
L’actualité politico-judiciaire est en ébullition : jeudi dernier, le Parquet national financier (PNF) demandait sept ans de prison ferme contre un ancien président de la République déjà sous bracelet électronique, outre quelques années à l’encontre de trois anciens ministres. Lundi, le tribunal correctionnel de Paris dira si la candidate la mieux placée dans les sondages pourra se présenter à la prochaine élection présidentielle. Le Premier ministre attend d’être jugé en appel pour l’affaire des assistants parlementaires du MoDem. Le secrétaire général de l’Élysée est mis en examen, de même que la ministre de la Culture.
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Il existe deux hypothèses : soit le personnel politique français est particulièrement pourri, soit la justice est particulièrement intransigeante à l’égard des politiques. Dans la mesure où ni Nicolas Sarkozy, ni François Bayrou, ni Brice Hortefeux ou Éric Woerth ne se voient reprocher des enrichissements personnels, il faut privilégier la deuxième hypothèse.
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Cette hostilité pose un problème démocratique évident : François Fillon a perdu l’élection présidentielle de 2017 à cause de l’empressement du PNF, Nicolas Sarkozy n’a pu revenir au premier plan à cause des multiples poursuites judiciaires, Marine Le Pen risque de ne pouvoir se présenter à la prochaine présidentielle et la candidate de la droite sera peut-être empêchée de se présenter à la mairie de Paris.Comment expliquer ce phénomène ? En premier lieu, si les juges ont acquis leur indépendance au cours des années 1980, cela ne garantit pas leur impartialité. Plus d’un quart d’entre eux votent pour le Syndicat de la magistrature, organisation qui poursuit le projet politique très à gauche d’une société sans prisons, ni frontières, ni capitalisme, et qui épinglait sur son lamentable « mur des cons » les responsables politiques de droite.
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En second lieu, la création du PNF a été un coup de maître de François Hollande. Alors que la section financière du parquet de Paris fonctionnait très bien sous l’autorité neutre de François Molins, les affaires politico-financières ont été transférées à ce nouveau parquet dont tous les membres ont été soigneusement choisis par le président socialiste et sa garde des Sceaux Christiane Taubira. Ce sont les magistrats de ce même PNF qui reprochaient la semaine passée à Nicolas Sarkozy son « ambition personnelle dévorante », trahissant ainsi leur hostilité à l’égard de l’ancien leader de la droite (comme si François Hollande ou Jean-Luc Mélenchon n’avaient pas d’ambition personnelle).
C’est son chef qui, le premier jour des débats judiciaires, venait affirmer sur une chaîne de télévision la culpabilité des présumés innocents, ce qui ne s’était jamais vu. Et puis, il y a les supplétifs du PNF, au premier rang desquels Mediapart, talonné par Le Canard enchaîné. Mediapart a consacré 192 articles à ce qu’il appelle « L’argent libyen de Sarkozy », au mépris de la présomption d’innocence.
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Les journalistes de Mediapart ont un accès apparemment libre aux procès-verbaux normalement couverts par le secret de l’instruction
C’est Mediapart qui a enclenché l’affaire libyenne en publiant, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, un document sur les « 50 millions » que l’on ne trouvera jamais, document dont l’authenticité est si improbable que même le PNF a renoncé à l’invoquer dans ses réquisitions. Mediapart est tellement engagé qu’il a produit et diffusé en salle au début du procès un film voulant démontrer la culpabilité de Nicolas Sarkozy, ce qui semble s’éloigner du journalisme. Naturellement, ses journalistes ont un accès apparemment libre aux procès-verbaux normalement couverts par le secret de l’instruction.
Il faut encore ajouter des associations de gauche agréées comme Anticor ou Sherpa, qui poursuivent dix personnalités de droite pour une de centre gauche. Pris dans les filets du Syndicat de la magistrature, du PNF, de Mediapart et d’Anticor, le responsable politique de droite a peu de chance de s’en sortir.
*Auteur de Soyez partiaux ! Itinéraire de la gauche judiciaire, Cerf, 265 pages, 22 euros.
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