«Un temps de fête» : le poète Guillaume Decourt revient avec un recueil aussi frivole qu’élégant
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03/04/2025 à 15:00

Lauréat du prix Max-Jacob en 2024, Guillaume Decourt est plutôt situé par la critique dans la lignée d’Apollinaire. Le nom de Michaux vient aussi parfois à l’esprit : « Je ne sais plus voyager. L’ai-je d’ailleurs jamais su ? Les langoustes à l’étal dans la rue du Rendez-Vous me suffisent. » Bon sang d’encre ne saurait certes mentir, l’auteur de Lundi propre n’en trace pas moins une voie très personnelle au milieu de la poésie française contemporaine. Comment la définir ? En précisant que la veine autobiographique trouve ici son chemin dans un terrain accidenté où abondent les collages, les effets comiques, les déviations en tous genres.
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Il semble ainsi que le poète joue du piano, qu’il soit marié à une Grecque et père de jumeaux, mais les recommandations faites à ces derniers s’éloignent des traditionnelles paroles de sagesse : « Ne dites pas de mal de votre pénis, d’autres s’en chargeront. Ne possédez rien. N’oubliez pas que la rage déshonore le caractère d’un chien. Tenez le coup. Ne parlez pas d’amour, faites-le bien. La masturbation rend sourd. Lorsque vous aurez peur d’avoir nagé trop loin, retournez sans honte au canot de secours. Soyez toujours polis avec les putains. N’écoutez aucun conseil. Surtout pas les miens. »
Des inspirations d’ailleurs
Chacune des brèves proses réunies dans ces pages étonne et séduit par la diversité de son inspiration, d’un hommage au légendaire joueur de base-ball Babe Ruth à l’évocation d’un dîner dans un restaurant chinois (« L’énorme poisson de l’aquarium n’a pas vieilli. Trente ans ont passé dans un cube de quelques litres. Il me reconnaît. »)
De considérations stoïciennes (« Se désintéresser un peu de soi. Ne pas poser la question du bonheur. Apposer sur tout le bonjour et l’adieu d’un regard. ») à la relation d’un rêve commencé à l’est et terminé au sud. La quarantaine presque venue, Guillaume Decourt signe avec Temps de fête un treizième recueil, celui où s’impose une voix poétique majeure. Et prévient son lecteur : « Vous ne savez rien de moi. Je ne vous ai pas tout dit. » Excellente nouvelle !
Un temps de fête, Guillaume Decourt, La Table ronde, 96 pages, 14 euros.

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