Il n’y avait pas pire moment. Alors que l’exécutif semble prendre enfin conscience de l’urgence d’un sursaut industriel en matière de défense, Airbus, Safran et Thales ont failli être exclus du CAC 40 ESG par Euronext, sous prétexte qu’ils œuvrent pour le secteur de la défense. Un carton rouge incompréhensible, en totale contradiction avec le discours ambiant. Fort heureusement, face au tollé médiatique et à la mobilisation des oppositions qui sont montées au créneau, le gouvernement a été contraint d’intervenir, poussant Euronext à reculer in extremis sur sa décision.
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Mais le simple fait que cette exclusion ait été envisagée en dit long sur l’état d’esprit qui gangrène notre économie : soumise aux dogmes de la finance verte et aux diktats de la bien-pensance, elle empêche la France de garantir au mieux la protection de ses intérêts vitaux. Jamais l’exécutif n’a autant répété les mots « autonomie stratégique », « économie de guerre » et « hausse du budget de la défense ». Pourtant, jamais notre industrie de défense n’a été aussi menacée.
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Ce paradoxe illustre une évidence : lorsqu’on parle de défense, seuls comptent les actes. Res non verba. Pour paraphraser le général de Gaulle, il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en criant « économie de guerre » pour la faire exister. Une nation qui veut se protéger commence par prendre des mesures concrètes pour défendre son industrie, et particulièrement son industrie de défense.
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Normes absurdes et manque de soutien
Les États-Unis l’ont compris depuis longtemps. Toute entreprise travaillant pour l’armée y est considérée comme stratégique. Dans le pays de l’Oncle Sam, banques et investisseurs financent abondamment l’industrie de défense, avec le soutien de l’État. BlackRock, Carlyle ou encore KKR injectent des milliards dans les groupes militaires, au point d’être présents au capital de 90 % des grands acteurs du secteur.
« De nombreuses PME de la défense, pourtant vitales pour notre souveraineté, peinent à ouvrir un simple compte bancaire »
Pendant ce temps, la France, comme à son habitude, s’englue dans des normes absurdes et rechigne à soutenir ses propres entreprises stratégiques. L’exclusion envisagée d’Airbus, Safran et Thales du CAC 40 ESG est un symbole de ce mal profond. Au motif que ces entreprises ne seraient pas assez « vertueuses » selon les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, elles se retrouvent privées de financements, En clair : c’est le règne de la moraline qui prévaut sur l’intérêt national. Qui oserait demander aujourd’hui à un soldat ukrainien qui se bat pour son pays si son arme est éco-responsable ?
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EDF en a aussi fait les frais. Après avoir annoncé un service d’irradiation pour produire du tritium, indispensable à la dissuasion nucléaire, certaines banques ont envisagé de céder sa dette, de peur qu’elle ne soit assimilée à un producteur d’armements.
Pire encore, de nombreuses PME de la défense, pourtant vitales pour notre souveraineté, peinent à ouvrir un simple compte bancaire. C’est le cas de la start-up Elika Team, spécialisée en ingénierie linguistique pour les forces de sécurité. Plébiscitée par l’armée et la police, elle a été confrontée à de multiples refus bancaires, freinant ainsi le développement de technologies demandées par nos forces.
L’idée chimérique d’une « Europe de la défense »
Comme si cela ne suffisait pas, notre propre bureaucratie se charge d’achever ce que les financiers écartent. Tandis que les États-Unis et la Chine bâtissent les outils de leur domination pour le siècle à venir, la France, elle, empêche la construction d’usines de défense… pour protéger des espèces locales. Voilà l’absurde réalité de l’économie de guerre à la sauce Macron : des discours martiaux, mais une bureaucratie qui désarme le pays.
