
« C’est maintenant qu’il va être intéressant de parler de Notre-Dame. L’euphorie de la réouverture va tomber petit à petit pour laisser place à une contemplation plus intérieure de ce monument. » Tel est le souhait de Paule Amblard, historienne de l’art invitée par l’association des Éveilleurs pour parler de la richesse symbolique qui se cache derrière les pierres de Notre-Dame de Paris. Trois mois après la réouverture officielle, l’association veut célébrer cette renaissance. Environ 120 personnes sont assises sur les gradins pour entendre Notre-Dame de Paris leur être contée.
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L’historienne, auteur des livres Notre-Dame de Paris, les symboles des pierres et Les Enfants de Notre-Dame de Paris (Salvator), fait du public des pèlerins du Moyen Âge, qui décryptent peu à peu le message de Notre-Dame comme on lirait un livre. Elle ne se prive pas de reprendre les mots de Victor Hugo : « Chaque face, chaque pierre du vénérable monument est une page non seulement de l’histoire du pays, mais encore de l’histoire de la science et de l’art. »
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Une lecture à laquelle l’intervenant Henri d’Anselme, qui lui succède sur scène, s’est attelé lors de son tour de France sur le chemin des cathédrales. L’animateur du compte « Le chant des cathédrales » veut y voir une symbolique encore plus large : « Ces monuments parlent aussi à un ensemble, à la communauté, à la nation. Ils sont le symbole d’un projet commun. » Face au public, il se remémore la cérémonie d’ouverture où il était convié par Emmanuel Macron : « Ce soir-là, tous les géants de ce monde étaient présents pour célébrer Notre-Dame. » Pour le jeune homme de 26 ans, un tel rassemblement est un signe d’espérance, comme le sont aussi ceux qui ont participé à faire renaître la cathédrale de ses cendres : « Nous, la jeune génération, devons apprendre à nous engager sur le temps long pour un idéal ! »
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Un appel auquel Raphaël et Loïc ont justement répondu en participant à seulement 32 et 23 ans à l’un des plus grands chantiers de l’histoire : « Nous avons osé rêver de cette grande aventure de la reconstruction de Notre-Dame ! » Raphaël a été charpentier, Loïc conducteur de travaux avant de commencer une formation de tailleur de pierre : « Notre-Dame m’a permis d’être cet apprenti que je rêvais d’être sur le chantier », témoigne Loïc. L’enthousiasme d’une telle aventure se fait encore sentir dans leur voix et ils saluent un travail « millimétré, à la minute près » tout en rendant hommage à celui qui a œuvré jusqu’à sa mort accidentelle : le général Jean-Louis Georgelin.
« Après la reconstruction de Notre-Dame, nous devons garder les yeux rivés sur l’artisanat français ! »
Ensemble, ils osent qualifier l’incendie du 15 avril 2019 de « bénédiction » pour les métiers de l’artisanat qui ont retrouvé leur noblesse : « La France a eu les yeux rivés sur nous pendant ces années, mais cela ne doit pas cesser ! Désormais, il faut transmettre ces savoir-faire. » Une alerte qu’ils lancent aussi pour l’ensemble du patrimoine religieux : « Des petites Notre-Dame, il y en a des milliers d’autres en France, nous avons le devoir d’en prendre soin. »
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Intercalé entre ces interventions, un extrait du spectacle La Couronne de Notre-Dame est joué par la compagnie Au clair de plume, du lycée de Saint-Dominique, au Pecq (Yvelines). Perchées sur des échasses, deux lycéennes-cigognes, masque sur le visage, font tressaillir de rire le public. Les volatiles visitent la cathédrale, rencontrent les pigeons parisiens, et assistent même à un numéro de danse et d’acrobatie. « Cette soirée se devait d’illustrer l’engagement artistique des plus jeunes, explique Camille Renard, présidente de l’association des Éveilleurs. Voilà pourquoi nous avons fait le choix de faire intervenir ces talents. »
Plus qu’un retour sur cinq ans de chantier, cette soirée a été l’occasion pour les intervenants d’inviter le public à se tourner vers l’avenir… Notre-Dame est éternelle.
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