
Saint Joseph n’a pas prononcé une seule parole retenue par les rédacteurs des Évangiles. Choisi par Dieu, il devient pourtant l’époux de Marie et donne au Fils de Dieu le nom de Jésus. Humble charpentier à Nazareth, c’est avec lui que Jésus passe les trente premières années de sa vie, après sa naissance à Bethléem et la fuite en Égypte, pour échapper au massacre ordonné par Hérode. Joseph est donc le « dépositaire de l’autorité de Dieu » dans la Sainte Famille, écrit un spécialiste des saints. Et outre sa filiation royale – de la royauté de David – le seul qualificatif que la Bible lui attribue est d’être un « homme juste », c’est-à-dire entièrement fidèle à Dieu, même dans les situations les plus angoissantes, et remplissant sa mission avec droiture et amour.
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Curieusement, ce silence relatif sur la figure de saint Joseph a perduré dans l’Église au cours des premiers siècles, avant que son culte ne grandisse avec la modernité. Au temps de la Contre-Réforme catholique, au XVIe siècle, sainte Thérèse d’Avila prend cet homme très intérieur comme guide du renouveau par la prière, dans un monde bouleversé et qui s’autonomise de plus en plus vis-à-vis de son Créateur.
Plus tard, au XIXe siècle, le pape Pie IX l’instaure comme protecteur de l’Église universelle, à une époque où celle-ci est bousculée par les idées révolutionnaires et anticléricales. Au milieu du XXe siècle, le pape Pie XII le couronne comme saint patron des travailleurs, refusant que la cause des ouvriers soit monopolisée par le communisme athée, au détriment de leur dignité spirituelle. Enfin, en 2021, le pape François le donne pour modèle pendant toute une année, par sa lettre apostolique Patris Corde – « Avec un cœur de père ». L’actuel Souverain pontife prend ainsi acte du manque de pères dans une société où les familles sont disloquées, et présente saint Joseph comme un modèle de paternité : « L’Église a besoin de pères », affirme-t-il, et saint Joseph est « l’ombre du Père éternel » selon les mystiques.
Cette intuition du pasteur de l’Église universelle vient en fait confirmer celle de milliers de pères de famille, qui chaque année en France – pays consacré à saint Joseph par Louis XIV – marchent sur les traces du saint protecteur de la famille, à la recherche de leur identité d’hommes et de chrétiens. D’abord vers Cotignac, en Provence, lieu d’apparitions au XVIIe siècle de saint Joseph et de la Sainte Famille, puis dans toute la France à travers des pèlerinages d’un week-end à la fin juin. « Ne savez-vous pas que, maintenant, mon père c’est Joseph ? », disait déjà sainte Bernadette de Lourdes, devenue orpheline.
Dernier titre de noblesse de cet homme discret qu’est saint Joseph, et qui rejoint notre actualité : il est le patron de la bonne mort. La tradition rapporte en effet qu’il s’est éteint au seuil de la vie publique du Christ, entouré de la Vierge Marie et de son fils adoptif Jésus. Comme pour signifier la nécessité de leur précieux concours, de leur présence aimante et réconfortante pour affronter le grand passage…
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