
À l’heure où règne une défiance généralisée des citoyens envers la démocratie représentative, il nous apparaît comme un impératif qu’enfin Paris, Lyon et Marseille accèdent à ce principe fondamental qui permet à chaque électeur de compter autant qu’un autre : un électeur, une voix. S’opposer par réflexe à ce principe va à l’inverse de ce qu’attendent nos concitoyens.
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À ce titre, il faut donc saluer l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale de la proposition de loi visant à permettre aux électeurs de ces trois grandes villes de voter pour une liste municipale unique. Ainsi, les habitants de ces villes pourront directement choisir leur maire, tout en désignant des conseillers d’arrondissement ou de secteur.
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Cette réforme est simple. Elle est démocratique. Elle ne coûtera rien aux contribuables. Elle ne tombe pas du ciel ou d’une vision partisane. Rendre l’élection des maires de Paris, Lyon et Marseille plus directe tout en préservant l’échelon de démocratie de proximité que sont les arrondissements, voilà l’enjeu, qui sonne d’évidence. Car cette réforme porte une conviction majeure : l’électeur ne peut pleinement se mobiliser pour exercer son devoir civique que s’il a l’intime conviction qu’il pourra réellement influer sur le résultat final, hors de toutes combinaisons d’appareil. La saine compétition, directe et transparente, voilà le remède contre les élections par défaut et le virus de l’abstention. Face à ce constat, il est donc légitime de s’interroger sur le tir de barrage dont cette proposition est l’objet depuis que le Premier ministre a annoncé son inscription à l’agenda de l’Assemblée nationale.
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Disons les choses, même si elles ne sont pas agréables à entendre : la méfiance de certains envers l’expression directe du suffrage est réelle. Elle vient de loin, de l’époque où les notables craignaient le peuple de Paris. Des notables de gauche comme de droite, qui préfèrent tenir le peuple à distance et éventuellement le corriger quand son choix électoral n’est pas satisfaisant. Cet état d’esprit continue d’inspirer une partie de nos élites qui ont peur des sentiments des électeurs. Elles préfèrent s’épargner ou amoindrir les conséquences directes du vote en empêchant l’expression directe des votants.
Les électeurs veulent que leur voix compte
À cette première raison, déjà discutable, s’ajoute une défense partagée, et profondément ancrée, des avantages acquis. Car à Paris, Lyon et Marseille, sous couvert de stabilité, le mode de scrutin actuel a créé et entretient une aristocratie municipale cooptée de manière fort peu démocratique et qui fait peu de cas du talent, du mérite ou plus simplement encore, de la bonne gestion. Un seul motif a justifié l’établissement le 31 décembre 1982 – pour des élections municipales en mars 1983 – du mode de scrutin actuel : préserver des rentes de situation. En compensation de sa résignation, le perdant de l’élection municipale est mis en droit de se replier sur des positions qui sont devenues au fil des décennies des baronnies.
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Quel démocrate peut encore aujourd’hui se satisfaire de ce type de fonctionnement ? Les électeurs n’en veulent plus d’ailleurs : ils veulent que leur voix compte.
Si nous refusons d’entendre l’aspiration des électeurs, si nous faisons de l’immobilisme le paravent de l’oligarchie, alors nous commettrons la faute suprême en démocratie : dénier à l’électeur le droit de demander des comptes à ses élus, refuser aux gouvernés le droit de choisir réellement leurs gouvernants. Bref, à Paris, Lyon et Marseille, l’enjeu n’est autre que de redonner du poids à la voix des électeurs.
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