Coup de tonnerre dans les rangs de l’Office antistupéfiants (Ofast). Deux fonctionnaires de son antenne marseillaise ont été mis en examen vendredi à Paris. Selon le parquet de Paris, ils sont soupçonnés d’avoir participé à la cession illégale d’au moins 360 kg de cocaïne, en marge d’une opération officielle de livraison surveillée menée en février 2023.
Les juges d’instruction de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) leur reprochent notamment l’importation et le trafic de stupéfiants en bande organisée, mais aussi des faits de blanchiment, association de malfaiteurs, faux en écriture publique et d’atteinte à l’intimité de la vie privée par captation illégale d’images ou de sons. A l’issue de leur garde à vue, le ministère public a requis leur placement en détention provisoire.
Des kilos de cocaïne en provenance de Colombie
Tout a commencé en février 2023, avec un renseignement anonyme faisant état de l’arrivée d’une cargaison de cocaïne au port de Marseille, expédiée par container depuis la Colombie vers la région parisienne. La juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille confie alors les investigations à l’Ofast, avec pour objectif de surveiller l’introduction d’environ 180 à 200 kg de cocaïne.
Mais l’opération a pris une tout autre ampleur. Selon le parquet de Paris, « cette livraison a permis l’entrée sur le territoire de près de 400 kg de cocaïne », bien au-delà des quantités attendues. Ce décalage alarme certains services, notamment l’Ofast de Nanterre, qui se retire de l’opération. D’après le parquet, « plusieurs acteurs du dossier s’étaient étonnés de la difficulté avec laquelle ces stupéfiants auraient été écoulés à Marseille, laissant entendre que la surveillance policière était éventée ».
L’IGPN sur le coup depuis 2024
Malgré l’ampleur des soupçons, aucune interpellation n’avait eu lieu à l’issue de cette première enquête, clôturée en janvier 2024. C’est l’inspection générale de la police nationale (IGPN) qui relance l’affaire en interne, saisie de doutes sur les conditions de cette importation. Une série de perquisitions a alors lieu en avril 2024 dans les locaux marseillais de l’Ofast.
Notre dossier sur le trafic de drogue
En septembre, la Junalco se saisit du dossier, le retirant au parquet de Marseille, avant de le confier à des juges d’instruction fin novembre. Dans cette même affaire, deux autres personnes avaient déjà été mises en examen en février dernier pour leur implication présumée dans ce trafic, et incarcérées.