Le JDD. Qu’avez-vous voulu dire en écrivant ce mardi 18 mars sur X : « À témoigner de la réalité, je me retrouve aujourd’hui au banc des accusés » ?
Marie-Hélène Thoraval. Depuis le drame de Crépol, j’ai fait le choix de dire ce qu’est la réalité. Ce n’est pas celle uniquement de mon territoire mais c’est la réalité du territoire national. Explosion de la délinquance, des attaques au couteau… Je voulais également faire le constat d’une situation catastrophique s’agissant de la submersion migratoire et de l’évolution des quartiers dits populaires, qui sont devenus aujourd’hui des quartiers communautaires dans lesquels on observe des zones de non-droit. Dans ces quartiers, les règles mises en place de manière générale ne correspondent plus ni aux règles ni aux codes de la République, mais à des codes dictés par le pouvoir de l’argent ou quelquefois l’influence d’une appréciation assez radicale de la religion.
Pour ce qui est du « banc des accusés », je fais référence aux attaques manifestées par les propos de deux journalistes et une romancière concernant leur ouvrage (Une nuit en France, NDLR), qui sort ce mercredi 19 mars, m’accusant d’avoir mis de l’huile sur le feu. Ces trois personnes affichent une réécriture du drame de Crépol, qui est complètement édulcorée. J’ai d’ailleurs du mal à croire qu’ils aient eu quelque contact avec les familles étant donné leur récit.
Dans une interview accordée au Nouvel Obs, les trois auteurs d’Une nuit en France (Grasset) tiennent des propos très durs à votre égard. Ils vous accusent d’avoir « soufflé sur les braises » répétant que vous détestiez le quartier de la Monnaie. Ils vous reprochent également d’établir un lien entre délinquance et islam. Que leur répondez-vous ?
Si on parle de braise, on parle de feu. Au moins, nous avons une considération commune, à savoir que la situation relève du brasier. Ce brasier s’est d’ailleurs enflammé lors des émeutes de l’été 2023. Je n’ai pas soufflé sur les braises, j’ai uniquement décrit la réalité qui est celle de nos territoires. Dans ces quartiers, les règles qui font autorité ne correspondent pas à celles de la République. Selon ces auteurs, « ils n’avaient pas des couteaux parce qu’ils allaient au bal. Ils avaient des couteaux parce qu’ils en ont toujours sur eux et ils sont allés au bal. C’est très différent ». À mon tour d’interroger : depuis quand va-t-on à une fête armé de couteaux ? Ils font passer ce port d’arme pour quelque chose de très ordinaire. La notion d’acceptabilité est largement dépassée. Ce qu’ils disent est une grave provocation.
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« Depuis quand va-t-on à une fête armé de couteaux ? »
Sur ma présupposée détestation de la Monnaie, je ne déteste absolument pas ce quartier, bien entendu. C’est un raccourci enfantin. On investit dans ce quartier. Je suis élue depuis 10 ans, ce quartier n’a pas été oublié. Un exemple : les écoles de ce quartier représentent un quart des écoles de ma commune et 45 % du budget dédié à l’éducation.
Est-ce vrai que vous avez refusé de les recevoir à Romans-sur-Isère ?
C’est un mensonge. Jean-Michel Decugis m’a contactée pour la première fois le 5 décembre 2023. J’ai répondu favorablement à une demande d’interview quand il se déplacerait à Romans-sur-Isère, ce qui a été le cas le 18 décembre 2023. Après m’être engagée favorablement, je l’ai reçu le lendemain matin à la mairie.
La Licra a décidé de vous poursuivre pour diffamation publique, pour des propos que vous avez tenus sur CNews et Europe 1. Comment avez-vous réagi ?
C’est une annonce que j’ai apprise par voie de presse et je n’en ai pas encore été informée officiellement.
Un PV resté sous les radars relance la thèse d’un crime raciste anti-blanc, au sujet du meurtre de Thomas. De quelles informations disposez-vous à ce sujet ?
Je ne suis pas informée de l’évolution de l’instruction en tant que maire. Quand je suis interrogée, je ne fais que retranscrire les demandes des familles de victimes qui, pour la plupart, ne comprennent pas que le motif raciste n’ait pas été retenu. Je m’étonne toujours à ce sujet. On a le sentiment que le racisme ne peut aller que dans un sens.
Dans tous les cas, erreur ou acte volontaire, considérez-vous que ces témoignages ont été minimisés ?
Oui. J’ai toujours entendu les victimes me parler du caractère raciste de cette histoire. Ce PV devrait bien sûr être considéré et une réponse doit être apportée à ces témoignages. Les victimes ont droit à une réponse.
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