
Porter une Pequignet, c’est se démarquer… sans se faire remarquer, résume avec malice Hugues Souparis, le PDG de la marque. Et la formule est juste. Car si ce nom résonne moins que les géants du secteur, comme Rolex, Omega ou Breitling, il n’a pas grand-chose à leur envier. Si ce n’est leur rayonnement international… mais justement ! L’histoire de cette manufacture horlogère, fondée il y a plus d’un demi-siècle au cœur du Jura, poursuit sa montée en gamme et vise désormais un destin majuscule, depuis que le nouveau patron en a pris les rênes, en 2021, pour en redorer le blason. Convaincu par le potentiel de cette maison qui peut revendiquer d’être LA seule et unique manufacture de haute horlogerie française. Un statut réservé aux marques qui conçoivent, fabriquent et assemblent leurs « mouvements » sur leur sol. En ce sens, là où toutes les autres ont choisi l’exil, essentiellement en Suisse, Pequignet fait de la résistance. Un choix très fort, une vocation « made in France » même, qui a contribué à convaincre le président de la République de porter un modèle spécialement conçu pour l’Élysée !
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Mais rembobinons. C’est en 1973 qu’Émile Pequignet, un authentique enfant de Franche-Comté aussi autodidacte que passionné, se lance dans l’aventure, au cœur de Morteau, fief de la célèbre saucisse, perché à près de 1 000 mètres d’altitude. Mais dans un marché alors en pleine crise, le défi est des plus hasardeux. Face à l’apparition des montres à quartz – plus précises et moins chères à fabriquer – lancées par les Japonais (Seiko en tête), la concurrence helvétique et la délocalisation de nombreuses entreprises, la France perd une grande partie de sa production. « Un symbole ? Lip, autrefois fleuron de l’horlogerie française, fait faillite l’année même de la création de Pequignet », rappelle Hugues Souparis. Mais sans rivaliser avec les poids lourds de l’industrie, la petite Française tient bon.
D’abord grâce à un style propre, incarné par ses premiers boîtiers extra-plats. À l’image de la Concorde, son modèle iconique, avec ce bracelet en maillons biseautés, inspiré de l’obélisque de la place parisienne éponyme. Puis, en s’attaquant à l’univers des montres féminines, notamment via une gamme de bracelets interchangeables, véritable innovation à l’époque, et (surtout) la création de son modèle Moorea. Lancé en 1984, avec son petit boîtier rond et cette maille articulée si spécifique, il devient une véritable signature visuelle de la marque.
Après plusieurs périodes de turbulences, la marque prend un tournant décisif dans les années 2000, lorsqu’un certain Didier Leibundgut, lui-même petit-fils d’horloger, la rachète. Grâce à sa maîtrise des dernières technologies (acquises en Suisse), il crée, avec une petite équipe d’ingénieurs, un laboratoire de haute horlogerie. Et, « cocorico », ses ateliers étant (toujours) installés en plein cœur de notre beau Jura, Pequignet devient enfin – officiellement – une véritable manufacture… française !
En 2011, elle s’illustre en présentant une nouvelle collection de montres équipées de son premier mouvement maison : le calibre Royal. Une petite merveille de technologie, née après quatre années de travail acharné, suivie par quelques autres. La dernière en date ? Un tourbillon volant. « Il s’agit d’une complication extrêmement rare que seule une poignée de manufactures suisses maîtrise », se félicite l’actuel PDG. Un chef-d’œuvre intégré au cœur d’un boîtier en or rose de 18 carats, produit en seulement 24 exemplaires et vendus à 65 000 euros.
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La manufacture jurassienne poursuit sa montée en gamme et vise un destin
Outre ce modèle d’exception, la plupart des montres Pequignet, toutes frappées de la fleur de lys (son emblème), oscillent entre 1 400 et 20 000 euros. À ce jour, la marque annonce en vendre un peu plus de 2 000 chaque année. Un score encore modeste, certes, qu’Hugues Souparis promet néanmoins de « multiplier au moins par cinq à court ou moyen terme ». L’objectif ? Développer son réseau international. Déjà très populaire au Japon, Pequignet nourrit de grandes ambitions au Moyen-Orient et en Asie (hors Chine). Et avec un « ambassadeur » qui n’est autre qu’Emmanuel Macron en personne, le défi paraît plus qu’envisageable. Depuis octobre 2023, la marque a en effet été choisie par l’Élysée pour représenter l’excellence du savoir-faire horloger français. Pequignet a aussitôt lancé sa série spéciale, baptisée Attitude Élysée, en association avec la présidence de la République. Un modèle simple et élégant, commercialisé en série limitée numérotée à 300 exemplaires (à 3 500 euros), constellé du drapeau tricolore. Avec son cadran blanc, ses aiguilles bleues et son bracelet surpiqué de rouge… « Le président l’apprécie beaucoup et la porte souvent, souligne Hugues Souparis, et il l’offre même régulièrement en cadeau diplomatique. »
Du 1er au 7 avril prochain, Pequignet portera le « flambeau » de l’Hexagone au Watches and Wonders de Genève, le plus prestigieux des salons internationaux dédiés à l’horlogerie et auquel seules les véritables manufactures peuvent participer. L’occasion de présenter sa toute dernière pépite, la somptueuse Royale Paris, mais aussi et surtout de rappeler à tous que s’offrir une montre Pequignet, c’est choisir de porter un petit bout de France autour du poignet. Et ça… ça n’a pas de prix.
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