L’essentiel
- Emile, alors âgé de 2 ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023. Il venait d’arriver pour les vacances d’été chez ses grands-parents maternels dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
- Fin mars 2024, une promeneuse a découvert le crâne et les dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte.
- Les gendarmes de la section de recherche de Marseille enquêtent toujours pour déterminer les causes de la mort du petit garçon. Jeudi, ils ont saisi une jardinière, installée devant une chapelle, sur laquelle ils ont découvert des traces suspectes.
Un an après la découverte du crâne et de dents d’Emile, l’enquête se poursuit pour déterminer les causes de la mort du petit garçon. Dans l’ombre, les gendarmes de la section de recherche de Marseille, qui pilotent la « cellule Émile », poursuivent donc leurs investigations. Et selon une source proche du dossier, un « ensemble » d’éléments a orienté leurs recherches autour de la chapelle Saint-Martin, dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), où vivent 25 habitants. Une lettre anonyme, reçue récemment, a confirmé aux militaires la nécessité de s’intéresser à cet édifice religieux fréquenté uniquement par les membres de la famille de l’enfant.
Jeudi, une douzaine de gendarmes sont donc retournés dans la localité d’une centaine d’habitants, nichée dans la vallée du Bès. Ils n’y étaient pas venus depuis octobre dernier. Ils sont restés plusieurs heures à la tombée de la nuit et se sont affairés autour de la petite chapelle, située à une cinquantaine de mètres seulement de la résidence secondaire des grands-parents maternels d’Emile. La famille y passe ses vacances depuis des années. Le 8 juillet 2023, l’enfant venait d’y arriver pour passer une partie de l’été lorsqu’il s’est volatilisé. Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret. Jusqu’à la découverte, le samedi 30 mars 2024, du crâne et de dents de l’enfant, par une promeneuse, à environ 1,7 km du hameau.
La piste accidentelle s’éloigne
Détail troublant : la chapelle Saint-Martin n’est située qu’à une cinquantaine de mètres du lavoir. C’est à cet endroit précis que trois chiens de race Saint-Hubert du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie, qui suivaient la piste du petit garçon après sa disparition, ont perdu sa trace. A-t-il été percuté ici par une voiture après avoir échappé à la vigilance de ses grands-parents ? Cette piste, si elle n’est pas la seule, est toujours suivie par les enquêteurs. Ils avaient perquisitionné notamment, le 17 octobre 2023, la ferme d’un jeune agriculteur d’une vingtaine d’années au hameau de Roussimal, à cinq kilomètres du Vernet. Certains habitants du village avaient dénoncé aux enquêteurs sa conduite jugée dangereuse. Son tracteur avait été inspecté et le jeune homme avait été entendu comme témoin. Mais il n’a, à ce jour, jamais été placé en garde à vue dans ce dossier.
Plus le temps passe, plus les gendarmes estiment crédible l’intervention d’un tiers dans la mort du garçonnet. La piste accidentelle semble s’éloigner. Jeudi, ils se sont particulièrement intéressés à une jardinière en bois, installée pour empêcher les voitures de se garer devant la chapelle. Ils ont retiré la terre et le rosier qu’elle contenait et l’ont saisie. Elle est examinée dans les locaux de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) à Pontoise (Val-d’Oise). Selon nos informations, des traces ont été découvertes dessus. “C’est pour ça qu’on a saisi le bac. Le premier pas, c’est de déterminer la nature des traces, et rien ne dit que c’est vraiment du sang”, insiste auprès de 20 Minutes un bon connaisseur de l’affaire.
« Ils ne sont pas venus par hasard »
« Cela peut aussi être le sang d’un tiers, quelqu’un qui s’est blessé autour de la jardinière. Mais s’il s’agit du sang d’Emile, cela permettra aux enquêteurs d’écarter l’hypothèse d’un accident, à savoir qu’il s’est perdu, qu’il était déshydraté et qu’il est tombé dans la nature », explique à 20 Minutes le général François Daoust, ancien directeur de l’IRCGN et du pôle judiciaire de la gendarmerie. Cette découverte, dit-il, serait « certainement liée avec ce qui lui est arrivé ».
« Émile n’était arrivé que très récemment dans le hameau. S’il avait s’était cogné, s’il s’était blessé, je pense que ses grands-parents s’en seraient souvenus et l’auraient signalé aux gendarmes. » Selon le général Daoust, il est très possible que les résultats des analyses soient, en réalité, déjà connus. Les enquêteurs, conclut-il, sont peut-être en train de « bétonner leur dossier avant de décider de placer en garde à vue une personne ». « Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas venus faire cette opération autour de cette chapelle par hasard. »