
«Bouleversés. » Le mot est faible. Les parents de Thomas, ce jeune rugbyman de 16 ans poignardé à mort lors d’un bal à Crépol en novembre 2023, n’en reviennent pas. Non pas de l’attaque barbare qui a coûté la vie à leur fils – ce cauchemar-là, ils le revivent chaque jour – mais de l’affront supplémentaire : la parution du livre Une nuit en France, anatomie du fait divers qui a déchiré le pays. Un ouvrage signé de deux journalistes et d’une scénariste – qui, manifestement, n’a pas résisté à la tentation de tout scénariser. À commencer par l’histoire elle-même. Les victimes deviennent les suspects. Les agresseurs, les victimes. Un retournement glaçant, maquillé en enquête.
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Ce vendredi 28 mars, les parents de Thomas sont sortis du silence. Par la voix de leur avocat, ils dénoncent une « plaidoirie avant l’heure », des passages « très gênants », des propos « incompréhensibles » et une volonté manifeste de minimiser la gravité des faits. Le livre ? « Une entreprise de banalisation de la violence, de l’omerta, de la victimisation des mis en cause ». Une sorte de manuel de déconstruction. À Crépol, la mémoire est vive, les cicatrices ouvertes. La présidente de l’association des victimes ne mâche pas ses mots : « Encore une fois, c’est nous qui passons pour les méchants. C’est hallucinant. On passe une soirée tranquille, on se fait attaquer, on témoigne… et on devient le problème ! » Voilà le monde à l’envers. La réalité réécrite, les rôles inversés.
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Pendant que la justice tourne en rond, les journalistes lyssenkystes avancent
Thomas, 16 ans, est mort d’un coup de couteau en plein cœur lors d’un bal d’hiver, dans un village paisible de la Drôme. Une fête, des jeunes, de la musique. Et puis, la violence. Des agresseurs venus du quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère. Et selon plusieurs témoins – neuf exactement – les attaques visaient clairement des Blancs. Neuf témoignages, tous mystérieusement disparus du dossier. Écartés. Effacés. Comme si parler de racisme anti-Blancs restait, en 2025, un tabou insupportable.
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Pendant que la justice tourne en rond, les journalistes lyssenkystes avancent. Plateaux télé, chroniques, interventions : ils relativisent l’agression. « Ils ne sont pas venus pour agresser, ils sont venus… avec des couteaux. C’est différent. » Mais bien sûr. Ils accusent les victimes d’avoir provoqué. Ils reconnaissent des insultes racistes… pour mieux affirmer que le racisme anti-Blancs est un « concept d’extrême droite ». Une fiction, une illusion. Circulez. Et, comble de l’indécence, ils s’apitoient sur la supposée stigmatisation du quartier d’origine des agresseurs. À ce niveau-là, ce n’est plus de l’aveuglement. C’est un mépris froid et méthodique.
Et l’enquête, elle ? Elle piétine. Quinze mois après, toujours pas de certitude sur l’auteur du coup fatal. 350 auditions. 14 mises en examen, dont trois mineurs. ADN, vidéos, expertises… Et pourtant, les policiers le savent : les mis en cause connaissent le meurtrier. Mais personne ne parle. Parce qu’être une « poucave », c’est pire que tout. Mieux vaut protéger un tueur que briser l’omerta. Voilà où nous en sommes.
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À ce jour, une seule condamnation dans cette affaire. Une. Et elle ne vise pas un agresseur. Elle vise… Éric Zemmour. Le président de Reconquête a écopé de 9 000 euros d’amende pour « injure raciale », après avoir déclaré : « Ce sont toujours les Thomas qui tombent, et ce sont toujours les Chahid qui les tuent. » Une phrase brutale ? Oui. Mensongère ? Non. Le JDD l’avait révélé à l’époque : parmi les mis en cause figurent Ilyes, Yasir, Mathys, Fayçal, Kouider, Yanis… et Chaïd. Des prénoms qui, n’en déplaise à certains, disent quelque chose de notre époque. Éric Zemmour l’a dit, il a été condamné. Dans cette affaire, on ne juge plus les faits. On juge les mots. Et ceux qui les prononcent.
Et pendant ce temps, les parents de Thomas tentent de survivre. De tenir. De choisir, chaque jour, « la vie plutôt que la haine », selon leurs mots. Leur fils n’est plus là. Quatre autres jeunes sont encore suivis médicalement. Des mères traumatisées, des ados marqués. Et face à ce désastre, certains journalistes s’empressent d’écrire leur version, avant même la fin de l’enquête. Une précipitation suspecte. Une entreprise de confusion. Une tentative de réécriture.
Les proches de Thomas envisagent d’ailleurs des suites judiciaires contre ce livre. Et ils ont raison. Mais qu’ils sachent ceci : malgré le tapage médiatique, malgré les invitations, malgré les efforts pour maquiller la vérité… ce livre n’a convaincu presque personne. 315 exemplaires vendus la première semaine. C’est tout. Le mensonge ne fait pas recette. Et la vérité, elle, finira par éclater.
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