
Lorsqu’il a appelé, en novembre dernier, l’ex-patronne de la WWE, la plus grande ligue de catch nord-américaine, pour lui proposer de prendre la tête du département de l’Éducation, Donald Trump lui a confié la mission de sa vie : se licencier toute seule. À 76 ans, Linda McMahon obtempère malgré ses réserves : « Je crois que le président est assez angoissé à l’idée que je me vire moi-même ! » Jeudi, le républicain a enfin signé le décret présidentiel démantelant ce ministère fédéral, comme il s’y était engagé, sans succès, dès son premier mandat. Cette décision, qui semble révolutionnaire en France, n’a pourtant pas, outre-Atlantique, dans un pays aussi décentralisé que les États-Unis, la portée qu’on lui prête en Europe.
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Le département de l’Éducation est une création récente. C’est Jimmy Carter, à la toute fin de son unique mandat, en 1980, qui l’a institué pour promouvoir surtout l’égalité des chances entre élèves, avec un nombre total d’employés ne dépassant alors pas les 3 000 fonctionnaires. Dès sa campagne victorieuse, le président Ronald Reagan avait promis de se débarrasser de ce ministère, arguant que la Constitution ne mentionnait pas l’Éducation et estimant qu’il s’agissait « d’une intrusion bureaucratique fédérale inutile et illégale dans les affaires locales ». Car d’Éducation nationale à proprement parler, il n’y a pas aux États-Unis. À court terme, les enfants américains ne verront probablement que très peu de changements dans leur vie quotidienne. Les écoles sont principalement gérées par les États et les collectivités locales, dont les budgets annuels ont déjà été fixés.
C’est peu de dire que le système éducatif américain n’est pas populaire auprès du grand public
Aujourd’hui, le département de l’Éducation emploie environ 4 400 personnes et gère un budget de 268 milliards. C’est surtout les quelque 8 millions d’étudiants ayant contracté des emprunts auprès du système fédéral de prêts dépendant de Washington qui sont encore dans l’incertitude. La Maison-Blanche assure que ces prêts seront encore gérés par l’État fédéral. « Ils seront conservés dans leur intégralité et redistribués à diverses autres agences et départements qui en prendront grand soin », a promis Trump.
Au-delà des économies budgétaires réalisées, véritable marotte de la nouvelle administration, il s’agit surtout pour Trump de mettre, comme il n’a eu de cesse de le répéter lors de sa campagne, « un coup d’arrêt à l’abus de l’argent des contribuables pour endoctriner la jeunesse ». Dans le viseur : le wokisme et la fin de l’enseignement de la théorie du genre.
C’est peu de dire que le système éducatif américain n’est pas populaire auprès du grand public. En février dernier, un sondage Gallup montrait que seuls 24 % des Américains sont satisfaits du système d’éducation contre 37 % en janvier 2017. Retards d’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et du calcul : tous les signaux sont au rouge.
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Est-ce pourtant la fin réelle de ce ministère ? Concrètement, il est amené à devenir une coquille vide. La moitié de ses employés devraient être licenciés cette année. Et pourtant, il devait continuer à fonctionner. Trump n’ignore pas qu’il a besoin de l’approbation du Congrès pour supprimer ce département, en vertu de l’article 2 de la Constitution. Cette mesure requiert 60 voix pour être adoptée au Sénat, alors que seuls 53 républicains y siègent. Il lui faudra espérer un succès considérable aux midterms de novembre 2026 pour parachever sa promesse. Ou composer avec une administration fantôme.
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