Le 9 mars dernier, Fobus, tiktokeur en qamis, se filme récitant le Coran dans l’église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg. Interpellé par une paroissienne, il prétend lire la sourate Maryam en hommage à Marie. Son interlocutrice lui rappelle alors ce qu’il ne peut ignorer : les musulmans rejetant absolument la Trinité comme « associationnisme » et ne considérant pas Marie comme la Mère de Dieu, son geste relève de la provocation et du sacrilège. Souriant et arrogant, Fobus lui rétorque qu’il s’agit de « respect entre les deux religions ». Ignorant la demande répétée qui lui a été faite de quitter les lieux, il lira la sourate quatre minutes durant. Une semaine plus tard, il commente son geste sur TikTok : « Un message de paix, d’amour et de tolérance entre le christianisme et l’islam. »
Le 17 mars, la mosquée de Strasbourg condamne son attitude, suivie par celle de Paris. Le vicaire général du diocèse de Strasbourg condamne également, remerciant la mosquée d’avoir réagi, tout comme Jean-François Bour, chargé des relations avec l’islam au sein de la Conférence des évêques de France.
Réactions attendues, certes, très surprenantes néanmoins. Pourquoi l’Église et la mosquée ont-elles condamné Fobus, alors que celui-ci n’a fait qu’imiter ce qu’organisent régulièrement les promoteurs du « dialogue islamo-chrétien », comme Efesia/Ensemble avec Marie, ou le père de La Hougue, curé de l’église Saint-Sulpice ? Pourquoi désavouer son geste alors qu’à l’initiative de prêtres eux-mêmes, et au nom du dialogue entre religions, l’appel à la prière islamique et la lecture de la Fatiha ont plusieurs fois retenti au sein des églises de France ? Quelques exemples pour rappel : le 21 mars 2015, la basilique de Longpont-sur-Orge accueillit entre ses murs l’arrivée d’un « pèlerinage islamo-chrétien » au son de l’appel à la prière, mêlé au son des cloches.
Le 1er décembre 2017, à l’église Saint-Bernard de Paris, on célébra la naissance de Mahomet. Le 22 mai 2019, à la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, l’appel à la prière islamique retentit. C’était, certes, dans le cadre d’un concert où l’on donnait L’Homme armé, messe pour la paix, dont la partition comporte un appel à la prière, mais les faits et la symbolique sont là : depuis la chaire de la cathédrale, un musulman attesta ce jour-là qu’Allah était le plus grand et qu’il n’était de divinité que lui.
Le 6 février 2022, des fillettes voilées chantèrent dans le chœur de l’église Saint-Sulpice de Paris, tandis que des imams au pupitre psalmodiaient la Fatiha. Un espace de prière pour les musulmans, évidemment orienté vers La Mecque, avait en outre été aménagé dans l’église. En 2023, pendant la cinquième semaine de Pâques, à l’église d’Orsay, une célébration islamo-catholique eut lieu, inaugurée par l’appel à la prière et le son des cloches. Le 11 novembre 2023, un appel à la prière résonna dans l’église parisienne de la Trinité, où on jouait L’Homme armé.
La suite après cette publicité
La liste n’a rien d’exhaustif mais suffit pour poser la question : de quoi se plaint donc l’Église, dont certains représentants ont organisé ces événements au nom du « dialogue islamo-chrétien », laissant la profession de foi islamique retentir dans ses lieux de culte tandis que la réciproque restait lettre morte ?
Certains clercs encouragent l’entrisme au sein des églises
Quant au recteur de la mosquée de Paris, qui a récemment inauguré l’école Ibn Badis et dont la mosquée abrite l’Institut Al Ghazali, établissements formant les futurs imams français, il sait que l’islam entend dominer le christianisme, lequel, selon lui, contredit le principe du tawhid, l’unicité divine. Tout comme le savent Khaled Larbi, premier imam de la Mosquée de Paris, ou Samir Benbouzid, formateur d’imams à Al Ghazali. Si Benbouzid maîtrise mal le français, son propos n’en est pas moins clair : « Quiconque le délaisse par triannie, Allah le brisera. Et quiconque cherche la guidance en dehors de lui, Allah l’égarera », dit-il dans une vidéo consultable sur la chaîne YouTube de la Grande Mosquée de Paris, intitulée « La Rencontre : l’importance du Coran (partie 1) ». La « triannie », donc. Reformulation désignant la Trinité, principe fondateur du christianisme considéré par l’islam comme une abomination, péché puni de mort en cas de conversion d’un musulman.
Il serait temps que l’Église s’interroge sur les motivations réelles présidant, du côté de l’islam, au fameux « dialogue islamo-chrétien ».
Source : Lire Plus