pen. Pour justifier l’impossibilité faite à la candidate favorite des Français de se présenter en 2027, la magistrate énonce le motif suivant : « L’atteinte aux intérêts de l’Union européenne revêt une gravité particulière dans la mesure où elle est portée […] par un parti qui revendique son opposition aux institutions européennes. » Après une telle phrase, qui oserait encore prétendre que cette décision ne revêt pas une dimension politique ?
Alors, quel lien entre l’Europe, Juncker et cette décision ? Précisément le fait que l’élection présidentielle à venir n’est pas seulement un enjeu franco-français mais aura des répercussions décisives sur l’ensemble de la vie politique du continent.
Il est intéressant de se pencher sur l’analyse faite chez nos voisins européens. En Italie, dans le Corriere della Sera, un journaliste centriste en vue ose cette analyse : « Il était assez naïf de s’attendre à ce que l’establishment français remette le pays […] à Marine Le Pen. Une présidence Le Pen signifierait démanteler tout le cadre européen construit au cours des cinquante dernières années. »
Et de fait, la France jouera un rôle déterminant dans l’agenda européen à venir. Le thème central des prochaines années sera la défense et le réarmement du continent. Quel pays membre de l’UE possède la plus grande industrie de défense et dispose, seul, de l’arme nucléaire ? La France. Notre pays sera donc plus que jamais incontournable pour les autorités bruxelloises. C’est à Paris que reviendra la décision du partage ou non de l’usage de l’arme nucléaire. C’est également à Paris que se fera le choix de partager ou non le siège français au Conseil de sécurité de l’Onu. C’est encore la France qui jouera un rôle décisif pour décider si la défense doit rester du domaine de la souveraineté nationale ou devenir une compétence européenne.
On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre l’inéligibilité de Marine Le Pen et l’annulation de l’élection présidentielle roumaine
Évidemment, il serait ridicule d’envisager qu’une consigne ait été passée de la Commission à la justice française pour empêcher Marine Le Pen de se présenter. Mais il faut néanmoins prendre conscience de l’importance historique que revêt l’élection présidentielle française de 2027. Cet enjeu, les adversaires du camp national – où qu’ils soient, et donc notamment dans la magistrature de gauche – le connaissent tout autant.
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On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre l’inéligibilité de Marine Le Pen et l’annulation de l’élection présidentielle roumaine. En notant que, là aussi, le résultat de cette élection aura des conséquences majeures sur le plan européen concernant un pays aussi décisif que la Roumanie pour contenir Moscou.
Au regard de toutes ces implications géopolitiques, il faut reposer la question centrale : des magistrats peuvent-ils prendre, seuls, la décision d’empêcher la candidate la mieux placée de se présenter ? Affirmons-le clairement : ce n’est pas uniquement le destin de la France qui est ici pris en otage par ce jugement, mais bien celui de l’ensemble de l’Europe.
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