Un tabou vient d’exploser. Pendant des années, on a préféré détourner les yeux. Pourtant, les chiffres étaient là, les alertes aussi. Mais entre lâcheté politique et déni idéologique, rien ne bougeait. Jusqu’à aujourd’hui. Réjouissons-nous que Gérald Darmanin décide enfin d’attaquer frontalement le sujet tabou des étrangers incarcérés. Jugez plutôt : la France compte 82 000 détenus pour seulement 62 000 places disponibles. Une surpopulation carcérale qui explose les compteurs à 130 %. Et au milieu de cette foule, près de 20 000 détenus étrangers, soit 25 % des prisonniers : précisément 3 068 ressortissants européens et 16 773 hors Union européenne. Cerise sur le gâteau, 686 prisonniers sont même d’une nationalité totalement inconnue ! Le constat est donc limpide : en renvoyant ne serait-ce qu’une partie de ces détenus dans leur pays d’origine, le problème de surpopulation carcérale disparaîtrait comme par enchantement.
Mais pour arriver à cette conclusion évidente, Gérald Darmanin a presque dû lancer une révolution au ministère de la Justice. Il a d’abord mis en place une mission spécifique consacrée aux détenus étrangers, une première absolue dans l’histoire de l’administration pénitentiaire. Une initiative révélatrice : il fallait visiblement rappeler à ce ministère qu’il n’est plus dirigé par Christiane Taubira depuis longtemps. Puis, le coup de grâce : cette fameuse circulaire qui impose désormais aux procureurs et directeurs d’établissements pénitentiaires de tout faire, systématiquement, pour organiser l’expulsion des étrangers dès la fin de leur peine. Mieux encore, certains pourront même purger leur condamnation directement dans leur pays d’origine. Oui, c’est une petite révolution Place Vendôme. Mais il était plus que temps.
Du reste, la véritable révolution de Gérald Darmanin réside dans la fin du consentement des détenus. Car expulser les détenus étrangers a toujours été un véritable casse-tête administratif. Mais selon le ministre, le problème majeur ne provient pas tant du pays d’origine que du détenu lui-même. Et c’est exactement ce qui va changer. Pour les ressortissants européens, un règlement communautaire existe déjà, mais étonnamment, la France ne l’applique quasiment jamais. Ce texte autorise les États membres à transférer les détenus vers leur pays d’origine sans avoir besoin de leur consentement. Quant aux détenus extra-européens, il suffirait simplement d’ajuster les conventions bilatérales pour leur ôter tout pouvoir de décision. Simple, clair, efficace.
Autre absurdité actuelle : saviez-vous qu’aujourd’hui, un détenu étranger peut renouveler tranquillement son titre de séjour depuis sa cellule ? Oui, vous avez bien entendu, et c’est complètement lunaire ! Une aberration que Darmanin veut immédiatement éradiquer en exigeant des parquets qu’ils appliquent enfin la loi immigration : toute personne condamnée, ou même simplement passible d’une peine de trois ans minimum, doit voir son titre de séjour retiré ou rétrogradé. Terminé les petites faveurs administratives derrière les barreaux.
Et Gérald Darmanin envisage même d’aller plus loin en réfléchissant à externaliser carrément l’emprisonnement à l’étranger, à l’image du Danemark qui envoie ses détenus au Kosovo. Pour l’instant, aucun obstacle juridique majeur ne semble s’opposer à ce projet audacieux. Et il n’est pas seul dans cette démarche : les Pays-Bas étudient une solution semblable au sein même de l’UE, tandis que la Suède explore des pistes hors Union européenne. Darmanin lui-même cherche désormais activement les pays susceptibles d’accueillir nos prisonniers étrangers.
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En tête, les Algériens (2 946 détenus), suivis des Marocains (1 437) et des Tunisiens (971)
Admettons qu’on force les détenus… Mais si les pays refusent de les reprendre, on fait quoi ? C’est là toute la question… Évidemment, la coopération avec les pays hors Union européenne reste un immense défi. En tête, les Algériens (2 946 détenus), suivis des Marocains (1 437) et des Tunisiens (971). Certes, les relations avec l’Algérie sur les expulsions sont aujourd’hui calamiteuses, mais cela ne doit en aucun cas empêcher la France de renforcer les coopérations avec d’autres pays qui comptent des condamnés pour trafic de drogue, proxénétisme, blanchiment ou criminalité organisée. Tout dépendra désormais de la volonté réelle du gouvernement.
Mais parlons franchement du cas algérien : c’est devenu LE casse-tête permanent des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Les Algériens dominent tous les classements en matière d’interpellations et de délits. Sur les 147 154 interpellations pour infractions liées à la législation sur les étrangers l’année dernière, 33 754 concernaient des Algériens. En prison, leur nombre a explosé de 117 % en une décennie. Le réservoir des expulsables Algériens est donc colossal. Pourtant, la coopération migratoire avec Alger n’a jamais été aussi désastreuse. Il faut changer cela !
En réalité, la surpopulation carcérale n’est pas qu’un problème administratif : c’est une véritable bombe à retardement. Cette situation pèse sur les agents pénitentiaires et freine toute stratégie efficace de lutte contre la récidive. De surcroît, la facture est salée : chaque détenu coûte en moyenne 120 euros par jour, soit plus de 40 000 euros par an aux finances publiques. Expulser ces étrangers condamnés serait donc aussi un geste fort pour les contribuables français. Et au-delà des économies réalisées, renvoyer ces détenus serait un message clair : la France ne tolère aucune impunité, particulièrement pour ceux qui n’ont pas vocation à y rester. Cette décision relève donc simplement du bon sens. Les tabous sont faits pour tomber. Celui-là vient de s’effondrer.
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