
Petite veste en cuir, jean, cheveux châtains attachés. Lorsqu’elle arrive, pile à l’heure, devant ce café parisien où nous avons rendez-vous, Marie Colomb est à mille lieues du personnage qui l’a fait connaître du grand public : celui d’une Loana aussi touchante qu’exubérante dans la série Culte qui racontait, en octobre dernier, la genèse du phénomène « Loft Story ». Discrète, presque effacée au milieu des passants, l’actrice qui soufflera sa trentième bougie cette année pourrait même passer inaperçue. Mais ses dents du bonheur et son regard pétillant la trahissent. « Mince, j’avais complètement oublié qu’on devait faire une photo », s’excuse-t-elle aussitôt, un brin embarrassée. Seul point commun avec la Niçoise de la téléréalité qu’elle s’amusait à imiter dans la cour de récré, lorsqu’elle était en classe de CE1 ? Cette notoriété soudaine qu’elle peine encore à assimiler.
Publicité
La suite après cette publicité
La comédienne revient pourtant tout juste d’un déjeuner au Fouquet’s, conviée avec d’autres privilégiés du métier, et surtout, elle croule sous les propositions. Mais elle n’en prend toujours pas la mesure. « Il faut dire qu’entre la fin du tournage et la diffusion de Culte, il s’est écoulé presque un an sans qu’on me propose quoi que ce soit. Même financièrement, c’était compliqué », confie-t-elle. Elle vit toujours dans cet appartement qu’elle « adore », dans le quartier chinois de Paris, avec le comédien Nathan Dunglas, et leur bouledogue anglais, mais son agenda déborde de projets.
Dix ans de galère
Elle termine actuellement le tournage du long métrage Tout va super, sa première comédie signée Patrick Cassir, aux côtés d’Hakim Jemili et Denis Podalydès. Dans la foulée, elle retrouvera Louis Farge, le réalisateur de Culte, pour une nouvelle série baptisée Eldorado. Tournée pour Arte, elle nous plongera dans le scandale des avions renifleurs à la fin des années 1970. Tandis que sa prochaine série, Phoenix, pour France 2, suivra les opérations d’activistes déterminés à alerter sur le réchauffement climatique.
Ado, avec une caméra amateur, elle tournait des films familiaux.
Le temps où elle débarquait de sa campagne natale (située à une heure de Bordeaux), il y a une dizaine d’années, pour vivre son rêve parisien, paraît aujourd’hui bien loin. Mais Marie Colomb a encore parfois l’impression qu’elle va « se réveiller. » « Malgré toutes ces propositions, j’en suis presque à demander de passer quand même le casting, pour être certaine qu’on veut de moi ! » admet-elle, avec ce charmant petit accent girondin, presque imperceptible. Dix ans de galère, certes, mais cette fille de jazzman, passionnée de musique et de danse, a su laisser entrevoir son talent dès qu’elle le pouvait. Citons notamment Les Magnétiques (2021) de Vincent Maël Cardona, primé à Cannes lors de la Quinzaine des réalisateurs, ou encore Follow, une (excellente) série policière, passée relativement inaperçue en 2023 sur 13e rue.
Des débuts prometteurs
Mais il lui manquait encore ce déclic, le rôle clef qui lui « donnerait la carte. » Et c’est en incarnant la plus célèbre des bimbos françaises peroxydées qu’elle a finalement changé de dimension. Une composition absolue, jusque dans la transformation physique. Sa poitrine, notamment, nécessitait trois heures de « maquillage » chaque matin. « Au prix que ça a coûté, j’aurais pu me les faire refaire trois fois ! » s’amuse-t-elle, entre deux gorgées de chocolat chaud.
La suite après cette publicité
Et elle n’est surtout pas près d’oublier la première scène qu’elle a dû jouer : le calendrier de tournage voulait qu’elle commence par interpréter une Loana effondrée, dans le fameux confessionnal du loft, en apprenant que l’existence de sa fille venait d’être révélée par la presse people. « J’étais en stress absolu ! Après des mois de travail, il fallait que je convainque tout le monde en démarrant par l’une des séquences les plus fortes, en pleurant d’emblée ! », confie-t-elle. Le résultat est pourtant d’une justesse aussi brute que subtile.
À la mesure du talent incontestable de celle qui, ado, passait son temps à fabriquer des petits films familiaux avec une caméra amateur et un ordinateur. Symbole de son ascension et de sa nouvelle popularité ? Son intégration au sein du jury de la prochaine édition de Séries Mania, dans la catégorie Panorama international, avec pour mission de « scanner » une poignée de pépites indépendantes. La suite de sa carrière ? Marie Colomb botte en touche. Mais le fait qu’elle devienne culte est loin d’être improbable…
Source : Lire Plus