Contrôle de soi, bluff, lucidité à toute épreuve… Peu importe les mises, à chaque partie, les joueurs savent ce qu’ils doivent maîtriser en priorité. Et depuis le 29 mars jusqu’au 7 avril prochain, ils sont près de 4000 à être venus battre les cartes en espérant l’emporter, à l’occasion de la grande finale du Winamax Poker Tour, le plus grand événement de poker live (gratuit) jamais organisé en Europe. Et c’est à Aix-en-Provence, au Pasino Grand Partouche, que la « bataille » se livre cette semaine.
L’épilogue d’une immense tournée (qualificative) à travers toute la France, passée notamment par Lille, Bordeaux et Lyon, au cours de laquelle plus de 10 000 joueurs se sont déjà affrontés, et qui succédait déjà à une première phase en ligne qui comptait plus de 300 000 participants ! Parmi ceux venus en découdre dans la capitale historique de notre belle Provence, une pléiade de personnalités. Citons notamment l’acteur Nicolas Duvauchelle, l’animateur Benjamin Castaldi, ou encore Jacques Santini, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de football. En jeu ? Des centaines de milliers d’euros… et le titre (honorifique) de champion de France de poker !
Un engouement massif, donc, auquel peu de disciplines du genre peuvent prétendre. Difficile en effet de dénicher des compétitions de belote ou de tarot d’une telle envergure ! Et que dire de la dimension du jeu en ligne, devenue tentaculaire ces dernières années. On estime en effet à près d’1,5 million le nombre de joueurs uniques par mois qui tentent leur chance via leur smartphone ou leur ordinateur. Au passage, le marché français atteint un produit brut des jeux (PBJ) qui dépasse les 500 millions d’euros, soit une augmentation de plus de 14 % par rapport à 2022. Et à l’échelle européenne, c’est (par exemple) quatre fois plus qu’en Espagne.
« Pour être performant, il convient de se préparer comme un sportif »
« La France est considérée comme un pays d’exception dans ce domaine, avec un très gros marché », souligne Julien Huber, responsable du marketing online chez Winamax, le leader du secteur. Quant aux tables qui se jouent en présentiel, si l’on s’en tient uniquement au poker légal (le reste étant impossible à quantifier), l’organisation de référence Texapoker gère jusqu’à 3 600 tournois par an dans nos casinos. Mais alors, pourquoi le poker a-t-il à ce point envahi l’Hexagone ?
On pourrait évoquer Internet, bien sûr, avec le développement des technologies qui permettent de démarrer une partie en quelques clics, où que l’on soit, avec son téléphone, certes… mais si vous interrogez les spécialistes, la plupart vous parleront d’un certain… Patrick Bruel ! Lui-même passionné et gros joueur de poker, il a en effet énormément contribué à le populariser en commentant le World Poker Tour – la série de tournois de référence – sur Canal +, dès 2005. « Indéniablement, il y a vraiment une mode qui est née à partir de ce moment-là, poursuit Julien Huber. Et il est ensuite devenu très fréquent de voir des amateurs se balader avec leur petite mallette pleine de cartes et de jetons ! »
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À l’époque, la folie du poker contribue même à relancer l’activité (alors moribonde) des casinos en France. Les magazines spécialisés se multiplient, les soirées poker entre amis abondent, les clubs dédiés sortent de terre par paquets de dix… et même les stars en deviennent les premiers ambassadeurs. Simple d’accès, convivial, fun, et pouvant rapporter (très) gros, le poker devient donc plus tendance que jamais. Depuis, cette discipline, supposément issue d’un jeu de cartes iranien introduit aux États-Unis il y a près de trois cents ans (par des marins français !)… ou peut-être du Pochen, ce jeu allemand pratiqué depuis le XVe siècle (dont le nom signifie « frapper »), n’en finit plus de séduire !
Pour remporter la finale du Winamax Poker Tour, le grand gagnant devra jouer entre 40 et 45 heures
Pour Stéphane Matheu, le manager de l’équipe professionnelle Winamax (la meilleure team d’Europe), cette mode s’explique aussi par le fait que le poker est tout sauf un simple jeu de hasard. Le facteur chance pouvant ainsi s’atténuer par des prises de décisions qui peuvent faire basculer une partie dans un sens ou dans l’autre, ce qui donne du sel : « Pour être performant, il convient de se préparer comme un sportif. Notamment en termes d’hygiène de vie. Et moi, mon rôle est ensuite de coacher mes joueurs sur la partie mentale et psychologique. Notamment en les ramenant vers une analyse rationnelle des situations, en travaillant sur l’acceptation des pertes potentielles, et en les encourageant à se concentrer uniquement sur ce qu’ils peuvent contrôler. »
Des consignes qui peuvent paraître évidentes, mais qui sont loin d’être faciles à assimiler pour tous. Devenir le Mbappé du poker se mérite. Des grands joueurs d’exception, richissimes grâce à ce jeu, il en existe une dizaine sur la planète. L’Espagnol Adrián Mateos, 30 ans, éminent membre du team Pro Winamax, numéro un mondial en 2024, est l’un d’entre eux. « À titre de comparaison, il gagne plus que Carlos Alcaraz, la star du tennis mondial. Il est 8e sur la liste des plus gros gains de tous les temps et a déjà remporté 52 millions de dollars de gains bruts », explique Stéphane Matheu.
Sans aller jusqu’à fantasmer des sommes si vertigineuses, la plupart des nouveaux joueurs sont aussi attirés par l’aspect lucratif et (faussement) facile du poker. En ce sens, le coach préconise d’abord de s’initier en prenant part à des parties sans enjeux financiers, et rappelle que de « nombreux tournois gratuits » sont accessibles via Winamax. Car la patience est la vertu principale de tout bon joueur qui se respecte. Un exemple ? Pour remporter la grande finale du Winamax Poker Tour – et les 170 000 euros (approximatifs) qui vont avec – le grand gagnant devra jouer entre 40 et 45 heures à table sur l’ensemble du tournoi. Contrôle de soi, bluff et lucidité à toute épreuve, on vous dit…
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