C’était en novembre 2023, face à la Finlande, dans une salle de la Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique) à guichets fermés et sous le charme. Le tout premier match de l’équipe de France féminine de futsal, qui existait jusqu’alors officieusement. Et déjà une belle performance avec un match nul contre la Finlande (1-1), théoriquement (largement) supérieure. Composée de spécialistes de la discipline et de joueuses issues des championnats nationaux de foot à 11 avec le soutien d’une Fédération française de football (FFF) désireuse de développer une discipline embryonnaire (environ 4 000 licenciées en 2023 contre plus de 250 000 pour le foot « classique »), l’histoire démarre sous les meilleurs auspices et les résultats suivants ne feront que confirmer la tendance : le futsal féminin en France peut aller vite et haut.
« C’est un sentiment qui est extraordinaire, confie au JDD le sélectionneur Pierre-Etienne Demillier. On est au début d’un livre, on écrit la première page, c’est super intéressant. On a envie d’installer des fondations qui soient solides. On a envie de faire bien naître cette sélection. On y passe beaucoup de temps, d’envie et de générosité. C’est passionnant car la discipline génère des émotions et une intensité formidables. »
Les Françaises, 60e mondiales, valent bien mieux
Le technicien est l’un des personnages clefs du futsal féminin dans l’Hexagone : cela fait quinze ans qu’il est associé aux différentes équipes nationales. Apprécié à la fois pour ses compétences de constructeur et de formateur, le Franc-Comtois sait fédérer les énergies autour de lui. Il y a un an, les Bleues remportent leur première compétition, un tournoi amical, la « Futsal Love Serbia Winter Cup ». Un déclic. Cet automne, les 60e mondiales au classement FIFA sortent indemnes d’un premier tour de qualification pour la Coupe du monde très relevé en dominant notamment l’Ukraine, vice-championne d’Europe en titre (3-1). « On a un déficit d’expérience, on a un déficit de niveau et un déficit de classement par rapport aux autres nations, déroule Demillier. Une fois qu’on a dit ça, on a des forces, on travaille beaucoup avec un groupe simple, travailleur, généreux, qui a envie de bien faire et ne calcule pas. Cette réussite n’était pas prévue au départ. On y allait pour apprendre, on a appris un petit peu plus vite que prévu ! On va essayer de continuer cette lancée. »
Seize mois après sa naissance, le collectif se trouve au pied de la plus belle montagne. Dès ce mercredi soir (18h) face à la Pologne, 16e mondiale, puis jeudi (20h) face à la Finlande, 17e mondiale, et vendredi face aux intouchables espagnoles (20h), triples championnes d’Europe et dauphines du Brésil au classement FIFA, il faudra remporter un, voire deux matchs pour valider le billet pour les Philippines, où aura lieu la toute première Coupe du monde, du 27 novembre au 7 décembre prochain. « En gagnant deux matchs, on est sûr de se qualifier. Il y a aussi un scénario où une seule victoire peut suffire. Pour moi, ce premier match contre la Pologne sera une demi-finale, il nous permettra de jouer notre possible qualification contre la Finlande le deuxième jour grâce à une victoire ou un match nul. Un match charnière. »
Plus de 2 000 supporters à Besançon
Avec un atout majeur dans la poche, le soutien du public du Palais des Sports de Besançon, un endroit qui ne doit absolument rien au hasard. « C’est moi qui ai fait une demande au président de la Fédération Philippe Diallo pour venir jouer ici, dévoile le sélectionneur, lui-même originaire de la région. Besançon, c’est une terre de sport de salles, notamment. Le hand et le basket marchent très bien. Le foot, avec le Racing Besançon, rassemble également beaucoup de monde. Je me suis dit :”En France, s’il y a un endroit où on peut se qualifier, où il y aura un petit supplément d’âme quand les joueuses seront en difficulté ou fatiguées, je suis sûr que c’est Besançon ». J’étais persuadé que les gens répondraient, et c’est ce qui s’est passé avec 2 000 places réservées pour les trois matchs. C’est costaud ! ».
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« En gagnant deux matchs, on est sûr de se qualifier »
Costaud, comme les coéquipières de la capitaine Alexandra Atamaniuk devront l’être pour atteindre un premier sommet en même pas deux ans d’existence. Avec en tête, l’inoubliable exploit de l’équipe de France masculine, finaliste de la Coupe du monde l’an passé pour sa première participation. « Ils nous ont ouvert la voie, conclut Demillier. Mais eux ont accumulé une quinzaine d’années d’expérience. On essaye de les copier gentiment, avec nos particularités féminines. Ils nous ont inspirés, c’est sûr. Mon équipe est généreuse, elle n’a pas de limites. Donc pourquoi ne pas se laisser le droit de rêver ? »
*Tous les matchs sont à suivre gratuitement sur FFF. fr
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