
Dans la plupart des ports de France, le spectacle est rituel. Au bord de l’eau comme au large, de nombreux pêcheurs amateurs équipés de cannes à pêche et autres épuisettes ou appâts vont et viennent du printemps à l’automne, pour tenter de remonter des maquereaux, des bars… Selon une étude réalisée par plusieurs partenaires, dont la société Halieuticom, spécialiste du traitement de la donnée, « 3,8 millions de personnes pratiquent la pêche en mer récréative, soit 7,2 % de la population active âgée de plus de 15 ans ». Un chiffre à comparer au million de chasseurs répertoriés en France.
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Une règlementation de plus en plus dure
À bord de vedettes, de voiliers, en plongée, à pied ou postés le long des littoraux, ces « pêcheurs du dimanche » capturent chaque année 1,2 million de maquereaux, 1,4 million de bars, des lieus jaunes, des homards… Et certains comprennent mal les interventions publiques à leur encontre, justifiées par la volonté de ne pas accentuer le « pillage » de la fragile ressource en poissons sauvages. « L’État ne cesse de rajouter des couches en matière de réglementation. Les pêcheurs amateurs sont fatigués par l’empilage souvent inutile de ces mesures », réagit Alain Scriban, vice-président de la Fédération nationale de la plaisance et des pêches (FNPP). D’autant que, précise-t-il, la pêche récréative représente au maximum « 1,5 % de l’ensemble des captures en mer essentiellement effectuées par les professionnels ».
Le permis n’est pas nécessaire à cette activité – sauf pour la pêche du thon rouge, qui nécessite une autorisation des Affaires maritimes –, mais les contraintes existent. Cette année, les amateurs ont interdiction de chasser le bar du 1er février au 31 mars, période de sa reproduction. Les autres mois, ils pourront en pêcher deux chacun (voire un) par jour, à condition que chaque poisson soit d’une taille minimum de 42 centimètres (contre 36 précédemment). Pour le lieu jaune, la pêche est ouverte du 1er mai au 31 décembre. Et le homard, si prisé des amateurs, devra mesurer au minimum 9 centimètres. La vente de ces produits – qu’il est interdit de pêcher la nuit – est par ailleurs interdite, et les poissons rapportés au port doivent avoir la nageoire caudale (queue) coupée, pour limiter le braconnage justement.
Des sanctions à l’échelle européenne
Et gare aux contrevenants : une étude européenne réalisée auprès des amateurs de pêche sur les côtes de la Manche révèle que « 60 % d’entre eux ont été contrôlés au moins une fois par les autorités maritimes, 36 % en mer et 24 % à terre ». Il n’est pas rare de voir, en effet, le personnel des Affaires maritimes posté sur les pontons ou les parkings des ports afin de vérifier la conformité du fruit des pêches d’amateurs. Et de distribuer les amendes si ce n’est pas le cas.
Le permis n’est pas nécessaire, mais il y a des contraintes
Au niveau européen justement, le Conseil international pour l’exploration de la mer – composé de 1 600 scientifiques – souhaite durcir encore un peu plus la réglementation d’une pêche récréative « restée dans l’ombre », l’accusant d’avoir « un impact significatif sur les économies, les stocks de poissons ». Mais le conseil entend toutefois instaurer « un climat de confiance avec les pêcheurs récréatifs ». Alain Scriban n’est pas contre, et encourage même la création d’une « charte de comportement du pêcheur récréatif » listant ses droits et devoirs. « Une discussion est en cours avec les pouvoirs publics afin d’envisager sa mise en œuvre », précise-t-il. S’entendront-ils dans le détail ? Affaire à suivre.
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