En ce mardi de la fin du mois de mars, les patrouilles de police tentent de restaurer la sécurité autour du lycée Louis-Armand de Yerres. La veille, une rixe a opposé une quinzaine de jeunes des quartiers rivaux des Tournelles de cette ville de l’Essonne et des Hautes-Mardelles, venus de la commune voisine de Brunoy. La bagarre, sur fond de guerre de territoire, a impliqué plusieurs adolescents armés de battes, de bâtons, de barres de fer et de couteaux. Sékou, un jeune de 17 ans, a été poignardé au thorax. Il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital.
Le JDNews a pris le temps de s’arrêter sur une journée ordinaire, celle du 25 mars dernier. Un banal mardi d’école en France façon « Orange mécanique », où, depuis un an, les signalements pour usage d’armes blanches dans les établissements ont augmenté de 15 %. Entre « petits » incidents et graves agressions. Un constat effrayant : l’école n’est plus un îlot de sécurité. Les menaces, les violences et les couteaux ont gagné les préaux.
8h35. Évry
Les cours ont commencé depuis cinq minutes quand un élève met le feu au bâtiment en jetant deux cocktails molotov à l’intérieur du bureau du CPE. Un autre est lancé dans une salle de classe à l’étage supérieur, ce qui déclenche l’alarme du collège. Le jeune, scolarisé dans cet établissement, est interpellé. Dans son sac, plusieurs autres engins incendiaires, de l’acide chlorhydrique, un briquet, un couteau et un marteau sont retrouvés.
Quelques jours auparavant, pour impressionner une copine, il avait prévenu qu’il ferait « une dinguerie avec des produits chimiques ». Son discours est qualifié par la police d’incohérent, d’antisystème, mais « sans connotation religieuse ». Une lettre dans son sac semble évoquer un suicide après son passage à l’acte.
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10h25. Saint-Maur-des-Fossés
Après avoir été convoqués par la direction de l’école élémentaire, deux parents séparés se retrouvent nez à nez devant le groupe scolaire de leur enfant. Problème, le père n’a pas le droit de voir la mère. Cette dernière, victime de violences conjugales, est d’ailleurs protégée par un « téléphone grave danger » (TGD) qu’elle active à la vue de son ancien conjoint. Les policiers arrivent immédiatement. Mais le père se rebelle, tant et si bien que les policiers n’ont d’autre solution que de le maîtriser avec un taser, sous le regard médusé des élèves.
11h30. Avron
Deux jeunes scolarisés au lycée Uruguay-France en viennent aux mains devant la grille d’accès. L’un d’eux, 16 ans, menace une jeune ado de 15 ans avec un couteau de boucher après un différend inconnu à ce jour. Le lycéen est interpellé.
11h15. Brive-la-Gaillarde
La police intervient pour maîtriser un jeune du lycée Bahuet qui vient de faire irruption dans sa salle de classe un couteau à la main, menaçant sa professeur ainsi que ses camarades. Les lycéens sont immédiatement confinés mais l’adolescent continue d’errer dans les couloirs de l’établissement avec une lame de 20 centimètres. Il est rapidement interpellé. Inconnu des services de police, il souffrirait de problèmes psychologiques et espérait, par son geste, « se faire tuer par la police », reconnaît-il lors de sa garde à vue. Deux autres camarades, qui étaient au courant de ses intentions, sont interpellés. Une cellule psychologique est ouverte pour les élèves.
15h50. Fontenay-aux-Roses
Une professeur d’EPS est molestée par deux adolescents alors qu’elle leur demande de quitter le terrain de sport, qu’elle a réservé pour son cours. Les jeunes tentent de lui dérober ses affaires avant d’être interpellés par la police municipale. La professeur, blessée au bras gauche, est prise en charge par l’infirmerie du collège. Les deux mineurs sont remis à leurs parents et seront convoqués dans les prochains jours au commissariat.
15h50. Noisy-le-Sec
Plusieurs individus à bord d’une voiture tirent au paintball en direction d’élèves qui sortent du lycée Olympes-de-Gouges. Plusieurs tirs de mortiers d’artifice visent aussi ces lycéens, sans faire de blessé. Les agresseurs quittent aussitôt les lieux.
17h. Vitry-sur-Seine
Un élève de 10 ans vient de menacer de mort son enseignant à l’école primaire Montesquieu. Après un différend autour d’une note, l’enfant lui dit qu’il va revenir avec un couteau et son grand frère à la fin des cours pour s’occuper de lui. La direction convoque immédiatement la mère de l’enfant mais celle-ci tient à son tour des propos virulents, accusant le personnel scolaire d’être responsable de la situation. Le mineur et sa mère seront convoqués le lendemain au commissariat.
17h. Issou
Le CPE du collège Jacques-Cartier appelle la police en raison de la présence d’un collégien âgé de 12 ans devant l’établissement qui porte un couteau sur lui. L’enfant est bien connu du personnel scolaire car il vient d’être renvoyé du collège. Les policiers l’interpellent.
17h. Dijon
Un élève s’écroule à la sortie des classes, devant le lycée Saint-Bénigne. Il vient d’être poignardé par un autre élève. Blessé à l’arrière de la tête, il est transporté à l’hôpital. La victime ne connaît pas son agresseur. Les policiers parviennent rapidement à l’identifier. Le suspect, âgé de 19 ans, est interpellé à son domicile.
17h45. Bourg-en-Bresse
Une altercation éclate entre deux élèves dans le hall du gymnase du lycée Gabriel-Voisin. L’un d’entre eux est blessé à la main par un coup de couteau. Il est transporté à l’hôpital avec une plaie de plus de 6 centimètres. L’auteur du coup a pris la fuite. Il est recherché par la police.
18h. Tribunal d’Évry
Un jeune âgé de 15 ans, d’origine géorgienne, est déféré devant le tribunal d’Évry. Sa garde à vue dure depuis la veille. Il est soupçonné d’avoir dit en classe : « Free Palestine, je n’aime pas les juifs. » Il a réitéré dans le bureau des proviseurs et ajouté : « Prof de merde, directeur de merde. » Ce soir-là, il passe dans le bureau du procureur de la République. Malgré la plainte de sa professeur et du proviseur, il ressort libre. Sans aucune poursuite judiciaire.
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