
« Coalition des volontaires. » C’est le nom trouvé par Emmanuel Macron lui-même pour désigner les quelque 30 pays de l’Union européenne et de l’Otan qui se sont réunis à Paris jeudi dernier. Le terme n’est pas nouveau, et il rappelle hélas de biens mauvais souvenirs. Cela remonte à l’époque de l’invasion de l’Irak, en 2003. « Coalition of the willing » était alors le terme utilisé par George W. Bush pour désigner ceux qui soutenaient les États-Unis dans cette aventure. Y figuraient 48 pays dont certains, comme les Îles Marshall, la Micronésie, Palau et les Îles Salomon, n’avaient même pas d’armée, mais dépendaient intégralement de l’aide américaine.
Publicité
La suite après cette publicité
Il s’agissait d’offrir un semblant de légitimité à une guerre en réalité illégale et qui n’avait obtenu aucun mandat de l’Onu, entre autres, en raison du veto français. On pourrait dire que cette fois-ci, son usage par Emmanuel Macron comporte aussi certaines ambiguïtés qui le font ressembler à un slogan vide. Les volontaires se rassemblent, en effet, ils donnent de la voix, mais ce ne sont pas eux qui écrivent l’histoire ni qui négocient la paix. Donc finalement, à quoi cela sert-il ?
Une nouvelle aide de 2 milliards d’euros
Reçu mercredi soir à l’Élysée par Emmanuel Macron, Volodymyr Zelensky était bien sûr présent à ce sommet, le troisième organisé par les Européens depuis l’humiliation du président ukrainien par Donald Trump et J. D. Vance dans le Bureau ovale. Le but était d’élaborer les modalités des garanties de sécurité à apporter à Kiev après le cessez-le-feu qu’Américains, Russes et Ukrainiens négocient. Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé la fourniture d’une nouvelle aide de deux milliards d’euros à l’Ukraine. Son activisme vis-à-vis de l’Ukraine et sur la scène internationale depuis l’arrivée de Trump au pouvoir lui aura permis de retrouver un sens à son mandat très mal embarqué depuis la dissolution, et de faire émerger une vraie réflexion sur l’indépendance stratégique du Vieux Continent. Employant un ton beaucoup plus nuancé que lors de ses déclarations précédentes, Emmanuel Macron insiste désormais sur une « approche pacifiste », rappelant que la meilleure garantie de sécurité pour l’Ukraine reste l’armée ukrainienne elle-même, ce qui permet de remettre en arrière-plan la proposition d’envoi de troupes françaises et britanniques qui pose problème en raison de notre appartenance à l’Otan, un casus belli pour les Russes. Les Européens entendent finaliser leur aide future à cette armée avant même que la médiation américaine n’arrive à conclure un cessez-le-feu global, ce qui pourrait nécessiter encore un certain temps.
N’étant pas à la table des négociations, l’Europe n’entend pas pour autant figurer sur le menu. Elle vient de se rendre compte dans la douleur qu’aux yeux des Américains, avec la nouvelle administration, ses pays membres n’étaient plus des alliés, mais des clients.
« – Je détesterais payer pour l’Europe une nouvelle fois.
– Je partage votre mépris des profiteurs européens, c’est pathétique. »
La suite après cette publicité
Cet échange entre le vice-président américain, J. D. Vance, et son secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, au moment des frappes sur le Yémen, révélé par l’incroyable ajout d’un journaliste à la boucle Signal du gouvernement, est une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que l’Europe ne peut désormais plus compter que sur elle-même. Elle espère pouvoir enfin parler d’une seule voix sur un conflit qui se déroule sur son sol, ce qu’elle n’est pas parvenue à faire jusqu’à présent. « La Russie doit accepter un cessez-le-feu de trente jours en Ukraine sans conditions préalables », a expliqué le président français. Là aussi, comme pour l’« approche pacifiste », c’est une nouveauté. Il y a quelques semaines, pour Macron, le cessez-le-feu n’était pas acceptable. Plus tôt dans la guerre, on se souvient également que l’usage des mots « négociation » et « paix » vous arrimait automatiquement au camp des « Munichois », des « traîtres » ou des « prorusses ».
L’Europe ne peut plus désormais compter que sur elle-même
Terminer cette guerre
Les temps changent. L’initiative de Donald Trump sur l’Ukraine est loin d’être encore couronnée de succès, mais elle aura eu le mérite qu’aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut terminer cette guerre, que prolonger le conflit n’apportera rien d’autre qu’un océan de souffrances supplémentaires aux Ukrainiens. À ce stade, la meilleure façon de les aider est très certainement de leur garantir la paix.
Source : Lire Plus