De Mike Leigh, avec Marianne Jean-Baptiste, Michele Austin. 1h37.
Pansy, femme au foyer, est rongée par une souffrance physique et psychologique lancinante, ce qui la rend incapable d’interagir normalement avec les autres. Sans arrêt dans l’agressivité et la colère, elle voit sa carapace se fissurer et laisser apparaître un profond mal-être… Trente ans après Secrets et mensonges (1996), Palme d’or à Cannes, Mike Leigh retrouve Marianne Jean-Baptiste pour ce drame intimiste qui prend le spectateur à rebrousse-poil, à travers le portrait de cette héroïne en crise et en deuil, sans filtre et impitoyable. Le cinéaste anglais capte la vérité humaine et sociale comme personne, avec son humour corrosif, si bien qu’on passe de la détestation à l’empathie vis-à-vis de Pansy. Il sonde le moindre tressaillement du visage tourmenté de son immense actrice, dans cette chronique qui désarçonne, mais impacte durablement. S. B.
Fanon ★★
De Jean-Claude Barny, avec Alexandre Bouyer, Déborah François. 2h13.
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En 1953, Franz Fanon accepte un poste de médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville en Algérie. Il est sidéré par le traitement infligé aux patients indigènes, enchaînés dans des cellules dont ils n’ont quasiment pas le droit de sortir contrairement aux malades originaires de la métropole. L’occasion d’appliquer ses méthodes modernes de psychothérapies, pas forcément au goût du directeur, alors que la lutte pour l’indépendance agite le pays. Ce biopic met en lumière le combat aussi bien médical que politique du natif de la Martinique contre un colonialisme dont il a toujours souffert et dont il veut libérer les peuples. Le jeu tout en ténacité et en austérité d’Alexandre Bouyer imprime une mise en scène sobre, (un peu trop) contemplative et au plus près des visages, comme pour sonder les âmes. B. T.
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Ozi, la voix de la forêt ★★
De Tim Harper. 1h27.
Ozi, jeune femelle orang-outan, est séparée de sa famille quand un incendie se déclare au cœur de la jungle où ils vivent. Elle est recueillie par des humains, engagés dans la protection de la faune locale. Persuadée que ses parents sont encore en vie, elle part à l’aventure pour les retrouver… Ce film d’animation du réalisateur britannique Tim Harper s’adresse aux enfants à partir de 6 ans et les sensibilise au danger qui plane sur la forêt tropicale, poumon de la planète, dont le territoire est convoité par les producteurs d’huile de palme. Tout en incitant à la préservation des espèces animales sauvages, pour certaines en voie de disparition, et de leur habitat naturel. Ce récit de survie, gorgé de valeurs positives (le vivre-ensemble, le courage, la détermination), garde une forme de candeur en dépit de son sous-texte sombre. S. B.
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The Grill ★
D’Alonso Ruizpalacios, avec Rooney Mara, Raul Briones, Anna Diaz. 2h20.
Estela est embauchée au restaurant The Grill, réputé à Manhattan. Elle découvre un microcosme fascinant, malgré le chaos qui y règne et les problèmes qui s’y accumulent. Pedro, cuisinier, est fou amoureux de Julia, serveuse. Enceinte, elle veut avorter, mais il s’y oppose… Ce drame indépendant américain explique le mode de fonctionnement d’une brigade composée d’immigrés sans papiers, qui luttent contre la précarité et ont renoncé à leurs rêves. Mais le propos est dilué quand on perd le point de vue de la nouvelle recrue au profit de celui d’un couple qui se déchire et pour lequel on n’éprouve pas d’empathie. La mise en scène hyperstylisée (noir et blanc, flou, ralentis) contraste avec le sujet, vraiment exploité lors d’un plan séquence très réussi durant le coup de feu. Mais cela ne suffit pas à compenser un rythme en dents de scie et un manque de tension. S. B.
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Source : Lire Plus