
La publication de l’ensemble des dossiers relatifs à l’assassinat du président John F. Kennedy, survenu en novembre 1963, ressemble au buffet à 10 dollars de la chaîne Golden Corral, ces restaurants qu’on retrouve le long des highways. Il y a de tout, ça n’a aucun sens, aucun goût mais on a quand même envie de se resservir et, surtout, tout le monde semble frustré en sortant de table.
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La déclassification, cette semaine, de quelque 80 000 documents sur le site des Archives nationales ravira les complotistes comme les plus candides des experts. Les théoriciens de la conspiration se sont ainsi jetés sur les quelques feuilles où le nom d’Israël est évoqué. Il s’agit là de fiches de contextualisation et il est de notoriété publique que Kennedy s’est toujours opposé à l’acquisition de l’arme nucléaire par l’État hébreu. Les plus farfelus – et souvent les plus antisémites – y verront donc la main du Mossad tandis que ceux qui, depuis des décennies, incriminent Lyndon B. Johnson, vice-président et successeur de JFK, n’apprendront rien de nouveau… Pour l’instant en tout cas ! Car il faudra des semaines voire des mois pour que toutes ces numérisations soient passées au peigne fin.
On apprend ainsi que le défunt président voulait « éclater la CIA en mille morceaux et les disperser dans le vent »
Que retenir dès lors de ces milliers de papiers, souvent illisibles ou à peine déchiffrables ? « Une grande décharge, très souvent impénétrable », pour reprendre les mots utilisés dans le New York Times par David J. Garrow, historien et spécialiste des agences de renseignement. Surtout, ils viennent compléter des millions de pages déjà publiées depuis les années 1990. La thèse officielle selon laquelle Lee Harvey Oswald – et encore aujourd’hui défendue par sa veuve Marina, toujours vivante – était un tireur isolé tient bon. L’un des fichiers contient ainsi la lettre d’un Russe qui affirmait avoir averti les responsables américains en août 1963 qu’Oswald se préparait à tuer le président… Un autre document indique que Lee Harvey Oswald était un piètre tireur, un fait abondamment repris dans le film JFK d’Oliver Stone sorti en 1993.
Certes, il est question de tensions entre Kennedy et la CIA. On apprend ainsi que le défunt président voulait « éclater la CIA en mille morceaux et les disperser dans le vent ». Mais pas de quoi, matériellement, dessiner une conspiration des renseignements américains, des Soviétiques ou des Cubains contre le démocrate.
La frustration qu’a pu engendrer la publication de ces archives fait suite à celle, il y a trois semaines, des « documents Epstein », du nom de ce milliardaire américain à la tête d’un réseau de trafic sexuel impliquant des mineures. Son suicide, en prison, en 2019, avait engendré de nombreuses théories du complot. Or, rien dans ce qui a été révélé par le ministère de la Justice n’est nouveau.
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En arrivant au pouvoir, Donald Trump avait promis une « transparence totale » sur ces affaires qui fascinent l’Amérique. Quitte à décevoir ceux qui attendaient des scoops. De quoi alimenter les théories conspirationnistes encore un bout de temps.
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