Et ce sabordage national s’accompagne d’un autre fléau : l’illusion d’une chimérique « Europe de la défense ». Au lieu de raisonner en termes de souveraineté française, Macron prône de « penser en Européen ». C’est faire abstraction du fait que 80 % des achats d’armement européens se font hors de l’UE, principalement aux États-Unis. Nos entreprises sont donc menacées de la triple peine : perte de financements, perte de marchés et accélération de la concurrence déloyale. Financer l’Europe de la défense, c’est à court et moyen terme financer l’industrie de défense américaine avec l’argent des Français pour réarmer l’Allemagne.
Aujourd’hui, il faut faire exactement l’inverse. La France dispose de la première industrie de défense de l’Union européenne, avec des champions comme Dassault, Thales, Safran, MBDA ou Airbus. Ce secteur représente 200 000 emplois directs et indirects, 4 000 PME et ETI en lien avec l’armement, 10 % de l’industrie française, 20 % de la R&D nationale et 11 % des exportations de biens. Selon le Cercle des économistes, chaque euro investi dans la défense génère le double en dix ans. Ce levier économique et industriel est une chance pour la France, pour l’emploi, pour notre balance commerciale et pour notre souveraineté. Ne le gâchons pas !
« Notre base industrielle et technologique de défense doit être un moteur de puissance nationale »
Car dépendre d’armements étrangers, c’est accepter un risque inacceptable. Les États-Unis, via le règlement ITAR, peuvent à tout moment bloquer ou désactiver à distance un matériel vendu. L’affaire des sous-marins australiens a prouvé que les alliances sont fluctuantes et que même un partenaire historique peut trahir ses engagements. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump l’a rappelé, mais cette réalité préexistait sous l’administration de Barack Obama ou Joe Biden. Un allié peut l’être aujourd’hui et plus demain, peut l’être dans certains domaines, et devenir un concurrent, voire un adversaire, dans d’autres. Cet état de fait exige de la prudence, vertu que l’exécutif actuel semble avoir oubliée.
Sortir du dogmatisme
Notre base industrielle et technologique de défense doit être un moteur de puissance nationale. Là où certains ont abandonné l’idée d’une France forte et indépendante, nous croyons que notre génie industriel est une formidable opportunité de réindustrialisation, d’essor économique et de reconquête de notre souveraineté mais aussi d’alliance stratégique car la France permet un libre usage des armes qu’elle vend.
Comme nous avons l’expérience des conséquences désastreuses de la politique de la Commission européenne sur notre agriculture, notre filière électrique, délibérément sabotée, et notre industrie. Il nous revient plus que jamais de ne pas laisser entre les mains de la technocratie bruxelloise le contrôle de notre défense, domaine stratégique par excellence pour notre souveraineté.
Nous refusons la fatalité du déclassement. Pour redonner à la France les moyens de sa défense, nous proposons d’exclure l’industrie de défense des contraintes ESG afin de garantir son accès aux financements privés et publics. Nous plébiscitons la création d’un fonds souverain français de la défense pour soutenir l’innovation et la montée en puissance de nos industriels. Il est indispensable d’instaurer un « Buy French Act » dans les achats d’armement, à l’image du protectionnisme américain qui pourra d’ailleurs être compléter par un « Buy European Act » au niveau européen. Il faut aussi simplifier drastiquement la réglementation pour accélérer la production et la modernisation de nos infrastructures. Mais surtout, nous devons, comme le propose Marine Le Pen depuis 2012, atteindre au moins 3 % de notre PIB consacré à la défense nationale.
Il est temps de sortir du dogme de l’Europe de la défense et de recentrer nos efforts sur des coopérations pragmatiques entre États partageant nos intérêts, comme le montre l’alliance franco-britannique. Ceux qui pensent que la France n’est plus en mesure de peser et serait contrainte à la tutelle de Bruxelles, Washington ou Moscou sont les agents du défaitisme. Avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, au contraire, nous croyons à la puissance de la France. Là où Emmanuel Macron incarne le renoncement, nous portons l’espoir.
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