Il lui a menti pendant douze ans. Ce lundi, un homme a été condamné à cinq ans de prison, dont un ferme, par le tribunal correctionnel de Nanterre pour harcèlement et « revenge porn » visant son ex-compagne.
De 2007 à 2019, Vincent C. dirigeant de société de 60 ans a fait croire à sa compagne qu’il était agent de la DGSE dans le but de l’isoler et de la manipuler à sa guise : un homme a été condamné lundi à cinq ans de prison.
Accusé de « revenge porn »
Absent pour raisons médicales selon son avocat, l’accusé était appelé à comparaître pour des faits de harcèlement étalés de 2007 à 2019 lors de la relation qu’il a entretenue avec la victime, Sabine, du même âge que lui.
Il était aussi jugé pour avoir accédé frauduleusement à ses appareils informatiques et à ses comptes fin 2019, puis diffusé « une centaine de photos […] sur lesquelles elle est dénudée », comme l’a rappelé la présidente.
Le parquet avait requis trois ans d’emprisonnement dont un ferme contre le prévenu pour ces « infractions d’une gravité certaine ».
« Il m’a coupée de l’ensemble de mon environnement familial, amical »
« Le prononcé d’une peine au-delà des réquisitions (le maximum prévu par la loi) est une reconnaissance par la justice de la perversité extrême des faits », a réagi Vincent Desry, avocat de Sabine.
« Dès le début de la relation, il […] a indiqué qu’il travaillait à la DGSE, qu’elle allait être surveillée de même que ses proches, pour des raisons de sécurité », a relaté la présidente, relayant des propos de la plaignante lors d’une audition.
Ce faux espion « m’a coupée de l’ensemble de mon environnement familial, amical », se souvient la victime à la barre. « Il lui a affirmé qu’il était gravement malade » et l’a convaincue « d’aller dans des clubs libertins pour soi-disant faire baisser sa tension », poursuit la présidente.
L’avocat de la défense réfute le harcèlement moral
« On se dit qu’elle est neuneu, qu’elle se fait avoir, mais c’était machiavélique, ça a été monté étape par étape, j’avais plus de trente personnes qui m’écrivaient de la DGSE, du gouvernement », décrit encore la plaignante. « Et puis un beau matin, on vous apprend dans un commissariat que tout ça était fake : vous devenez folle », dit-elle, en larmes.
« Elle a été l’objet (du prévenu), derrière son écran et sa fausse vie, ses différentes identités, il s’est cru tout-puissant », a cinglé Me Desry.
« Il avait la paix par ce biais-là », justifie Philippe Benamou, l’avocat du prévenu. Il assure que les codes de ses comptes sur les réseaux sociaux « appartenaient à tous les deux », et que Sabine « adhérait » notamment à l’idée des soirées libertines. « Je réalise qu’il peut y avoir une déconvenue très grande, que ce n’est pas bien, mais pour autant est-ce du harcèlement moral ? », a-t-il lancé au tribunal.