« Bien sûr que je suis prêt à me mettre en danger pour protéger mon pays ! » Pour Clément, la question est déjà tranchée (et elle ne se pose même pas) : s’il était appelé sur le front, le jeune ingénieur de 25 ans répondrait présent sans hésiter. « Je suis volontaire pour défendre mon pays, mais si c’est pour des bonnes raisons, pas pour une question d’ego à l’international », précise celui qui, plus jeune, rêvait de devenir militaire. Un point de vue qui semble partagé par une part de plus en plus conséquente de la jeunesse française.
Alors qu’Emmanuel Macron a récemment pointé « la menace russe » qui pèse sur l’Europe et évoqué le retour d’un conflit sur le continent, une étude intitulée « #MoiJeune », réalisée par OpinionWay pour 20 Minutes, révèle en effet que 50 % des 18-30 ans seraient prêts à s’engager dans l’armée en cas de guerre dans l’Hexagone.
Mais, alors, que pense l’autre moitié de cette jeunesse ? « Que Poutine et Macron aillent sur leur site si ça leur chante, moi je ne me mettrai pas en danger pour eux ! », affirme par exemple Marine au JDD. Pour cette jeune femme de 28 ans, la guerre ne concerne pas vraiment les civils. « Ses enjeux sont bien au-dessus de nous », déplore-t-elle, affirmant qu’elle refuserait de prendre part à un conflit.
Une question de patriotisme
Si le fait de se battre pour sa patrie relève, pour certains, d’une idéologie dépassée, pour Marion, 28 ans, c’est tout l’inverse. « Ça coule de source ! Je risquerais ma vie pour défendre la France si la guerre arrivait. J’aime mon pays et je ne veux pas le voir courber l’échine face au géant Poutine, ou n’importe autre tyran d’ailleurs », explique la jeune vétérinaire au JDD. La situation en Ukraine conforte Marion dans son état d’esprit : « Heureusement qu’ils ont pris les armes pour se défendre, car personne ne le fera à leur place… »
Je ne serais que de la chair à canon si je m’engageais
Vincent, 22 ans
Pour la jeune femme, l’Union européenne ne suffit pas à assurer la sécurité de la France. C’est pourquoi elle partirait sans hésitation au front pour protéger ses parents, ses frères et ses « compatriotes », insiste-t-elle.Mais ce sentiment n’habite pas le cœur de tous les jeunes. S’il se revendique « patriote », Vincent, jeune homme d’origine portugaise (qui a choisi d’acquérir la nationalité française à l’adolescence), refuserait par exemple de mettre sa vie en danger pour le pays.
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« Oui, j’aime la France, mais je ne suis pas prêt à mourir pour elle », confie-t-il. Avant de développer son point de vue : « Ce n’est pas fait pour tout le monde d’aller à la guerre, de prendre des armes, de tuer quelqu’un, même un ennemi. » Selon le jeune homme de 22 ans, les conditions physiques et psychologiques nécessaires à l’engagement militaire ne sont, en effet, pas à la portée de tous. « Je ne serais que de la chair à canon si je m’engageais dans le combat », estime-t-il.
Nouvelles approches de la guerre
Pour nombre des 18-25 ans interrogés par le JDD, la simple évocation du mot « guerre » provoque une réaction épidermique. « Je suis une pure pacifiste. À mon sens, la guerre ne mène à rien. Je refuse de prendre part à la violence, qui n’engendrera à son tour que de la violence », détaille Émilie, 24 ans. D’après la jeune graphiste, le combat physique n’est qu’une démonstration de force « puérile ». Selon elle, d’autres moyens que l’usage de la force existent afin de participer à l’effort de guerre – si celle-ci venait à arriver.
Aide humanitaire, collecte alimentaire, contribution financière… Voilà comment Émilie souhaiterait aider. « Je suis prête à payer pour la guerre avec mes impôts, mais pas pour acheter des armes », résume-t-elle. Par ailleurs, la jeune graphiste a déjà effectué plusieurs dons pour les victimes de la guerre en Ukraine.
Apporter son soutien en temps de guerre, mais de manière différente : c’est aussi cette volonté qui anime Valentin. Si le jeune homme est, pour sa part, prêt à s’engager dans l’armée, il ne souhaiterait pas forcément y combattre. « Évidemment que si la France a besoin de moi, je viendrai ! J’aiderai de n’importe de quelle manière, mais j’aiderai. Il y a mille façons de participer dans l’armée », assure le comptable de 25 ans, qui liste pêle-mêle les domaines de la cybersécurité, de la stratégie ou encore de la santé.
Je refuse d’offrir ma vie à des bouchers !
Rodolphe, 26 ans
D’après Valentin, un service militaire devrait être réinstauré, mais sous une nouvelle forme. « Le sentiment d’unité nationale a disparu. Le service militaire pourrait nous rassembler autour d’un objectif commun. Qu’importe d’où tu viens : tu es Français, t’y vas », argue le jeune homme, trop fier de son pays pour l’abandonner face à la guerre.
S’engager comme réserviste
Engagée comme réserviste depuis ses 18 ans, Charlotte ne craint pas d’aller combattre. « Depuis deux mois, on nous prépare à une potentielle guerre. Quand tu portes l’uniforme, c’est ton devoir d’aller au front pour protéger les civils », affirme-t-elle fièrement, indiquant que gendarmerie envisage même de refaire passer les épreuves sportives et les entraînements au tir.
« C’est à nous, les jeunes, de nous mobiliser », clame la jeune réserviste. Si elle concède avoir des craintes, Charlotte a confiance en ses capacités « physiques et intellectuelles » afin de combattre l’ennemi. D’autres, à l’inverse, sont hantés par la possibilité de mourir en prenant part au conflit. « Très honnêtement j’ai peur des adversaires d’en face, je ne veux pas me jeter dans la gueule du loup », avoue par exemple Rodolphe, qui ne s’engagerait dans l’armée sous aucun prétexte.
Je risquerais ma vie pour défendre mon pays
Marion, 28 ans
Le jeune électricien de 26 ans, qui assure ne « pas pouvoir » tuer quelqu’un, ne se reconnaît « ni dans la politique ni dans l’idéologie » françaises. « Si c’est la guerre en France, je me barre ! », promet encore Rodolphe. Et de conclure : « Les réservistes ne sont que de la chair à canon. Et je ne veux pas offrir ma vie à des bouchers ! »
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