Beauvau et Vendôme haussent le ton contre Matignon. Après Bruno Retailleau, c’est au tour de Gérald Darmanin de menacer de claquer la porte du gouvernement. En cause : la polyphonie du gouvernement autour du port du voile dans les compétitions sportives. « On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions-là. Je ne participe pas à ça », a lancé le ministre de la Justice au Parisien ce mardi 18 mars, alors que François Bayrou a convoqué plusieurs de ses ministres ce midi après leurs prises de position divergentes sur le sujet.
En outre, la ministre des Sports Marie Barsacq est sous le feu des critiques pour avoir déclaré mercredi dernier que le port du voile dans le sport n’était « pas de l’entrisme ». L’ancienne directrice exécutive au comité d’organisation des Jeux olympiques 2024 avait également affirmé que l’interdiction du port d’insignes religieux dans les compétitions n’était « pas une priorité », alors qu’une proposition de loi portant sur cette mesure a été votée au Sénat le 18 février.
« Il est important que la République laïque ne recule pas »
Trop c’est trop pour le garde des Sceaux. « Je suis élu d’un territoire qui connaît l’entrisme islamiste et communautaire. Je ne comprends donc pas ce changement de pied qui confine au communautarisme », a-t-il déploré ce mardi au quotidien. Avant d’ajouter : « Il est important que la République laïque ne cède pas […] Donc si le gouvernement est favorable au port du voile dans les instances sportives, on aura un sujet de participation ».
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Trois jours plus tôt, c’est le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui menaçait de tout envoyer balader si le gouvernement reculait. Si le locataire de la place Beauvau s’est également dit « en total désaccord » avec les propos de la ministre des Sports, c’est le dossier algérien qui pourrait le faire sortir de ses gonds.
Ce vendredi 14 mars, l’ancien patron des sénateurs LR a envoyé une liste de 60 personnes jugées dangereuses à Alger – depuis rejetée par le gouvernement algérien – qui doivent être expulsées du territoire. « Si l’Algérie ne reprend pas ses ressortissants, nous engagerons une riposte graduée. Au bout, il y aura la remise en cause des accords de 1968 », a martelé Bruno Retailleau. Et d’annoncer au Parisien : « Si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais », laissant sous-entendre qu’il pourrait démissionner du gouvernement.
« Emmanuel Macron se montre fort avec la Russie mais beaucoup moins avec l’Algérie et l’intégrisme »
« Ils ont tous les deux raisons d’engager ce rapport de force », assure au JDD le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse. « Retailleau et Darmanin se rendent compte que le problème vient d’en haut. C’est-à-dire du Premier ministre et du président », poursuit l’ancien ministre de Jacques Chirac. Et d’ajouter : « Je connais François Bayrou depuis 30 ans. Son problème, c’est qu’il est toujours dans l’entre-deux et ne prend jamais de décision. De son côté, Emmanuel Macron se montre fort avec la Russie mais beaucoup moins avec l’Algérie et l’intégrisme. Les deux ministres ont donc raison de taper du poing sur la table ».
« Les propos de Retailleau allègrement relayés et exagérés par la presse ont probablement poussé Darmanin à en faire de même », peste de son côté un cadre du bloc central. « Quand vous êtes ministre, vous devez régler ces sujets-là en interne, ça serait bien que ça soit le cas aujourd’hui. Que chacun aille dans les médias pour faire sa publicité, ça suffit », s’agace-t-il. Avant de conclure : « Quand il y a un problème de ligne avec le gouvernement, une démission ne se brandit pas, mais se pose. Chevènement l’a fait trois fois. Il n’a jamais menacé de démissionner, il l’a tout simplement fait ».
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