
Son sourire éclate, illumine la une du JDD, en ce dimanche 4 avril 1976. Il est gravé en nos cœurs. Ainsi donc, Romy Schneider aura été le premier César de la meilleure actrice de l’histoire du cinéma français, couronnée pour sa performance dans L’important, c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski ; elle eût pu l’être pour sa magique interprétation dans Le Vieux fusil de Robert Enrico.
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Sur la scène du Palais des Congrès, à Paris, devant 1 500 spectateurs, et en direct sur Antenne 2, c’est Yves Montand qui lui a remis le trophée représentant un petit bonhomme déroulant une bobine. Ça n’était pas encore la célèbre compression de 29 centimètres de haut et pesant 3,6 kilos. C’était la première édition d’une cérémonie qui poserait les bases du grand raout annuel du monde du cinéma. C’était balbutiant, hésitant encore, un peu tendu dans la salle et sur la scène. À la présentation, Jean-Claude Brialy et Pierre Tchernia. En tant qu’invités d’honneur, Michèle Morgan et Jean Gabin. Ces deux-là avaient été choisis pour remettre le César du meilleur film, et Morgan empruntait les lunettes foncées de son vieux complice pour lire le nom du vainqueur : Le Vieux fusil.
Le public applaudissait au résultat. Le couple Morgan-Gabin, à la vie comme à la scène, immortalisé dans des films comme Le Quai des brumes, tourné quarante ans plus tôt, apportait une touche d’émotion et de nostalgie profonde. On ignorait encore que cette cérémonie, voulue par Georges Cravenne, son producteur, serait la dernière apparition publique de Gabin, avant son décès, six mois plus tard.
La première nuit des César ne dura qu’une heure 40, loin de l’interminable événement d’aujourd’hui
Ce soir-là, Gabin semblait le plus souvent exaspéré. Jean Rochefort, distingué César du meilleur second rôle pour Que la fête commence, s’en souviendra longtemps : « L’atmosphère était bizarre. Quand je suis monté sur scène et que j’ai tapé sur l’épaule de Gabin, celui-ci s’est retourné brusquement : ‘‘Ah, c’est toi, Rochefort !’’. Si ça avait été un autre, je lui aurais collé une mandale… »
Philippe Noiret, César du meilleur acteur pour son rôle dans Le Vieux fusil avait plus de chance. Dans le JDD, Christine Gauthey tirait de lui un beau portrait : « Fils de commerçants lillois, Noiret ne serait sans doute pas devenu comédien s’il avait réussi à décrocher son bac. Mais, par trois fois, ce fut l’échec. C’est son professeur de lettres qui, le premier, jeta les dés. ‘‘N’insistez pas’’ conseillait-il aux parents Noiret, faites-lui suivre des cours de comédie, c’est son destin. »
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La première nuit des César ne dura qu’une heure 40, loin de l’interminable événement d’aujourd’hui. Seulement 13 César furent attribués, dont deux d’honneur à la chanteuse Diana Ross et à Ingrid Bergman. Mais comme on aimerait la revoir dans son intégralité, mieux, dans sa sacralité. Quand les César étaient des étoiles…
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