Comme un parfum de campagne. Ce jeudi 20 mars, la déambulation de David Lisnard au salon des maires des Pyrénées-Orientales ressemble drôlement à celle d’un candidat en goguette. Photos, poignées, embrassades. « Eh beh, quelle popularité ! », s’amuse le maire de Saint-Marsal, petite commune du département.
Depuis plusieurs semaines, le président de l’Association des maires de France (AMF) apparaît régulièrement dans les médias. Signe que sa parole commence à compter, on ne l’invite plus seulement pour évoquer le quotidien des élus locaux, mais aussi pour aborder les grands sujets du moment. « Il monte en puissance ! » se gargarise un fidèle. Dans quel but ? Porter les couleurs de la droite en 2027 ? « À votre avis… », s’entend-on répondre sur le ton de l’évidence.
La question n’a pourtant rien de saugrenu : dans divers sondages ces derniers mois, la coqueluche de la droite libérale végète au fond du classement. Maigre consolation : David Lisnard pointe en tête des prétendants les moins connus. Gagner en popularité, s’installer dans le paysage, c’est tout l’enjeu du patron des maires. Et comme on ne change pas une recette qui gagne, le président du parti Nouvelle Énergie reprend depuis plusieurs semaines une stratégie éprouvée : quadriller le territoire.
Comme ce mercredi, au marché de Rungis, pour évoquer la question de l’alimentation et de l’agriculture autour d’une tête de veau et d’un verre de vin à 4h30 du matin. « Sans mauvais jeu de mots, ça ne prouve pas qu’il a vraiment faim », avance une figure LR. Comme lui, de nombreuses voix à droite le dépeignent en chiraquien velléitaire. À l’image de son prédécesseur à l’AMF, François Baroin, qui n’a jamais été à la hauteur des espoirs placés en lui. Un parallèle infondé, estime-t-on dans le cercle rapproché du Cannois : « La droite rêvait d’un grand destin pour Baroin, lui n’en a jamais voulu. »
L’enjeu : gagner en popularité, s’installer dans le paysage
Autre critique récurrente à son encontre : son côté hors-sol. « C’est facile de donner des leçons de bonne gestion quand ses administrés sont des vieux mâles blancs friqués », tacle un président de région. Une représentation légèrement fantasmée que David Lisnard doit régulièrement déconstruire. Encore ce vendredi matin, après cette prise de parole de Louis Aliot, le local de l’étape, en ouverture du salon des maires : « Perpignan n’est pas votre belle ville de Cannes. »
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Quand vient son tour, David Lisnard prend le temps de rappeler que Cannes ne se résume pas à la Croisette et aux paillettes et que le taux de pauvreté s’y élève à 21 %. Ceci posé, le patron des maires de France déroule un discours aux accents de campagne, glissant de la situation des collectivités locales à celle du pays. Et de dresser pendant une quinzaine de minutes le réquisitoire contre une France minée par l’impuissance publique et la crise de la démocratie. « On lui laissait quelques minutes en plus et il nous annonçait sa candidature à la présidentielle », plaisante un élu RN.
Il ne croit pas si bien dire. Sur la route qui le mène, l’après-midi même, dans une exploitation viticole de Rivesaltes, en périphérie de Perpignan, David Lisnard livre quelques confidences. « Oui, je me prépare à la présidentielle », concède-t-il, après moult circonlocutions. Lancé, David Lisnard abandonne bientôt toute précaution de langage. Non seulement il ambitionne de concourir à l’élection suprême, mais il imagine déjà le film : « Dans les trois mois de notre arrivée au pouvoir, la dépense publique aura baissé de 300 milliards d’euros. Nous diminuerons la dépense sociale de 10 % par an sur le quinquennat et réduirons considérablement l’écart entre le brut et le net », liste-t-il.
Partant, pourquoi renoncer à la présidence LR et se ranger derrière le ministre de l’Intérieur ? « Il s’agit d’élire le nouveau chef du parti, pas le futur candidat à la présidentielle », balaie le maire de Cannes. Et de parier qu’il faudra en passer par une primaire pour sélectionner le candidat de la droite et du centre en 2027 : « Que certains le veuillent ou non, nous n’aurons pas le choix », prédit David Lisnard. Bon courage pour convaincre Édouard Philippe.
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