
C’est « une heure unique dans l’histoire » de l’humanité, affirme Charles Péguy dans ses Œuvres en prose. Selon lui, l’Annonciation est même « la dernière des prophéties », qui révèle « la fin d’un monde et le commencement de l’autre ». De fait, il y avait bien eu des prophéties auparavant, dans l’Antiquité biblique ou païenne, tel Virgile prédisant la venue d’une Vierge et d’un enfant, prélude à un nouvel âge d’or. Mais rien qui pouvait faire penser à l’avènement de la religion de Dieu fait homme, et les débuts d’une civilisation chrétienne qui remplacerait le vieil Empire romain. Pourtant, à ses débuts, ce bouleversement de l’histoire du monde se produisit sans éclat. Sobrement. Aucune enflure ni boursouflure dans le récit de cette jeune femme de Nazareth, aux confins de l’empire, qui prononce alors un « oui » décisif.
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L’acceptation de l’immaculée conception
Dans ce passage de l’Évangile tant de fois représenté par les peintres, l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va enfanter et concevoir un fils qui s’appellera Emmanuel, « Dieu avec nous », ou Jésus, « Dieu sauve ». Et la Vierge de répondre : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ». Ce qui peut se résumer par un mot de quatre lettres en latin, « fiat », c’est-à-dire un « oui » libre, sans contrainte ni réserve. À l’instant même, mystère infini, Marie reçoit en elle le Fils de Dieu, la deuxième personne de la Sainte Trinité. Neuf mois plus tard, ce sera la Nativité de Jésus à Bethléem.
On comprend dès lors que les chrétiens aient attaché une telle importance à la libre réponse de Marie, comme saint Bernard qui décrit les hommes suspendus aux lèvres de Marie, depuis Adam jusqu’à nous. Car de sa réponse dépend la libération : « Ô Vierge, hâtez-vous de la donner, cette réponse. Ô notre souveraine, dites la parole qu’attendent la terre, l’enfer et les cieux. »
La révélation de la Vierge Marie
Au Ve siècle, au terme de débats homériques, l’Église catholique s’est attachée à définir le privilège inouï de Marie comme Theotokos, c’est-à-dire « Mère de Dieu ». Car elle avait donné naissance à Jésus, vrai Dieu et vrai homme, venu dans le monde pour racheter les péchés des hommes et leur ouvrir les portes du Ciel. Plus tard, les papes et les rois encourageront la tradition, plus populaire, de l’Angélus, qui consiste à faire sonner trois fois par jour – matin, midi et soir – les cloches dans les villes et les campagnes, pour rappeler l’événement de l’Annonciation. Une prière qui porte le nom de ses premiers mots : « Angelus Domini nuntiavit Mariae » – « L’Ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie ».
L’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va enfanter
Aujourd’hui, chaque dimanche à Rome, le pape récite en temps normal l’Angélus à la fenêtre du palais pontifical, avec les fidèles présents sur la place Saint-Pierre. Enfin, il est intéressant de constater que ce n’est pas pur arbitraire si l’Église a fixé cette date au 25 mars. Les recherches archéologiques contemporaines, à travers les manuscrits de Qumrân, ont en effet permis de confirmer les dires de l’Évangile, selon lesquels la cousine de Marie, Élisabeth, femme stérile, était enceinte de six mois au moment de l’Annonciation. Car son mari Zacharie était alors de garde comme prêtre au Temple, et enregistré comme tel. Comme le dit l’ange Gabriel à Marie avant de la quitter, « rien n’est impossible à Dieu » !
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En partenariat avec France Catholique.
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