Quarante-huit pour cent des maires de France considèrent que la sécurité est un enjeu important de leur mandat, selon un sondage Ifop réalisé pour le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI). Dans le détail, 29 % d’entre eux considèrent qu’il s’agit d’une priorité, 29 % d’un des sujets les plus importants de leur commune, quand 52 % jugent qu’il s’agit seulement d’un sujet parmi d’autres. Mais c’est la fracture territoriale française qui est la plus frappante : en effet, 77 % des maires d’Île-de-France considèrent la sécurité comme un sujet important, contre 47 % de leurs collègues de province, sans doute moins confrontés à l’insécurité.
Un fossé qui se vérifie selon la taille de la commune : si 82 % des maires de communes de plus de 10 000 habitants sont très préoccupés par la sécurité, le chiffre tombe à 45 % dans les communes de moins de 2 000 habitants. Une réalité qui se retrouve d’ailleurs dans les ressources sécuritaires des communes de France : 85 % des maires répondent en effet qu’ils n’ont, dans leur commune, ni police municipale ni gardes champêtres !
Mais qu’ils en aient ou pas à domicile, les maires sont malgré tout 62 % à juger qu’il faut armer polices municipales ou gardes champêtres lorsqu’ils existent. Ils sont également 74 % à penser qu’il faut simplifier les procédures administratives pour installer des caméras de vidéosurveillance (95 % en Île-de-France !), 65 % à vouloir augmenter les pouvoirs des policiers municipaux, en leur permettant notamment de faire des fouilles ou des contrôles d’identité.
Abandon de l’État
Plus généralement, 56 % des maires de France confessent aujourd’hui un sentiment d’abandon de l’État : là encore, la distribution correspond à l’état et au développement de la délinquance puisque les maires d’Île-de-France sont 83 % à s’en plaindre, tandis que les moins concernés par cette question sont indiscutablement les maires des petites communes de moins de 2 000 habitants.
Mais ces derniers, tout comme ceux des communes de 2 000 à 5 000, voire 10 000 habitants, ont aussi leurs inquiétudes, et une claire volonté d’information et de contrôle sur la politique de peuplement de leurs villes ou villages. Sans doute ces maires sont-ils peu pressés de subir ces préoccupations sécuritaires à leur tour, et préfèrent anticiper.
La suite après cette publicité
Préoccupés par les fichés S
À la question de savoir s’ils jugent souhaitable que les personnes qui sont « fichées S », c’est-à-dire qui font l’objet d’un suivi policier pour menace à la sûreté de l’État, leur soient systématiquement signalées, 93 % des maires répondent oui. Un chiffre qui atteint 94 % parmi les communes de moins de 5 000 habitants et qui chute à 75 % dans celles de plus de 10 000 habitants – dans lesquelles le suivi individuel des administrés n’a pas la même réalité. Même distribution en ce qui concerne le souhait de conditionner l’installation de réfugiés à l’autorisation du maire et de son conseil municipal. 89 % des maires y sont favorables.
Dans le détail, ce pourcentage atteint au moins 90 % dans toutes les communes de moins de 10 000 habitants, et chute à 76 % pour les plus grandes. Sur ce point, l’Île-de-France bat tous les records : 95 % des maires semblent refuser que des réfugiés soient installés sans qu’ils aient au préalable été consultés.
Les maires et la sécurité en chiffres
48 % des maires considèrent la sécurité comme un enjeu important
56 % expriment un sentiment d’abandon par l’état
93 % veulent savoir si un « fiché S » réside dans leur commune
89 % aimeraient que l’installation de réfugiés soit conditionnée à leur accord
Source : Lire Plus