Malgré son acronyme indigeste, la Semaine olympique et paralympique (SOP) fait son retour dans les établissements scolaires et universitaires. Lancée en 2017, l’année où la France obtenait les Jeux de Paris, la manifestation est désormais chapeautée par le Comité national olympique. Elle mobilise la jeunesse autour de la pratique sportive et des valeurs de l’olympisme. À charge pour les établissements d’organiser des animations sur cette thématique. Cette neuvième édition (du 31 mars au 4 avril) est la première à se tenir après les JO. Surtout, elle se déroule dans un contexte de diminution importante du budget que l’État consacre au sport (-25 %).
Elle est parrainée par Arnaud Assoumani, médaillé d’or en para-athlétisme à Pékin 2008, et par Manon Apithy-Brunet. En juillet dernier, la Lyonnaise de 29 ans est entrée dans l’histoire du sabre tricolore en décrochant le titre suprême, battant en finale sa compatriote Sara Balzer. Les images du sacre ont fait le tour du monde lorsque son mari, Boladé, a surgi sur la piste installée sous la majestueuse verrière du Grand Palais pour littéralement porter en triomphe la nouvelle championne.
Deux jours plus tard, pour son ultime rendez-vous olympique, il récoltera lui-même le bronze avec ses copains de l’équipe de France de sabre. Huit mois après, le JDD a rencontré la Rhodanienne lors d’une visite en avant-première d’un collège parisien. Son sourire communicatif n’a pas changé, mais son ventre s’est arrondi : elle attend son premier enfant pour le mois de juin et a bien l’intention de revenir au plus haut niveau d’ici aux prochains Jeux de Los Angeles, en 2028.
Le JDD. Que représente pour vous ce rôle d’ambassadrice de la SOP ?
Manon Apithy-Brunet. Je ressens beaucoup de fierté d’avoir été choisie comme marraine, même si cela met un peu de pression pour réussir à faire partager ma passion aux élèves et leur donner envie de pratiquer du sport. On a parlé d’héritage des JO avec Arnaud Assoumani : très peu de choses ont été faites depuis cet été. Cette Semaine olympique et paralympique, c’est finalement le plus gros héritage qu’on a des Jeux. Elle permet de reparler des Jeux et de transmettre cet amour qu’on a pour le sport.
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Comme de nombreux athlètes, vous êtes montée au créneau pour dénoncer la baisse du budget des sports (environ 0,2 % du budget de l’État). Restez-vous vigilante ?
Il faut qu’on continue à faire des choses comme la Semaine olympique et paralympique. Le sport créé du lien, de l’égalité, du respect pour l’ensemble de la population. C’est aussi du bien-être physique et mental.
« Attendre un bébé est un nouveau challenge extraordinaire »
Pour moi le sport, c’est ce qui fait qu’on va bien ou pas. C’est une aide énorme. Il faut le promouvoir. À mes yeux, ce doit être l’un des budgets les plus importants. Il faut faire plus !
Les Jeux vous semblent déjà loin ?
Ça commence à faire. Mais d’en parler avec les enfants, qui s’en souviennent, c’est cool.
Sont-ils conquis dès que vous leur montrez la médaille d’or ?
Elle plaît beaucoup, même aux adultes ! C’est un symbole. La médaille fait rêver beaucoup d’enfants. Ils ont vu des sportifs gagner cet été aux Jeux. Elle leur permet de se reconnecter à ces souvenirs et de se dire : « Moi aussi, n’ai-je pas envie d’être un champion et de faire du sport ? »
Depuis votre sacre, vous êtes tombée enceinte et votre mari a arrêté sa carrière de haut niveau. Cela fait beaucoup de changements…
C’est vrai. On s’était fixé de faire les Jeux de Paris ensemble et lui avait déjà en tête sa fin de carrière. Repartir avec des nouveaux objectifs en tant qu’entraîneur le passionne [Boladé Apithy est devenu entraîneur national adjoint du sabre masculin à l’Insep, NDLR], cela lui permet de rebondir.
Le fait qu’on attende un bébé aussi : on a un nouveau challenge, c’est extraordinaire, on est aussi heureux grâce à ça. On avait besoin, après ces Jeux olympiques, de passer à autre chose. Je pense que l’« effet grossesse » conjugué à l’« effet retraite » de mon mari nous aide à basculer complètement même si j’ai encore, à titre personnel, l’objectif de performer sur les prochains Jeux.
Justement, il manque deux titres à votre palmarès : l’or olympique par équipe et l’or mondial en individuel. Ce seront vos deux objectifs sportifs après votre accouchement ?
Il me restera deux opportunités d’être championne du monde avant les Jeux olympiques de Los Angeles. Je veux de nouveau être championne olympique individuelle. Effectivement, il me manque la médaille d’or par équipe aux Jeux. C’est ce qui m’anime, ce qui me donne envie de continuer
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