Le crime organisé semble avoir encore de beaux jours devant lui. En témoignent les chiffres des opérations douanières pour l’année 2024, que le JDD dévoile en exclusivité. L’année dernière, les douaniers ont saisi 111 tonnes de stupéfiants, soit une hausse de 18 % par rapport à 2023. Des chiffres impressionnants, qui rappellent que la majorité des saisies de drogue en France est réalisée par la douane, en première ligne face à l’entrée des stupéfiants sur le territoire.
Autre inquiétude majeure : la contrebande de tabac continue de s’étendre partout dans le pays. En 2024, les services de Bercy ont saisi près de 500 tonnes de tabac. Le ministère précise au JDD : « Les trafiquants de stupéfiants et de cigarettes constituent des réseaux de plus en plus intriqués, utilisant les mêmes flux logistiques et les mêmes entrepôts. Ce sont des organisations criminelles armées, particulièrement dangereuses. »
Les armes à feu inondent le pays
Cette criminalité organisée monte en puissance et se procure de plus en plus d’armes de guerre pour protéger ses activités. D’après nos informations, les douaniers ont saisi pas moins de 881 armes à feu en 2024, soit une augmentation de 13 % par rapport à l’année précédente. Plus alarmant encore, les saisies d’armes de guerre telles que fusils d’assaut ou lance-roquettes ont explosé, augmentant de 44 % !
Les armes conçues avec imprimantes 3D se généralisent
Les douaniers constatent également un recours croissant aux imprimantes 3D pour fabriquer des armes à feu. « Ces armes sont plus discrètes et moins détectables en raison des matériaux utilisés », alerte le ministère des Comptes publics. Et d’ajouter : « Nous observons que les trafiquants de drogue sont les principaux utilisateurs d’armes à feu, mais pas seulement. Les organisations terroristes et les passeurs de migrants cherchent aussi à se procurer des armes lourdes. » Par ailleurs, 18 274 explosifs ont été saisis, soit le deuxième plus haut résultat de ces cinq dernières années.
« Taper au portefeuille » du crime organisé
Pour endiguer ce fléau, la douane veut désormais « taper au portefeuille » des grands acteurs du crime organisé. Elle a ainsi intensifié sa lutte contre le blanchiment. En 2024, les douaniers ont recensé 469 cas de blanchiment, deux fois plus qu’en 2023.
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Dans le même temps, 600 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis, soit une augmentation spectaculaire de 265 % par rapport à 2023. « Les mafias criminelles sont agiles et rapides, nous nous adaptons donc en frappant là où cela fait le plus mal : au portefeuille », assure Bercy au JDD.
Le fléau de la contrefaçon
Mais ces trafics ne sont pas les seuls défis auxquels sont confrontés les douaniers français. La France connaît une explosion des produits contrefaits. En 2024, près de 800 millions d’articles contrefaits ont inondé le marché français, dont 21,5 millions ont pu être retirés du circuit commercial, établissant ainsi un record historique pour l’administration douanière.
Les Jeux olympiques ont particulièrement amplifié ce phénomène, avec 60 000 articles contrefaits liés aux JO saisis. Pendant cette période, les douaniers ont également intercepté 31 600 produits dopants destinés à améliorer illégalement les performances des athlètes.
Urgence de la loi narcotrafic ?
La montée en puissance du crime organisé fait peser une menace grandissante sur le pays. Drogue, armes, tabac de contrebande ou contrefaçons : les réseaux criminels s’imbriquent et s’organisent face aux autorités, soutenus par les immenses profits issus de leurs activités. La loi narcotrafic, actuellement débattue à l’Assemblée nationale, pourrait-elle donner aux forces de l’ordre les moyens nécessaires d’agir efficacement, avant qu’il ne soit trop tard ?
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