L’essentiel
- Lundi, entre 13h30 et 14 heures, un homme et une femme de 76 ans ont été tués à coups de pierre à Xertigny, dans les Vosges.
- Un homme a été interpellé peu après : il se trouvait dans la maison d’un proche d’une des victimes, avec du sang sur ses pieds.
- Il a été interné en psychiatrie, son état de santé étant jugé incompatible avec une garde à vue.
C’est une affaire mâtinée de mystère et d’incompréhension. Deux jours après le meurtre à coups de pierre d’un homme et d’une femme de 76 ans dans le village de Xertigny, dans les Vosges, les enquêteurs peinent à déchiffrer les motivations du principal suspect. Comme l’a révélé 20 Minutes, cet homme de 34 ans a rapidement été interné en hôpital psychiatrique, son état de santé étant jugé incompatible avec une garde à vue. Selon le procureur de la République d’Epinal, Frédéric Nahon, qui a tenu ce mercredi une conférence de presse, il s’y trouve toujours et n’a donc pas pu être interrogé.
Peu à peu, toutefois, le scénario du drame se dessine. Il est un peu plus de 14 heures, lundi, lorsqu’un groupe de promeneurs découvre les corps d’un homme et d’une femme, gisant dans une petite rue de Xertigny, à proximité immédiate de la gare. La zone, pavillonnaire et en lisière de forêt, est peu fréquentée. « Dès les premières constatations, il apparaissait que les deux corps avaient le crâne fracassé, la femme étant en position recroquevillée à proximité d’un muret et l’homme au milieu de la chaussée », précise le magistrat. L’arme du crime ne fait guère de doute : plusieurs pierres ensanglantées, « de la taille d’un gros pavé », ont été retrouvées à côté des corps. Les premières constatations du médecin légiste mettent en lumière des coups violents portés au niveau du crâne.
Le principal suspect interpellé chez le frère d’une des victimes
Comme il est d’usage dans les affaires criminelles, les gendarmes entament immédiatement une enquête de voisinage. L’objectif est de recueillir toute information susceptible de servir l’enquête : qui sont les victimes ? Un voisin a-t-il noté un événement étrange ? Y a-t-il eu des agressions dans le quartier ?… Lorsqu’ils se présentent devant la première maison – celle située directement en face des corps –, ils tombent nez à nez avec un homme « présentant des traces de sang sur ses pieds », relève le magistrat. Il indique d’abord être chez des amis, puis tente de refermer violemment la porte, assène même une claque à un des gendarmes.
La maison dans laquelle le suspect se trouve est, en réalité, celle du frère de la femme tuée. « Le propriétaire était parti en vacances et avait demandé à sa sœur de garder la maison », poursuit le procureur de la République. Elle était venue avec un ami, Pierre Panon – la seconde victime –, qui fut longtemps le prêtre du diocèse de Toul-Nancy. Si cet homme était à la retraite depuis deux ans, il officiait encore régulièrement, mais pas sur la commune de Xertigny. Toutefois, rien dans son apparence ne permettait de connaître sa fonction. Aucun élément ne permet, en l’état des investigations, de faire un lien entre sa qualité et le double homicide.
Une tentative d’incendie volontaire dans un local de la SNCF
Lors de la perquisition du domicile où a été interpellé le suspect, les enquêteurs de la brigade de recherches de Remiremont ont découvert un casque SNCF et un pantalon, tous deux porteurs de traces de sang. Le lien est alors fait avec le témoignage d’un voisin qui indique avoir remarqué, la veille du drame, de la lumière et du bruit dans un local SNCF abandonné. Ce lieu, situé à quelques volées de marches de la scène de crime, est alors perquisitionné. Les gendarmes constatent que quelqu’un a tenté d’allumer un incendie à l’intérieur, sans toutefois y parvenir.
S’il est désormais établi que ce double meurtre a eu lieu entre 13h30 et 14h, de nombreuses zones d’ombre demeurent. « Il n’est pas possible de dire, en l’état, si le mis en cause a pénétré dans le domicile en l’absence des victimes ou en leur présence », précise Frédéric Nahon. Surtout, ce sont les motivations du geste de ce Mahorais qui restent incompréhensibles. Dès son interpellation, le suspect, qui n’était pas alcoolisé mais avait consommé du cannabis, n’a eu de cesse de hurler. Des vérifications sont en cours sur d’éventuels séjours en hôpital psychiatrique. « Il ne serait pas sous mesure de tutelle ou de curatelle », précise le magistrat.
Condamné pour violation de domicile
Pourquoi s’en est-il pris à ces septuagénaires ? Les connaissait-il ? Les premiers éléments de l’enquête soulignent qu’il résidait à Epinal après avoir vécu dans différentes communes de l’Hexagone. Y a-t-il eu une dispute ou un conflit en amont ? L’analyse de ces antécédents judiciaires pourrait apporter un début de réponse : il a été condamné à La Réunion pour des faits de violation de domicile en 2018. Il est également impliqué dans huit affaires entre 2009 et 2022, dont deux autres cas de violation de domicile. Enfin, note le procureur, une affaire de violence avec arme a été classée sans suite pour irresponsabilité pénale ou état mental déficient.