
« L’Algérie n’a pas que des ennemies en France » : c’est sous ce titre que le journal El Moudjahid affiche, sur sa Une du dimanche 23 mars, les photos de quatre personnalités françaises considérées comme des « amis » d’Alger. On retrouve ainsi le chroniqueur télévisuel Jean-Michel Aphatie, le député La France insoumise (LFI) David Guiraud, l’ancienne ministre Ségolène Royal ainsi que l’historien Benjamin Stora.
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Dans l’article qui leur est consacré, le journal gouvernemental algérien dresse un parallèle entre la guerre d’Algérie et l’activisme de l’ « extrême droite » française, qui voudrait nuire à l’Algérie dans le contexte de fortes tensions entre les deux pays. Partant, El Moudjahid salue le « combat » contre le « racisme » et « liberté » qui distinguerait certaines personnalités françaises. « Au cœur des tumultes qui ont animé les rapports algéro-français pendant des décennies, des voix dissonantes ont toujours émergé pour montrer une autre direction que celle de la haine, du racisme et de la violence », souligne le média.
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Ségolène Royal s’est illustrée, écrit le journal, en évoquant la « dette morale qu’a la France envers l’Algérie ». Quant aux autres personnalités figurant en Une : Jean-Michel Aphatie a comparé la colonisation française en Algérie au Troisième Reich ; Benjamin Stora, chargé par le président de la République d’une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », est accusé par les contempteurs du régime algérien d’être trop conciliant à son égard ; enfin, David Guiraud a dénoncé l’action du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau face à la crise franco-algérienne, jugeant qu’il contribuait à « l’escalade des tensions ».
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L’opposition à Bruno Retailleau du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon est également louée par El Moudjahid, de même que le discours de Dominique de Villepin, qui déplore « le bras de fer » entre Paris et Alger.
Marchant dans les pas de Jean-Michel Aphatie, le journal établit un parallèle entre la France d’aujourd’hui et l’Allemagne nazie, considérant que « l’extrême droite » distille dans l’Hexagone une « ambiance Goebbelsienne ».
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Ce numéro d’El Moudjahid n’a pas manqué de faire réagir de l’autre côté de la Méditerranée : le député et patron de l’Union des Droites pour la République (UDR), Éric Ciotti, a commenté cette Une en ces termes, sur X : « La consécration pour Aphatie ! Remercié en Une du journal officiel de l’État-voyou algérien en reconnaissance des services rendus. »
Fondé en 1957, El Moudjahid, qui signifie en français « le Combattant », a été le principal porte-voix du Front de Libération National (FNL) durant la guerre d’Algérie. Décrit par l’AFP comme un journal gouvernemental, ce média s’en prend régulièrement à la France, sa classe politique ou ses médias. En décembre dernier, par exemple, il qualifiait le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de « défenseur inconditionnel de l’entité génocidaire sioniste », dans un article consacré à la supposée « meute » française qui « redoublerait de férocité contre l’Algérie ». Le mois suivant, El Moudjahid appelait le quotidien Libération à se « taire », l’accusant de « s’acharner » sur l’Algérie.
Ces attaques s’inscrivent dans la crise diplomatique entre les deux pays, liée à de nombreux dossiers : la question du Sahara occidental, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le comportement haineux de certains influenceurs franco-algériens, le refus par Alger de reprendre ses étrangers sous OQTF ou encore l’instrumentalisation du ressentiment anti-français par les autorités algériennes.
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