
Pendant douze jours, il a semé la mort, la haine, la terreur, l’ignominie, Mohamed Merah, 23 ans, franco-algérien, dernier enfant d’une fratrie de cinq composée de deux soeurs et trois frères. Il a grandi dans un climat de violence conjugale, d’intolérance religieuse et d’antisémitisme. Plusieurs fois condamné, il s’est défini tel un autodidacte de l’islam, qui a lu le Coran « seul en prison ».
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Tout commence le 11 mars quand, à Toulouse, il tue d’une balle dans la tête, tirée à bout portant, un sous-officier. Quatre jours plus tard, à Montauban, il assassine deux autres militaires ; il se filme, et il fait le chiffre 3 avec sa main pour indiquer le nombre de ses victimes avant de s’enfuir en scooter en hurlant « Allah akbar ». Le 19 mars, c’est une tuerie à l’école juive Ozar Hatorah, à Toulouse à nouveau. Armé d’un 11,43 et d’un pistolet-mitrailleur de type Uzi, il tue un enseignant et ses deux enfants. Puis, en rentrant dans la cour d’école, il plaque à terre la fille du directeur, âgée de huit ans, et, froidement, lui tire une balle dans la tempe. Jeudi 22 mars, fin de matinée. Un groupe du RAID se prépare à l’assaut.
Des échelles sont tirées aux différentes fenêtres de l’appartement de Mohamed Merah de manière à assurer la protection de la colonne qui progresse à l’intérieur. Au JDD, Frédéric Péchenard, le directeur général de la police, confie : « J’aurais évidemment préféré que Merah soit arrêté vivant (…) Mais on s’est retrouvé dans une situation de blocage avec un forcené puissamment armé, qui a déjà blessé deux policiers (…) On est donc entré dans une phase de négociation (…) Au début, il est d’accord pour se rendre, et on ne fait rien d’autre que de l’écouter (…) Et puis, mercredi, à 22 heures 45, changement de ton. Il nous dit : ‘‘J’ai réfléchi, je mourrai les armes à la main, et il vous faudra venir me chercher.’’ »
Son passage à l’acte relève davantage d’un problème de fanatisme que d’un simple parcours djihadiste
Jeudi matin, donc. À 11 heures 27, une longue fusillade commence. Le dernier coup de feu retentit à 11 heures 32. Merah a reçu au moins vingt projectiles sur le corps, sur les bras, sur les jambes, avant d’être touché mortellement sur le côté gauche du front et dans l’abdomen. Le JDD met l’accent sur l’effrayant testament de Mohamed Merah qui s’est dit « fier d’avoir mis la France à genoux », qui avait un besoin narcissique de se mettre en valeur, qui encore a avoué « avoir voulu commettre des attentats sur Paris mais qu’il avait choisi de commencer à Toulouse » et qui, enfin, a révélé que « les Arabes sont nés pour détester les juifs et venger les enfants palestiniens. »
Un fait paraît certain : son passage à l’acte relève davantage d’un problème de fanatisme que d’un simple parcours djihadiste. « Al-Qaïda est une nouvelle religion », affirme au JDD, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po. Il ajoute : « Il y a eu chez Mohamed Merah la volonté de projeter sa propre dérive dans quelque chose qui sublime, anoblit. »
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