Jean-Michel Aulas se rêve-t-il en baron lyonnais ? On connaît l’entrepreneur local, fondateur d’une société spécialisée dans les logiciels de gestion et de comptabilité. On connaît également le dirigeant du club de football qui a fait de l’OL, pourtant criblé de dettes et menacé de disparition à son arrivée, l’un des plus importants clubs de l’histoire du ballon rond en France. Désormais, on pourrait aussi connaître… l’homme politique. Et pour cause : l’hypothèse d’une candidature dans la capitale des Gaules contre Grégory Doucet, édile écologiste depuis 2020 qui n’a jamais trouvé grâce à ses yeux, prend de l’ampleur à un an des élections municipales.
À 75 ans, osera-t-il se lancer dans ce nouveau combat ? C’est en tout cas ce que son mentor, Bernard Tapie, n’a finalement jamais réussi à faire dans sa ville, Marseille. Longtemps pressenti pour se présenter dans la cité phocéenne en 1995, l’homme d’affaires avait dû renoncer en raison des poursuites judiciaires dans l’affaire VA-OM. La même possibilité avait été évoquée en 2014, mais l’ancien ministre et député des Bouches-du-Rhône, décédé en octobre 2021, n’avait pas donné suite.
« Cette candidature serait idéale »
À Lyon, c’est Jean-Michel Aulas lui-même qui a jeté un pavé dans la mare. Interrogé par Le Figaro sur le lien qu’il continue d’entretenir avec sa ville, l’actuel vice-président de la Fédération française de football et président de la Ligue professionnelle féminine a affirmé « réfléchir » à la course électorale prévue en 2026. « Je suis Lyonnais d’origine, j’ai fait mes études à Lyon, j’ai créé mes premières entreprises ici. Comment voulez-vous que je ferme la porte à Lyon ? Aujourd’hui, l’univers des possibles s’ouvre à moi », a-t-il expliqué.
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Un sondage commandé par ses soins a ensuite donné de l’eau à son moulin. Dans cette étude, publiée dans le quotidien local Le Progrès ce mardi 18 mars, le chef d’entreprise est placé en deuxième position avec 17 % d’intentions de vote, contre 22 % pour le maire sortant. En plus de le conforter dans son engagement politique naissant, le sondage le pose en personnage clé d’un centre droit en mal d’incarnation dans la cité des Gones. « Cette candidature serait idéale. En plus d’avoir une très grande notoriété et de connaître Lyon mieux que personne, Jean-Michel Aulas est le seul à pouvoir rassembler le centre et la droite », assure au JDD Étienne Blanc, sénateur LR et candidat aux municipales de 2020 dans la ville.
Le cas Aulas intéresse également grandement sein des instances de Renaissance. L’ancien Premier ministre et actuel secrétaire général du parti, Gabriel Attal, l’a reçu ce jeudi 20 mars. « Pour Lyon, nous sommes prêts à nous rassembler derrière des têtes de listes qui ne sont pas de notre famille politique. À condition qu’elles partagent nos valeurs et notre projet pour la ville, qu’elles aient une couleur politique ou qu’elles soient de la société civile », a de son côté avancé Franck Riester lors d’une conférence de presse pour lancer la campagne des municipales du parti présidentiel. L’ancien patron de l’OL devrait ensuite se rendre à l’Élysée pour s’entretenir avec Grégoire Potton, conseiller Territoires d’Emmanuel Macron.
En outre, le centre et la droite sont prêts à se ranger derrière lui. Le maire du IIe arrondissement de Lyon, Pierre Oliver, est presque le seul à faire de la résistance. Estimé à 11 % d’intentions de vote, le probable futur candidat ne souhaite pas d’union à n’importe quel prix : « Je pense qu’on doit travailler ensemble mais autour d’un projet, pas autour d’un recasage de personnalités. Il faut aussi savoir convertir la notoriété en bulletins de vote, ce n’est pas toujours le cas », a-t-il asséné sur BFM Lyon.
« Sa démarche est personnelle. Je pense qu’il continue d’avancer pour mieux négocier ensuite », indique au JDD Emmanuel Hamelin, responsable local du parti Horizons. Georges Képénékian, maire de la capitale des Gaules entre 2017 et 2018 (quand feu Gérard Collomb était ministre de l’Intérieur), a également annoncé sa candidature « sans étiquette » début février.
Si Jean-Michel Aulas se lance, reste encore à définir sa stratégie. Pour le sénateur LR Étienne Blanc, il doit être au-dessus des partis : « Qu’il se garde d’être l’homme d’un clan. Il doit être l’homme venu de la société civile. » Le sondage commandé par le vice-président de la FFF fait le même constat : « Le bloc central n’apparaît pas comme un atout alors que la spécificité de Jean-Michel Aulas réside dans sa capacité à parler à un public du centre gauche aux droites », décrypte Jean-Yves Dormagen, président de Cluster 17. Quel serait le programme du candidat Aulas ? « Il ferait partie des hommes politiques pragmatiques et concrets, comme le sont les entrepreneurs. Il veut que Lyon rayonne à nouveau. Plus de liberté, plus de sécurité et moins de gaspillage d’argent public », avance Étienne Blanc.
Sa candidature ne devrait pas arriver avant la fin du printemps. Pour le référent Horizons à Lyon, Emmanuel Hamelin, elle est déjà inéluctable : « Je ne vois pas bien ce qui pourrait l’empêcher de se présenter. Les sondages sont bons. Les discussions semblent avancer de manière positive. Un combat politique n’est jamais gagné d’avance mais la motivation est là. » Afin d’accéder à la mairie, il faudra bel et bien battre le maire sortant et candidat à sa réélection.
« Grégory Doucet est très concentré sur la fin de son mandat. Il regarde l’hypothèse Jean-Michel Aulas avec distance. C’est signe d’une bonne vitalité de la vie démocratique que plusieurs personnes puissent s’investir dans la vie locale. Ça peut aussi créer un duel avec deux modèles de société complètement antagonistes », indique-t-on dans les rangs de la majorité écologiste. Si l’ancien patron de l’Olympique lyonnais décide d’y aller, il lui restera donc encore un match à remporter. Un duel qui pourrait bien avoir l’intensité d’un derby entre l’OL et les Verts de Saint-Étienne. Comme un air de déjà-vu pour Jean-Michel Aulas…
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