Connaissez-vous le meilleur buteur de la Coupe de France 2025 ? Une star du PSG, sans doute, les hommes de Luis Enrique (qui se déplacent mardi à Dunkerque pour l’autre demi-finale) marchant sur l’eau depuis des mois ? Que nenni. Il s’agit de Julien Domingues, 29 ans, attaquant de l’AS Cannes, dix fois marqueur et symbole de l’épopée de ces « Dragons » qui crachent le feu depuis leur entrée en lice au 4e tour, fin septembre.
En huitième de finale face à Dives-Cabourg (5-3), l’Arlésien a sans doute réussi le plus beau geste de la compétition, un retourné acrobatique d’une pureté absolue digne des échelons supérieurs que les Azuréens aspirent à retrouver, vingt-sept ans après leur dernière saison dans l’élite. « Ce parcours est un magnifique coup de projecteur, confie au JDD le directeur général Félicien Laborde, arrivé en janvier 2024. On entame un nouveau cycle, c’est une première récompense, mais on n’a encore rien fait, ni rien gagné. »
Au stade Pierre-de-Coubertin, si loin, si proche du Palais des festivals, on avait perdu l’habitude de se faire des films. Vainqueur de la Coupe de France et vice-champion en… 1932, à l’aube du professionnalisme, connu pour avoir révélé Zinédine Zidane, Patrick Vieira ou Johan Micoud, le club des Alpes-Maritimes a vécu des heures glorieuses avant de déposer le bilan en 2014, repartant du bas de l’échelle régionale, en 7e division. Sous l’impulsion du maire et féru de sport David Lisnard, puis de l’infatigable Anny Courtade, appelée à la rescousse, l’AS Cannes se régénère et à l’été 2023, le groupe américain Friedkin, producteur de plusieurs Palmes d’or et propriétaire de l’AS Roma et d’Everton, en prend le contrôle. Dan, le patriarche, bombarde son fils Ryan à la présidence. « C’est incroyablement motivant d’être, en quelque sorte, le petit frère de ces deux clubs légendaires, poursuit Laborde. Ryan et la famille Friedkin nous suivent au quotidien, ils seront là pour la demi-finale. Leur objectif est de restructurer le club et de redonner de la fierté aux Cannois. Ils connaissent très bien le football et savent que les choses se font avec du temps. Mais je ne les imagine pas ne pas chercher à aller le plus haut possible. »
Dans une ville qui va se parer des couleurs rouge et blanche dès demain, le débat fait rage. Quelle doit être la place des Dragons dans le foot actuel ? David Lisnard espère la Ligue 1, Anny Courtade (toujours présidente de l’association, responsable des jeunes et des féminines) estime que la L2 serait déjà très bien pour une ville de 75 000 habitants, aussi glamour soit-elle. « L’ADN du club, c’est la formation, tranche le directeur général, à la tête d’un budget d’environ cinq millions d’euros. Pour cela, il faut d’abord revenir dans le giron professionnel. La stratégie à mon arrivée était d’y parvenir en cinq ans. Nous venons hélas de perdre deux matchs de championnat importants pour monter dès cet été en National [3e division, NDLR] mais, du choix des hommes aux datas, tout est mis en place pour le faire le plus rapidement possible. Pas question de miser sur des stars, ce n’est pas le moment, mais sur des techniciens d’expérience rompus à ces championnats intermédiaires. »
L’ambitieux groupe Friedkin possède déjà la Roma et Everton
Quand Félicien Laborde parle de « nouveau projet », ce n’est pas qu’une vue de l’esprit : seize nouveaux joueurs ont débarqué cette saison, dont l’ex-taulier d’Angers et international sénégalais Cheikh Ndoye (38 ans), un entraîneur chevronné, Damien Ott, le tout au sein d’un staff densifié où l’on retrouve notamment l’ancien défenseur de l’OM Sébastien Pérez. Après un démarrage cahoteux, la mayonnaise a pris et le pétillant jeu des Cannois bluffe tout le monde, à commencer par l’ancien capitaine puis entraîneur des grandes heures des années 1990 Luis Fernandez, ravi d’être associé à la grande fête de mercredi. « C’est un club qui est profondément ancré dans mon cœur », assure celui qui a vécu les débuts de « Zizou » en pro ainsi que la première campagne européenne cannoise en 1991-92, saison de la dernière demi-finale de Coupe de France – perdue face à Monaco une semaine avant le drame de Furiani.
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Comme lors de l’étincelant quart de finale remporté contre Guingamp (L2) le mois dernier (3-1), et malgré des tarifs jugés trop salés par de nombreux supporters – le club met en avant les coûts d’organisation –, ils seront plus de 8 000 à remplir les gradins de la Bocca pour cette nouvelle soirée à guichets fermés, cette fois face à une équipe de Ligue 1, le Stade de Reims, logiquement favorite en temps normal. Mais l’heure n’est plus à la normalité. « Jusqu’ici, confirme Laborde, on jouait la Coupe de France pour progresser. On a peut-être atteint les limites de ce raisonnement, il ne reste que deux matchs. Désormais, on joue pour gagner. » Et emmener potentiellement des milliers de Cannois au Stade de France, le 24 mai prochain. Une seule équipe du quatrième niveau a jusqu’à présent réalisé cette prouesse : Calais, cruellement battu en finale par le FC Nantes (2-1) en 2000. Vingt-cinq ans après, on en parle encore…
Dunkerque-PSG mardi (21h10) et Cannes-Reims mercredi (21 h) sont à vivre sur beIN Sports 1.
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