« L’islamisme aujourd’hui se comporte comme le fascisme d’hier ». D’après un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, 65 % des Français approuvent cette phrase signée Bruno Retailleau. Mais ce mercredi 26 mars au Palais des Sports, 100 % des 4 000 participants à la soirée « Pour la République… La France contre l’islamisme » organisée par le mouvement Agir ensemble, ont applaudi les paroles du ministre de l’Intérieur.
Accueilli par une standing ovation, le locataire de Beauvau introduit l’événement par un discours aux airs de meeting de campagne présidentielle. Le candidat à la présidence des LR prononce son « serment du Dôme » : « Ne jamais rien céder » face à l’islamisme. Explosion des actes antisémites après les massacres du 7 octobre, tacle à La France insoumise qui « tisonne les braises rougeoyantes de la haine des Juifs », critique du voile qui n’a « rien à faire dans les compétitions sportives »… le ministre de l’Intérieur multiplie les phrases chocs contre le « poison » islamiste.
Mais Agir ensemble n’a pas convié qu’un seul ministre d’État : à Retailleau l’ouverture, à Valls le discours de fermeture. Comme l’intégralité des intervenants de la soirée, les deux ministres mentionnent longuement le cas de l’écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis mi-novembre. « La meilleure façon d’encourager l’islamisme, c’est de lui céder. Ces mots, vous les avez reconnus, ce sont ceux de Boualem Sansal », clame le ministre de l’Intérieur avec émotion, tandis qu’une photo de l’auteur âgé de 80 ans apparaît sur l’écran géant. À la veille du verdict dans le procès de l’homme de lettres, la présidente du collectif Noëlle Lenoir succède à Bruno Retailleau. Elle décrit un homme parmi « les plus délicieux, bienveillants et utiles à la civilisation occidentale ».
Dix ans après les attentats de janvier et novembre 2015 et unis contre l’ennemi islamiste, de nombreuses personnalités défilent à la tribune sous les yeux de l’acteur et réalisateur Yvan Attal, du chanteur Enrico Macias, du président du Crif Yonathan Arfi, des députés Renaissance Constance Le Grip et Caroline Yadan, du maire de Nice Christian Estrosi ou encore du journaliste Bernard de la Villardière. Même si elle est concurrencée par les deux ministres, l’applaudimètre et les cris de soutien explosent lorsque la courageuse sœur de Samuel Paty, Mikaëlle, prend la parole et met en garde contre la menace islamiste. « Face à l’islamisme, le silence, l’inaction et l’indifférence sont autant de fautes morales commises par des indécis ou des indolents. La passivité n’offre aucune résistance à notre nation », alerte-t-elle.
Les femmes iraniennes, « totalement abandonnées » par les féministes occidentales ?
Dans le public, Quentin et Fanfan expriment leur admiration pour la « merveilleuse » Mona Jafarian, la cofondatrice de Femme Azadi, qui s’est exprimée lors d’un talk-show animé par la journaliste Eugénie Bastié. Fanfan confie avoir été marquée par l’expression d’ « idiotes utiles » employée par la conférencière, d’origine iranienne, pour parler des féministes qui ont « totalement abandonné » les femmes iraniennes et israéliennes. Lors de la même table ronde, la directrice de l’Observatoire européen des fondamentalismes à Bruxelles, Fadila Maaroufi, évoque le cas de la Belgique. « Là-bas, on ne peut même pas prendre la parole. En France on ose parler de djihadisme, vous avez des personnalités politiques courageuses », relate-t-elle, alors que la presse belge s’est insurgée de la dernière couverture du Figaro Magazine, dont le dossier dépeint une Belgique gangrenée par le wokisme et l’islamisme.
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Après l’appel à l’optimiste de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui déplore des discours trop remplis de « grisaille », le directeur général de l’Ifop Frédéric Dabi marque les esprits par la force des chiffres. « 30 % des moins de 25 ans perçoivent le terme islamisme de manière positive », rapporte-t-il. Le chiffre monte à 36 % chez les jeunes sympathisants de La France insoumise. La simple évocation du parti de Jean-Luc Mélenchon, d’ailleurs, provoque les sifflements et huées de la salle. Mais les Insoumis ne sont pas les seuls à ne pas être en odeur de sainteté sous le Dôme de Paris.
Le RN n’est pas le bienvenu
Aucun membre des partis de Jordan Bardella, d’Éric Ciotti et d’Éric Zemmour n’a été convié à ce grand raout contre l’islamisme – un combat pourtant au cœur des programmes de ces trois partis politiques. Contacté par le JDD, Julien Odoul, député RN de l’Yonne, réplique. Pour le vice-président du groupe d’amitié France-Israël, cet événement réunissait justement des personnalités qui « ont une part de responsabilité dans l’enracinement de l’islamisme en France » et qui sont dans le « commentaire, pour une inaction totale ». « Cela fait des années que Marine Le Pen et le RN demandent une guerre totale contre l’islamisme, cette idéologie mortifère et meurtrière. Depuis 2012 et l’attentat de Merah contre l’école juive de Toulouse, Marine Le Pen alerte sur le péril islamiste et sa progression partout en France. Que de temps perdu ! », ajoute-t-il le député, avant de fustiger « les mêmes mots, les mêmes discours stériles qui retombent après les envolées faciles à la tribune ».
Peu rancunière, la députée UDR Hanane Mansouri confie de son côté être « fière d’appartenir à une coalition UDR-RN qui a dénoncé très tôt le danger que l’islamisme représente pour notre pays et qui continue jour après jour à le combattre ».
Au même moment, le président du RN dîne avec le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli
À l’issue de l’événement, Quentin et Fanfan trouvent « dommage » de n’avoir invité aucun de ces trois partis et estiment qu’il aurait « fallu le faire ». Le sénateur LR Francis Szpiner, invité à l’événement, justifie quant à lui la décision d’Agir ensemble d’avoir fermé la porte aux trois partis. « Le RN n’est pas fondamentalement un parti laïc,assure-t-il au JDD. Parmi les valeurs de la République, il y a également la liberté d’expression et Boualem Sansal l’illustre parfaitement. Mais la complaisance du RN envers certains régimes autoritaires montre que la liberté d’expression n’est pas une des leurs. Je ne les ai pas entendus parler de Navalny ou de grands opposants au régime hongrois » , fait valoir le parlementaire. Et d’enfoncer le clou : « La défense de la liberté d’expression n’est pas une valeur à géométrie variable ».
Laurence, qui est venue à l’événement avec une amie pour « voir Bruno Retailleau pour la première fois », n’est pas « choquée » par cette exclusion. « LFI n’a pas été invité non plus à ce que je sache », balaie-t-elle. Le cordon sanitaire déployé dans le XVe arrondissement de Paris, ce soir du 26 mars, ne parvenait toutefois pas jusqu’en Israël : au moment même où se tenait ce grand raout, le président du Rassemblement national Jordan Bardella dînait avec le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli. Avec un objectif… le combat contre l’islamisme.
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