
Échec aux Dalmates ? Dans un Stade de France électrisé à l’idée de revivre un scénario à la France-Ukraine 2013 (battus 2-0 à l’aller, les Bleus s’étaient imposés 3-0 et qualifiés pour la Coupe du monde au Brésil), même si l’enjeu est évidemment tout autre, les hommes de Deschamps, et le sélectionneur lui-même, devront drastiquement hausser leur niveau d’exigence pour renverser la Croatie d’un Luka Modric toujours exceptionnel à bientôt 40 ans.
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Un sursaut d’orgueil
« Bien sûr que ce n’est pas un match comme un autre, a directement attaqué Aurélien Tchouaméni ce samedi 22 mars en fin d’après-midi dans l’auditorium du Stade de France. On n’a pas été au niveau à Split, on aura à cœur de montrer un autre visage. » Le milieu de terrain du Real Madrid est particulièrement bien placé pour tirer ce constat, lui qui a fait partie des joueurs les plus critiqués après le ratage de jeudi. À son image, l’entrejeu tricolore a failli dans à peu près tous les domaines, l’engagement, l’intelligence tactique, la justesse technique. « La force et l’envie seront là, forcément, veut croire Didier Deschamps. On joue à domicile devant 80 000 personnes. Il faudra les emmener avec nous, être efficaces et imperméables défensivement. » Imperméables tout court, d’ailleurs : juste avant la mise en place à huis clos, une soudaine averse orageuse s’est abattue sur la pelouse de Saint-Denis et un temps humide est attendu ce soir. De quoi réveiller des ardeurs parfois suspectes au match aller ? « Je ne vais pas faire de langue de bois, lâche Tchouaméni. Quand on joue tous les trois jours, la motivation n’est pas toujours la même. On a un match retour pour corriger nos erreurs. S’il y a une chose qui ne doit pas varier quand on porte le maillot de l’équipe de France, c’est l’envie de tout gagner, tout le temps. » En écho, le sélectionneur promet que ses joueurs « n’ont pas sous-estimé l’adversaire ». C’est le moment ou jamais de le vérifier, avec un retard croquignolet de deux buts qui ne semble pourtant pas affoler grand monde.
Il faudra emmener avec nous les 80 000 spectateurs
Didier Deschamps
Un regain offensif
Jeudi, Kylian Mbappé a fait un retour mitigé six mois après sa dernière apparition en Bleu. Le capitaine de l’équipe de France a beaucoup tenté et aurait pu marquer sans une parade exceptionnelle du gardien croate. Mais son influence n’a pas suffi à inverser le résultat. « J’ai trouvé Kylian très en jambes, impliqué, disponible, juge Deschamps, qui admet qu’on puisse ne pas être d’accord avec lui. Il assume son rôle. » On aurait aimé en discuter avec le principal intéressé, mais le capitaine ne s’est pas présenté face à la presse. Muet devant les buts depuis six matchs et un pénalty contre la Pologne à l’Euro, le Madrilène serait bien inspiré de remettre la marche avant : il n’est jamais resté sept rencontres sans conclure. On ne dira évidemment pas la même chose d’Ousmane Dembélé, délirant de facilité et d’efficacité depuis le début de l’année… sauf à Split jeudi, où on a retrouvé la version 1.0 de l’attaquant, brouillon et éparpillé sur le terrain.
Conséquence, « DD » devrait opérer plusieurs changements pour remettre ses offensifs dans de meilleures dispositions. Trop neutre, Guendouzi devrait laisser sa place à Koné et Rabiot, touché à un mollet et sans doute au moral après les banderoles du Parc des Princes à Camavinga. L’ondoyant Munichois Michael Olise pourrait prendre le couloir droit, plaçant Dembélé en pointe, et le Parisien Désiré Doué connaître sa première sélection – en cours de match. Mais quels que soient les choix du Basque, Tchouaméni se veut pragmatique : « Il faudra marquer vite. »
Un artiste à museler
Il fut sans conteste l’acteur principal de la première victoire à domicile de l’histoire croate face aux Bleus : Luka Modric, bientôt 40 ans, tout à la fois chef d’orchestre, soliste, contremaître et pompier d’une sélection qu’il incarne depuis deux décennies avec ses extérieurs du pied délicieux et ses retours défensifs de filou. « C’est un très grand joueur, qui a toujours été décisif, décrit Deschamps, répondant à une question du JDD. Pour se maintenir à ce niveau-là au Real Madrid, c’est un grand professionnel qui sait se gérer. Avant de l’annihiler, il faudra d’abord le limiter et être attentif à sa qualité de passe, son intelligence de déplacement et sa faculté à se mettre dans des zones neutres pour trouver des solutions de jeu. » Aurélien Tchouaméni, qui côtoie au quotidien le Ballon d’or 2018 chez les Merengue, n’a pas de mots assez laudateurs : « Luka est une légende du Real et du foot en général. C’est un plaisir et un honneur de profiter de chaque seconde avec lui sur et en dehors du terrain. Il est une formidable personne. » Pour anéantir définitivement tout excès de confiance, les Français convoqueront des souvenirs pas si lointains. Lors de leur dernière visite en 2022, déjà en Ligue des nations, les joueurs au maillot à damier s’étaient imposés 1-0. Le buteur ? Luka Modric, évidemment.
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