Adrien Rabiot sera ce soir au Stade de France pour le match retour de la Ligue des nations de football face à la Croatie. Une semaine après PSG-OM et les banderoles infamantes qui ont visé sa famille – et les multiples réactions d’écœurement et de soutien qui ont suivi – le milieu de terrain sera sans doute majoritairement applaudi par un public qui n’est pas celui du Parc des Princes.
Mais on entendra aussi des sifflets et des insultes, car la Porte d’Auteuil n’est qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau et les supporters des Bleus se confondent parfois avec ceux du club parisien. Pour ces derniers, le joueur (conseillé par sa mère) a commis de multiples crimes de lèse-majesté : ex-chouchou du Parc, « le Duc » a refusé de prolonger son contrat au PSG, il est parti libre en Italie après un bras de fer et une mise au placard, il n’a jamais été tendre depuis avec les dirigeants qataris et, inexcusable, il a signé chez l’ennemi marseillais l’été dernier, où il se sent comme chez lui.
Ceci étant posé, et connaissant la rivalité haineuse entre fans des deux institutions (sportivement, elle n’a plus d’intérêt depuis des lustres), aucun passif ne justifiait que l’on salisse la mémoire de Michel Provost, le père d’Adrien, décédé en 2019 après des années de calvaire post-AVC. L’humour ultra, qui aime jouer avec la vulgarité et la transgression, s’est écrasé sur cette provocation minable, et l’on reste sidéré que le club de la capitale, pourtant si attentif à son image, ait pu l’ignorer.
« Les digues de la décence ont sauté »
En attendant les sanctions, probablement une fermeture de la tribune concernée pour un ou plusieurs matchs, les supporters s’envoient à la figure via les réseaux sociaux des dérapages passés pour mieux se dédouaner du présent. Sans le vouloir, ils ont au moins raison sur un point : personne ne peut donner l’exemple.
Ces dernières années, du gibet de potence symbolique pour Valbuena à son retour à Marseille en passant par les outrances entre Lyonnais et Stéphanois, les digues de la décence ont sauté une par une. Après cette soirée où Adrien Rabiot et sa mère ont été qualifiés de « putes », où le père défunt s’est retrouvé associé à une liste de « traîtres » passés du PSG à l’OM, que reste-t-il à déshonorer ?
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Comment des gens qui doivent bien avoir une famille, des parents ou amis malades, ont-ils pu passer des heures à confectionner ces « bâches » de la honte ? On dit souvent que le football est le reflet de la société. À l’image surréaliste des gradins en feu à Montpellier, ayant contraint l’arbitre à arrêter le match face à Saint-Étienne dimanche dernier, les deux se consument sous nos yeux et les pompiers se font attendre.
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