
Le ministère public a requis vendredi la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, contre Mounir Boutaa, pour « l’assassinat » en mai 2021 de son épouse Chahinez Daoud, brûlée vive à Mérignac, près de Bordeaux. Le 4 mai 2021, ce maçon franco-algérien avait épié sa victime, tapi dans un fourgon toute la journée, avant de lui tirer une balle dans chaque jambe, de l’asperger d’essence et d’y mettre le feu. Un « acharnement meurtrier destiné à exterminer », qui a marqué « profondément toute notre société », selon l’avocate générale de la cour d’assises de la Gironde, Cécile Kauffman.
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Tout au long des débats, cet homme aujourd’hui âgé de 48 ans a maintenu qu’il voulait « lui faire la peur de sa vie » mais sans la tuer. « Paranoïaque » et aux « traits narcissiques », il a continué d’affirmer que sa femme lui était infidèle, déplorant que son amant n’ait pas été convoqué à l’audience. Malgré son discernement altéré, l’avocate a réclamé, « exceptionnellement », « d’écarter la diminution de peine » prévue à cet effet, notamment en raison de sa dangerosité. Le parquet a par ailleurs retenu la préméditation.
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Elle « vivait dans la peur »
Le calvaire de la victime, mère de trois enfants (dont deux issus d’une première union), a été raconté à l’audience par ses proches. Elle « vivait dans la peur » et se savait condamnée, ont témoigné des amies. Son téléphone était vérifié, son compte Facebook contrôlé et ses papiers administratifs déchirés par son mari pour l’empêcher de travailler. Elle « n’avait aucune liberté, sauf de se déplacer en sa compagnie […] Il voulait tout maîtriser : la façon de s’habiller, la façon de cuisiner », a dénoncé une sœur de Chahinez Daoud, relate l’AFP.
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Le ministère public a requis contre l’accusé le retrait de l’autorité parentale, une interdiction de port d’arme et un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec obligation de soins. En avril, ce sera au tour de l’État de répondre à ses manquements pour ce féminicide. Des négligences en série dans cette affaire ont été pointées dans un rapport accablant de l’Inspection générale de la justice et de l’Inspection générale de l’administration.
Depuis, cinq policiers ont été sanctionnés, dont le directeur départemental de la police de Gironde et le commissaire de Mérignac en poste à l’époque. Parmi eux figure également l’agent qui a mal enregistré la dernière plainte de la victime, le 15 mars 2021. Un mois plus tôt, il avait lui-même été condamné pour violences conjugales. Il a depuis été radié de la police. L’avocat des parents de Chahinez, Julien Plouton, réclame un million d’euros de dommages et intérêts à l’État pour ce fiasco judiciaire.
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