
Au printemps, la popularité d’Emmanuel Macron n’est pas encore en floraison, mais les bourgeons sont prometteurs. Pour le deuxième mois consécutif, la cote de satisfaction du président remonte, d’un petit point certes à 24 %, mais dans le même temps, la part de « très mécontents » reflue à 43 % (-4). Pour un chef de l’État structurellement impopulaire, l’éclaircie, même timide, alimente l’espoir de jours meilleurs. En forte progression chez les personnes âgées (+10), en progrès chez les cadres (+2), Emmanuel Macron rassure son socle électoral et prend 4 points chez ceux qui l’ont choisi en 2002. Porté par le chaos géopolitique ouvert par l’élection de Donald Trump, le président « est de retour » se rassurent les sondés.
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« Réactif avec Trump, offensif face à Poutine », dit l’un, « il mobilise l’Europe », « protège les Français », disent les autres. La page de la dissolution ouverte par un Macron « insaisissable », « illisible » a totalement disparu des commentaires. Plus précieux encore pour l’Élysée, leur chef se départit de l’image du « canard boiteux », comme disent les Américains, d’un président en fin de mandat, condamné à l’inaction et réduit à l’inauguration des chrysanthèmes. Cela n’empêche pas les commentaires inquiets des mécontents, toujours majoritaires, qui lui reprochent ses accents de « va-t-en-guerre ». D’autres, de « s’opposer trop fortement aux Russes et aux Américains », de ne pas assez « écouter », voire de jouer d’une situation internationale explosive pour se mettre en scène.
Le Premier ministre se prend les vagues tranchantes de l’actualité intérieure
Si le président profite de « l’effet de distinction qui place le président de la République en surplomb et l’élève par rapport aux autres personnalités politiques nationales », souligne Frédéric Dabi de l’Ifop, le Premier ministre se prend les vagues tranchantes de l’actualité intérieure. En un mois, François Bayrou perd 11 points dans le baromètre Ifop/JDD. Une chute inégalée dans un temps aussi court pour un Premier ministre de Macron. Seuls Michel Rocard à l’automne 1988 (-15 points en un mois), Alain Juppé en 1995 (-11), ou encore Dominique de Villepin (-13) en 2006, en pleine crise du CPE, avaient connu pire.
Outre l’affaire Bétharram dont la gestion erratique lui vaut incompréhension et reproches, notamment auprès des femmes (-13), le dossier des retraites qu’il a lui-même rouvert lui revient en boomerang. Sur la forme, les Français lui reprochent d’avoir convoqué le conclave pour éviter la censure des socialistes. Sur le fond, son refus dimanche dernier de revenir sur les 64 ans percute la doxa qu’il avait énoncée il y a trois mois : « Il n’y a aucun totem. »
Peu perméable aux sondages, François Bayrou a coutume de confier qu’il est à Matignon car la situation « est extrêmement difficile ». Au point de laisser penser que c’est par gros temps qu’il s’épanouit le mieux. Cela tombe bien, le printemps s’annonce agité.

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