Lotus fermé, cobra, pince debout, chien tête en haut ou table inversée : le pays le plus peuplé du monde (1,4 milliard d’habitants) veut croire que ces postures de yoga auront une destinée olympique. « Le yogasana* est l’une des huit branches du yoga et il a toute sa place aux Jeux, m’assure la Britannique Bridgett Ane, 11e des premiers championnats du monde en 2013 et désormais juge-arbitre internationale. L’aspect spirituel reste totalement intégré en compétition et puis yoga, qui veut dire “union” en sanscrit, c’est aussi la recherche d’une harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme. On est totalement en phase avec les valeurs de partage et de paix de l’olympisme. »
Depuis la création en 2013 à Lausanne de l’« International Yoga Sport Federation », la discipline, qui compte près de 300 millions d’adeptes sur la planète, a musclé son jeu. Vingt pays vont participer au prochain championnat du monde en Malaisie, les 5 et 6 avril, et le niveau est en constante progression. La formule de la compétition est simple : 84 postures répertoriées et divisées en six groupes de compétences. L’athlète doit tenir chaque posture pendant trois à cinq secondes et boucler sa routine en trois minutes chrono.
Les juges évaluent les pourcentages de difficulté et d’exécution mais aussi l’élégance, la respiration et l’expression. « L’effort pour maintenir les postures et les enchaîner avec fluidité est puissant, précise Kelly Plaquet, double championne de France et 17e au championnat du monde en 2023. Il faut combiner à la perfection souplesse, force et équilibre tout en maîtrisant le temps, faire preuve de stratégie dans le choix des figures à chaque passage. »
Paradoxalement, les podiums ne sont pas trustés par les Indiens. Plus de deux cents associations et fédérations ont longtemps organisé, chacune de leur côté, des championnats parfois folkloriques, quand les États-Unis, l’Italie, le Mexique ou la Suède raflent la plupart des médailles grâce à des équipes quasi-professionnelles financées par de généreux sponsors. « Cela fait toute la différence, ajoute Bridgett Ane. Intégrer le programme olympique permettrait aux nations émergentes de se structurer et au yoga sportif de se développer. »
Pour entrer dans la grande famille olympique, le CIO exige notamment que la discipline soit pratiquée sur les cinq continents et qu’elle puisse avoir une résonance auprès de la jeunesse. Si l’Inde obtient l’organisation de l’édition 2036, elle compte également proposer en sports additionnels le cricket, le squash, les échecs, le « kabaddi », un sport de contact qui combine rugby et lutte, et le « kho kho », un jeu de touche entre deux équipes, chasseurs et défenseurs.
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Mais, à ce stade, des doutes demeurent sur sa capacité à organiser un tel événement, d’autant que sa culture sportive reste limitée. Le cricket, le sport national, cristallise l’audience et la majeure partie des subventions, empêchant les autres disciplines de se développer. Conséquence, lors des JO de Paris 2024, le géant démographique n’a décroché que six médailles et aucune en or. En concurrence avec le Chili, la Pologne, la Turquie et l’Indonésie, l’Inde devrait être fixée sur son sort d’ici à la fin de l’année.
*Le yogasana, reconnu en 2020 par le ministère indien des Sports comme pratique sportive de compétition, met l’accent sur l’aspect physique du yoga.
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