
Le nombre d’Algériens incarcérés en France a bondi de plus de 177 % en dix ans, passant de 1948 en 2014 à 4 229 en 2024. Conséquence ? Ils constituent désormais la première nationalité étrangère présente dans les prisons de l’Hexagone et sont, par exemple, deux fois plus nombreux que les Marocains ou encore quatre fois plus que les Tunisiens, détaille Le Figaro.
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Et le phénomène ne semble pas en voie de s’arrêter, si l’on en croit les chiffres des interpellations : l’an dernier, sur les 147 154 arrestations pour infraction à la législation sur les étrangers réalisées par les forces de l’ordre, pas moins de 33 754 concernaient des Algériens, soit près de 23 % des mis en cause immigrés.
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20 % de la population carcérale étrangère
D’après un état des lieux de la population carcérale établi par le ministère de la Justice au 1er octobre 2021, les Algériens représentaient 3 726 détenus dans les prisons françaises, soit 4,5 % des 82 932 personnes écrouées, toutes nationalités confondues. Ils constituaient ainsi la première nationalité parmi les détenus étrangers, qui étaient au total 18 568 cette année-là. À eux seuls, les ressortissants algériens – plus nombreux que l’ensemble des détenus originaires de l’Union européenne et du Royaume-Uni – représentaient 20 % de la population carcérale étrangère.
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L’État s’attelle péniblement à en expulser une partie. Les centres de rétention administrative (CRA), qui comptent un total de 2 000 places, sont saturés de ressortissants algériens, dont certains présentent des profils préoccupants. En 2024, ils représentaient 43 % des personnes retenues, contre 33 % en 2023. Chaque année, environ 17 000 étrangers, toutes nationalités confondues, transitent par ces centres.
Des expulsions compliquées
L’an dernier, 21 726 décisions de retour ont été prises à l’encontre d’Algériens, principalement des ressortissants sous OQTF, soit une hausse de 44 % par rapport à 2023. Pourtant, seules 2 999 expulsions ont abouti. Parmi les Algériens placés en CRA, 90 % sont soit inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), soit d’anciens détenus, soit des individus dont le comportement trouble l’ordre public, indique Le Figaro.
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Sur les quelque 3 000 Algériens renvoyés du territoire en un an, 73 % – soit près de 2 200 – ont été expulsés de manière forcée, soit une moyenne de six par jour. Les autres ont bénéficié d’un retour aidé, assorti d’une aide financière. Ainsi, jusqu’à présent, à peine plus de 10 % des Algériens expulsables faisaient l’objet d’un renvoi contraint.
Les dossiers les plus sensibles concernent d’anciens détenus impliqués dans des affaires de droit commun ou de terrorisme, explique le quotidien. En 2023, plus d’un millier d’Algériens avaient été placés en CRA, ces centres censés faciliter leur expulsion. Pourtant, seuls 25,7 % d’entre eux ont finalement été renvoyés. Les résultats de 2024 ne montrent guère d’amélioration. Et au vu des tensions entre Paris et Alger, le pire s’annonce.
Des délais de rétention trop courts
Les autorités algériennes sont plus réticentes que jamais à délivrer des laissez-passer consulaires, documents essentiels pour réadmettre leurs ressortissants qui, une fois interpellés en France, affirment ne plus avoir de papiers. Même l’expulsion d’Algériens disposant de documents en règle est devenue un problème. Et pour cause : la compagnie Air Algérie refuse désormais d’embarquer des passagers en situation irrégulière sans laissez-passer consulaire, y compris lorsqu’ils ont une pièce d’identité en cours de validité. Une exigence inédite, qui contrevient aux accords franco-algériens en vigueur, lesquels stipulent que la simple présentation d’un document d’identité valide suffit à l’expulsion.
Une situation qui exaspère le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, alors que les libérations d’Algériens en situation illégale depuis les centres de rétention administrative risquent de se multiplier, malgré le passé judiciaire lourd de nombre d’entre eux. « Le gouvernement français n’a toujours pas fait voter une loi prolongeant la rétention jusqu’à 18 mois, comme le cadre normatif européen le permet pourtant », déplore un préfet auprès de nos confrères. Actuellement, l’administration du ministère de l’Intérieur dispose d’un délai strict de 90 jours pour obtenir un laissez-passer consulaire avant qu’une remise en liberté automatique ne s’impose. Pas un jour de plus.
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