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Société
Laurent Wauquiez
24/03/2025 à 06:32

ZAN, DPE, ZFE… Derrière ces sigles dont l’administration française est si friande ne se nichent rien d’autre que l’interdiction de construire, l’interdiction de louer et l’interdiction de circuler. Pendant que les États-Unis innovent et que la Chine produit, l’Europe et la France réglementent. Cette surenchère de normes ne peut entraîner que la colère sociale, la fracture territoriale et le suicide économique. Tout en passant à côté du premier défi environnemental : la dépendance aux importations polluantes, qui représentent 53 % de notre empreinte carbone.
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Depuis 2021, 42 agglomérations sont contraintes par la loi d’instaurer des « zones à faibles émissions » qu’il serait plus exact d’appeler des zones à « forte exclusion ». Le critère retenu pour être autorisé à pénétrer ces citadelles est ubuesque. Nommé poétiquement « Crit’Air », il repose sur l’année de mise en circulation des véhicules : un 4×4 chinois acquis récemment pourra donc être autorisé alors qu’une petite voiture diesel achetée en 2010 ne le sera plus.
Qui en sont les premières victimes ? Les classes moyennes qui n’ont d’autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler ou se faire soigner. Ces mêmes Français qui s’acquittent déjà de 120 % de taxes sur les carburants et n’ont pas les moyens d’acheter un nouveau véhicule, a fortiori électrique. Il faut entendre cette mère de famille craignant désormais une amende de 135 euros si elle emmène son fils à l’hôpital.
Instaurées dès 2019, ces ZFE relèvent de la même logique qui avait inspiré à Édouard Philippe les 80 km/h. Prétendant faire le bien des Français contre leur volonté, la technocratie humilie un mode de vie dont elle ne soupçonne pas l’existence, si elle ne la réprouve pas. Une consultation du Sénat avait conclu au rejet massif des ZFE par les Français et onze villes allemandes viennent d’ailleurs de les supprimer. Mais la France semble continuer sur sa folle lancée. Eh bien, il faut y mettre un terme. Dès lundi, les députés de la Droite républicaine proposeront à l’Assemblée nationale de suspendre immédiatement les ZFE.
Le terrain a été laissé aux extrémistes qui ne promettent que la désindustrialisation, la décroissance, la dénatalité
Et il ne faut plus rien céder aux idéologues qui les inspirent. Par lâcheté, le terrain a été laissé aux extrémistes qui ne promettent que la désindustrialisation, la décroissance, la dénatalité. Ils s’opposent à tout : à la ligne de fret Lyon-Turin qui retirera un million de camions des vallées alpines, à notre industrie et à notre agriculture pourtant parmi les plus respectueuses de l’environnement au monde, à nos centrales nucléaires alors qu’elles n’émettent pas de CO₂… Ils se livrent à leur propagande grâce à une myriade de relais administratifs comme l’Ademe ou l’énième comité dans lequel vient d’être nommée Dominique Voynet. Qu’ils soient libres de poursuivre leur militance, mais sans l’argent du contribuable.
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À cet écologisme idéologique, opposons une écologie positive. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons réduit de 43 % les particules fines dans la vallée de l’Arve par des mesures incitatives. L’heure est venue du patriotisme environnemental. Car la France est la moins polluante des vingt premières puissances mondiales : tout ce que nous produisons plutôt que de l’importer est bon pour la France et pour l’environnement. J’ai en tête les mots superbes de Simone Weil qui résumait ainsi sa manière d’aimer la France : « Ce sentiment de tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable. » Cet amour, il nous faut désormais le cultiver aussi bien pour l’environnement que pour la France.

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