Pendant longtemps, le « derby de la Garonne » désignait les duels entre le Stade toulousain et le SU Agen. Les Agenais se languissant désormais en deuxième division et la nature ayant horreur du vide, la rivalité s’est reportée sur les matchs entre Toulouse et l’Union Bordeaux-Bègles. L’UBB a certes chuté lourdement en finale du championnat de France en juin dernier (59-3), mais les retrouvailles avec les Rouge et noir en septembre, lors de la 4e journée du Top 14, ont tourné à l’avantage des Girondins. Ils l’ont emporté pour la première fois de leur histoire à Ernest-Wallon (16-12) grâce aux essais de Louis Bielle-Biarrey et Maxime Lucu, qui viennent tous deux de participer brillamment à la campagne victorieuse des Bleus dans le Tournoi des Six Nations.
Ce soir (21 h 05 sur Canal+) dans un Matmut Atlantique plein de 42 000 spectateurs, Toulouse, leader du classement (65 points) a fait le choix de laisser ses internationaux au repos, contrairement à l’UBB (2e avec 60 points avant cette 19e journée). Grand nom du rugby, le troisième ligne Thierry Dusautoir a porté plus d’une décennie les couleurs de la ville rose. Mais, on l’oublie parfois, le meilleur joueur du monde 2011 a débuté à Bordeaux (au CABBG). Le consultant Canal+ est donc particulièrement bien placé pour parler de la confrontation entre les deux meilleures attaques du championnat et évoquer le trophée décroché par la France il y a huit jours.
Le JDD. La rivalité entre Toulouse et l’UBB est-elle à son sommet ?
Thierry Dusautoir. Oui, même si la finale, l’année dernière, n’a pas reflété le niveau de cette rivalité. On a deux équipes extrêmement compétitives. L’UBB a une ligne de trois-quarts qui n’a rien à envier à celle du Stade toulousain. On a des oppositions de très haut niveau. L’UBB a montré l’année dernière qu’elle avait encore besoin d’apprendre, mais l’équipe s’est renforcée de façon importante. Elle fait une belle saison malgré un petit passage à vide au creux de l’hiver.
Votre cœur balance-t-il pour Toulouse ? Ou votre histoire avec Bordeaux est-elle ancrée en vous ?
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(Rires.) J’ai débuté avec le CABBG, qui ne s’appelait pas encore l’UBB. Mais j’ai joué onze ans au Stade toulousain et j’en ai été le capitaine pendant huit ans. Mon cœur penche évidemment pour ce club. Même si, lors de mes prises de paroles sur Canal+, je fais attention de me montrer impartial !
Pourquoi le manager toulousain, Ugo Mola, a-t-il fait le choix de laisser ce soir les internationaux au repos (Ramos, Ntamack, Cros…) ?
Parce que la probabilité de se qualifier pour la phase finale du championnat est assez grande et qu’il faut faire souffler les internationaux qui ont livré de belles joutes pendant le Tournoi des Six-Nations. Il ne faut pas oublier non plus l’enjeu de la Coupe d’Europe. Cela permet à ces joueurs d’avoir une respiration physique et mentale avant le dernier sprint qui les amènera sur les phases finales, que ce soit en Coupe d’Europe ou en Top 14.
Après sa rupture des ligaments croisés face à l’Irlande, Antoine Dupont ne rejouera pas de la saison. Reviendra-t-il à son meilleur niveau ?
Son absence est une grosse perte pour l’équipe de France et pour le Stade toulousain. Au-delà de son impact sur le jeu, il motive ses coéquipiers. On l’a vu l’été dernier avec le titre olympique en rugby à VII. C’est un coup dur mais c’est une épreuve qu’il a déjà connue [en 2018, NDLR].
« Antoine Dupont doit prendre le temps de se régénérer mentalement »
Il a donc cette expérience-là. Il va bénéficier des meilleurs soins pour revenir le mieux possible. C’est quand même un joueur qui est sursollicité depuis de nombreuses années. C’est important qu’il prenne le temps de se régénérer mentalement.
Quand les internationaux Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey sont alignés, diriez-vous que l’UBB possède la meilleure paire d’ailiers du monde ?
En tout cas, c’est l’une des plus compétitives. Attention à ne pas oublier Yoram Moefana ou Nicolas Depoortère, car c’est toute la ligne des trois-quarts qui est « impactante ». Avec Romain Buros [à l’arrière], Matthieu Jalibert [à l’ouverture] et le stratège Maxime Lucu, l’équipe est extrêmement compétitive quand elle est au complet. Je ne suis pas surpris qu’ils alignent [ce soir] leur meilleure composition possible parce qu’ils sont talonnés par Toulon. Face au Stade toulousain, la victoire compte double !
Vous avez évoqué les Six Nations. Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu chez les Bleus ?
J’ai aimé la façon dont ils se sont relevés de la déception en Angleterre [défaite 26- 25]. Avec beaucoup de force et d’autorité, ils sont allés chercher la victoire en Irlande [42-27]. Ils se sont montrés forts sur les basiques, notamment la défense, et ont été prolifiques offensivement. On est sur une moyenne de plus de 40 points par match. C’est tout simplement exceptionnel.
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